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Vies sous occupation : « Le blocus de Gaza, ou la condamnation à une mort lente »
jeudi 14 février 2013 - PCHR Gaza
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Ramadan Daoud Hussein Abdel Bari devant sa machine à glaces

« J’importais les tissus de l’étranger. Mon usine confectionnait des vêtements que nous exportions à Israël. Toutefois, le déclenchement de la Seconde Intifada n’a pas arrangé les choses et il nous a été difficile de poursuivre nos activités. L’armée israélienne a installé des checkpoints partout dans la Bande de Gaza, séparant le nord du sud, notamment le checkpoint d’Abu Holi où les gens étaient seulement autorisés à le traverser, empêchant ainsi la marchandise à atteindre l’usine. Vers la même époque, on a commencé à imposer des restrictions sur l’importation des tissus, ce qui a rendu difficile et compliqué le travail de la fabrique. »

Les restrictions imposées aux déplacements et à la libre circulation ont marqué le début de la spirale descendante de l’usine de Ramadan qui employait 30 ouvriers d’usine : « J’ai dû vendre les machines de l’usine pour pouvoir payer les salaires du personnel. En 2005, nous avons effectué notre dernière vague d’exportations d’un montant de 80.000 shekels. Cependant, le client israélien n’a jamais honoré ses factures. C’est pourquoi, j’ai eu peur de continuer les affaires car je n’avais pas les moyens de perdre davantage d’argent, » explique Ramadan.

Et pour joindre les deux bouts, Ramadan a tenté plusieurs solutions pour générer des revenus. Il raconte : « De 2005 à 2008, j’avais gardé quelques machines au rez-de-chaussée de la maison afin de les utiliser pour produire des vêtements pour le marché local. Actuellement, les vêtements sont importés de Chine et ils sont de loin moins chers que ce que je puisse produire. Cette situation m’a poussé à vendre mes vêtements faits maison à bon marché. J’ai ensuite acheté une machine à glaces qui me permet de vendre des glaces en été, à vrai dire de mars à octobre. Cette activité reste insuffisante et ne satisfait point les besoins de toute une famille. »

A présent, la famille vit avec un revenu sporadique. Ramadan décrit les changements profonds ayant radicalement ébranlé sa vie et celle de sa famille : « Nous avions un revenu régulier avant l’apparition de tous les problèmes qui ont conduit à la fermeture de notre usine. A cause des pertes, j’ai été contraint de tout vendre. Nous vivons au jour le jour, une situation qui nous affecte car le fardeau financier est lourd à supporter et les soucis psychologiques durs à surmonter. Le blocus est une mort lente. »

La famille de Ramadan compte également sa mère qui est âgée et infirme. Il déplore : « Ma mère est paralysée et souffre d’arthrose. Son cas nécessite une intervention chirurgicale mais les frais sont trop élevés. Sans sécurité sociale, nous ne pouvons que lui donner des antalgiques. »

S’agissant des enfants, Ramadan et son épouse Na’ila donnent la priorité à l’éducation : « Tous nos enfants, les 5 filles et les 3 garçons sont encore scolarisés. Nous voulons qu’ils étudient mais ce n’est pas évident. Nous ne pouvions pas inscrire les petits dans les jardins d’enfants faute de pouvoir payer les mensualités. C’est pourquoi, ils ont directement commencé au primaire, » souligne Ramadan.

Et de poursuivre : « Notre fille Madleen se spécialise en Education à l’université, et rêve de devenir enseignante. Si j’ai de l’argent, elle s’inscrit pour un semestre et suit ses cours. S’il n’y a pas d’argent, elle quitte l’université et retarde ses études jusqu’à ce que la situation financière s’améliore. Actuellement, elle est suspendue des cours parce que je ne dispose pas de moyens pour lui payer ses études. »

Madleen est entrée à l’université à l’âge de 18 ans. Aujourd’hui, elle a 21 ans et elle n’a étudié que l’équivalent d’une année universitaire.

La famille passe la majeure partie de la journée dans le noir. Ramadan explique : « Je n’ai pas d’argent pour payer l’électricité. »

L’absence de l’électricité affecte non seulement leur propre bien-être intérieur, mais aussi toute perspective de vie meilleure dans l’avenir « Si je dois recommencer mon activité et confectionner les vêtements, je dois d’abord commencer par payer l’électricité. Hélas, je ne peux pas. »

L’épouse de Ramadan, Na’ila Mo’ain, s’inquiète pour la santé de ses enfants : « Comme tous les enfants, les miens tombent malades. Les soins et le traitement nécessitent beaucoup d’argent, ce que nous ne pouvons nous permettre. Je ne peux plus attendre qu’ils grandissent pour que mes inquiétudes diminuent. »

L’histoire de la famille Abdel Bari est quelque part l’histoire de chaque famille à Gaza. L’occupation israélienne et le blocus ont plongé plusieurs familles dans la pauvreté, dans l’incertitude et dans la forte dépendance de l’aide humanitaire. L’Article Premier de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, » alors que l’Article 22 souligne que « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à s a dignité et au libre développement de sa personnalité. »

L’actuel blocus israélien sur la Bande de Gaza constitue une forme de punition collective d’une population civile vivant sous occupation, violant ainsi les dispositions de l’Article 33 de la Quatrième Convention de Genève. En tant que Puissance Occupante, Israël a le devoir légal de respecter le Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels, notamment l’Article 6 qui reconnaît « le droit au travail comme droit fondamental, » tout comme l’Article 11 qui stipule « le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence. »

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30 janvier 2013 – PCHR Gaza – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha