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Vies sous occupation : plus aucune lueur d’espoir

mardi 9 octobre 2012 - 07h:02

PCHR Gaza

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Deir el Balah se situe au centre de la Bande de Gaza, à une distance de 300 mètres de la frontière avec Israël et au-delà des 300 mètres de la zone tampon, imposée unilatéralement par Israël.

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Youssef Abu Mghasib

Là-bas, Youssef abu Mghasib, 38 ans, possède 10 dounams de terres agricoles. Il y cultive les olives et une variété de légumes pour subvenir aux besoins de sa famille composée de son épouse, de leurs neuf enfants, en plus de sa mère et sa s ?ur. Cette famille nombreuse habite à 500 mètres des terres qui ont été rasées par les forces de l’occupation israélienne le 12 juin dernier.

Youssef livre son témoignage au PCHR Gaza et se souvient : « Ce jour-là, j’étais en train d’arroser les plantes de la ferme lorsque tout d’un coup, le vacarme des bulldozers et des chars s’est fait entendre. J’ai même entendu des tirs intensifs et nourris. J’ai eu très peur et craignant d’être pris pour cible, je me suis précipité vers la maison. Arrivés sur mes terres, les bulldozers ont d’abord arraché et détruit mes oliviers, puis se sont abattus sur les légumes et les ont broyés. Mon système d’irrigation n’y a pas échappé et a été complètement détruit. Rien ne pouvait être sauvé. Les chars des forces de l’occupation sont revenus à la charge 4 jours après pour niveler la terre jusqu’à ce que toit soit rendu plat. »

Cette destruction a, par voie de conséquence, plongé les Abu Mghasib dans la tourmente financière et le bouleversement émotionnel : « En les voyant raser mes terre, c’est tout mon être qui fut détruit. J’ai tout donné pour cette terre depuis 2001, suite à la mort de mon père qui me l’a laissé. Elle a complètement été massacrée au cours de la Seconde Intifada, mais j’y ai travaillé très dur pour planter de nouveaux oliviers et pour installer un système d’irrigation. Toute la famille en a été terriblement secouée ; ma mère a eu une dépression nerveuse à la vue des bulldozers accomplissant leur sale besogne. Elle criait et pleurait et il fallait l’évacuer en urgence à l’hôpital. Mon épouse était hystérique. »

Les pertes de Youssef, entre terre et équipements, sont estimées à 20.000 $ US : « Ils ont détruit ma terre alors qu’elle ne fait même pas partie des 300 mètres considérés comme zone tampon. Mes tuyaux d’irrigation ne servent plus à rien. Cette terre nourrissait ma famille et me permettait de vendre le surplus au marché. Actuellement, je me retrouve sans source de revenu et sans travail. Lorsque l’occasion se présente, je travaille dans les fermes des autres pour gagner quelques shekels. Mon monde s’est écroulé depuis le 12 juin. J’avais, avant cette date, demandé un prêt pour reconstruire la ferme, et voilà que j’ai tout perdu et que je n’ai pas les moyens pour payer ce prêt. La dernière fois, mes voisins nous ont donné une balle de blé car nous n’avions rien pour manger. Ce n’est point une solution, on ne va pas nous nourrir à vie. C’est vraiment très affligeant et humiliant de ne pas pouvoir acheter des cartables pour ses enfants. »

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La famille Abu Mghasib

À présent, Youssef reconnaît être résigné à une vie de misère et de pauvreté abjecte et n’y voit aucun espoir pour lui et pour sa famille : « Mes enfants sont désormais conscients de notre situation et des problèmes auxquels nous faisons face. Ils m’ont dit qu’ils veulent juste mener une vie normale. C’est mon souhait aussi, mais j’avoue que j’ai perdu espoir. Mon quotidien est fait de lutte pour nourrir et habiller ma famille. Je suis sous pression et je ressens une colère et une tristesse qui me rongent l’âme. Je passe mon temps à penser à une solution pour subvenir aux besoins de ma famille. Mes enfants ne méritent-ils pas des friandises comme les autres enfants ? Les pauvres n’en demandent plus parce qu’ils savent que nous n’avons plus rien. Nous n’avons aucun endroit où aller et je sais pertinemment que si jamais je décide de retravailler ma terre, Israël reviendra pour tout réduire à néant. Chaque jour est pire que le précédent. Que reste-t-il encore à espérer ? »

Pourtant, le fait de diriger des attaques contre des biens à caractère civil sont considérés comme des crimes de guerre, à en croire l’Article 8(2) (b) (ii) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale. De plus, l’Article 53 de la Quatrième Convention de Genève interdit « La destruction des biens appartenant à des personnes privées, à l’État ou à des collectivités publiques, sauf dans le cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires. »

Les attaques consécutives contre des biens privés dans la zone tampon constituent une violation de nombreuses dispositions relatives aux droits de l’homme, y compris le droit à un niveau de vie suffisant tel que codifié dans l’Article 11(1) du Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels.

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19 septembre 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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