16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Israël s’attaque aux tunnels qui relient la bande de Gaza à l’Egypte

mardi 30 décembre 2008 - 06h:45

Sal Emergui - El Mundo

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Les bombardements massifs ont fait plus de 280 morts.
Jérusalem déplace ses troupes à la frontière de la bande de Gaza et mobilise 6500 réservistes en affirmant que l’opération se poursuivra et ne sera pas de courte durée.
Abbas [emboîtant le pas aux israéliens] rend le Hamas responsable des attaques contre la bande de Gaza
Condamnations purement verbales de la communauté internationale et des pays arabes.

JPEG - 24.5 ko
Un garçonnet blessé lors d’une attaque israélienne - Photo : Reuters

L’aviation israélienne a bombardé les tunnels qui relient le sud de la bande de Gaza avec l’Égypte, la « Route Philadelphie » dans la région de Rafah, où des centaines de souterrains servent à introduire des armes et des fournitures sur le territoire Palestinien, a indiqué l’agence EFE.

Toutefois, à la tombée de la nuit, une autre attaque de F-16 israéliens contre des installations du Hamas dans le nord et le centre de la bande de Gaza a fait à au moins quatre morts et 12 blessés de plus, selon des sources médicales palestiniennes. Le deuxième jour de combats, Israël a poursuivi ses frappes aériennes sur la bande de Gaza, qui auraient causé au moins 286 morts et plus de 900 blessés au total. Pendant ce temps, la menace d’une opération terrestre contre le Hamas augmente. Pour l’instant, Israël a mobilisé des milliers de réservistes.

D’autre part, une dizaine de camions d’aide humanitaire du Croissant-Rouge égyptien ont franchi les frontières de Rafah et de Kerem Shalom pour aider les Palestiniens de Gaza, selon agence officielle de presse égyptienne MENA.

L’aviation israélienne continue d’attaquer plusieurs objectifs politiques et militaires du groupe islamiste Hamas dans la bande de Gaza, tandis que des milliers de Palestiniens dans la capitale, Gaza, commençaient les funérailles des nombreux morts du bombardement massif israélien.

Ils enterrent les morts de samedi, sortent des ruines ceux d’aujourd’hui et se préparent pour les funérailles de demain. Après le choc et la surprise des premières heures, il règne maintenant dans la bande de Gaza une atmosphère de douleur et de rage transformée rapidement en une soif de vengeance. 286 morts est le dernier bilan qui va certainement s’alourdir.

 »Nous avons supporté tout ce temps sous blocus, sans nourriture et avec les restrictions sur l’essence et la lumière. Et maintenant, nous avons des bombes et ce massacre. Allah a oublié la bande de Gaza. Que Dieu élimine Israël. Ils traitent le Hamas de terroriste, mais ce qu’ils ont fait n’est-ce pas du terrorisme ? Si nous souffrons, eux doivent souffrir encore plus »nous dit par téléphone un Palestinien de Beit Janun, objectif ce matin d’une attaque de missiles contre un commando du Hamas.

Avec la quasi-totalité de ses quartiers généraux, bureaux et quartiers militaires écrasés hier en seulement trois minutes d’intense bombardement aérien, le Hamas a lancé ce matin pour la première fois des missiles dans la ville portuaire d’Ashdod, à 25 km de la bande de Gaza.

« Nous continuerons d’attaquer et de répondre à la lâche tuerie de Gaza. Toutes les villes ennemies sont désormais la cible légitime de la résistance », affirmaient les porte-parole du Jihad, qui exigent l’intervention immédiate des pays arabes et des Nations Unies. Des États-Unis, ils n’attendent rien.

En Israël, il existe trois pôles d’attention : Tel-Aviv, d’où on dirige l’opération militaire, Jérusalem, siège du conseil des ministres et le sud du pays, où des dizaines de villes et de groupements agricoles sont visés par les roquettes palestiniennes.

« La grande majorité des morts Palestiniens sont des soldats ou des miliciens de ce mouvement terroriste, qui est isolé dans presque tout le Moyen-Orient. Sauf l’Iran qui est celui qui les paie, les arme, les entraîne et les incite à nous attaquer et à ne pas accepter une trêve. Après huit ans que nous endurons leurs attaques, le débat est clos », dit Amos Guile, haut fonctionnaire du ministère de la Défense de Tel-Aviv.

Tout en intensifiant ses frappes aériennes (si tant est qu’elles puissent être poussées plus loin), l’armée israélienne a concentré de nombreux chars et des troupes à la frontière avec la bande de Gaza. La frénétique activité militaire qui est plus que présente dans cette zone où les voitures et les jeeps militaires se déplacent très peu.

La menace d’une opération terrestre est évidente et plus réaliste que jamais. De fait, en ce moment, les deux plus importantes unités de combat en Israël attendent l’ordre d’entrer à Gaza. La mobilisation de 6500 réservistes à destination de cette région est officielle. Malgré ses menaces, le gouvernement israélien ne veut pas d’une incursion à grande échelle qui pourrait causer des victimes dans ses rangs.

« Nous ne voulons pas revenir à Gaza. Et nous avons aussi l’impression que nous freinerons complètement leurs attaques que si nous leur portons un coup dur pour qu’ils n’aient pas de volonté de recommencer. Le but n’est pas les roquettes mais la motivation à l’origine de leur lancement », expliquait à El Mundo un ministre avant d’entrer dans la réunion hebdomadaire du gouvernement.

En effet, le ministre arabo- israélien, Raleb Majadla, a opposé son veto au Conseil des ministres hebdomadaire de ce matin à Jérusalem pour protester contre l’effusion de sang dans la bande de Gaza. Et il a appelé les parties « à cesser la violence et à revenir à la trêve » qui a pris fin le 19 décembre. Le vice-Premier ministre israélien, Eli Ishai, a demandé sa démission parce que « quand les villes israéliennes étaient attaquées par des roquettes tous les jours, Majadla n’a jamais été absent du conseil ».

Avant de commencer la réunion, le premier ministre, Ehud Olmert, a déclaré que « l’opération peut être plus longue qu’on le pense. Je demande de la patience, de la sagesse et de la fermeté. Et notre aide aux citoyens du sud d’Israël soumis aux attaques ne prendra pas fin aujourd’hui ».

Les bombardements massifs d’hier (84 avions et hélicoptères qui ont attaqué 200 cibles) semblent avoir uni le peuple palestinien divisé. Aujourd’hui, la Cisjordanie s’apprête à vivre de nombreux affrontements et manifestations contre l’offensive israélienne. Le Fatah et le Hamas, la Cisjordanie et la bande de Gaza montrent les premiers signes d’unité après des mois de luttes intestines.

Tous les dirigeants d’Al Fatah, rival acharné du Hamas, qui gouverne depuis Ramallah, ont condamné « la barbarie, la tuerie et les massacres israéliens ». Le président palestinien, Abu Mazen est allé en urgence au Caire et après avoir condamné Israël, il a déclaré que le Hamas aurait pu éviter cela. « Nous leur avons dit, s’il vous plaît prolongez la trêve, cessez les tirs de roquettes. Il pouvait empêcher ce qui s’est passé », a t-il dit.

Le Hamas, de son côté, a accusé l’Egypte d’aujourd’hui de « collaborer et connaître à l’avance l’offensive ennemie ». L’Egypte nie et affirme que le Hamas empêche le transfert de blessés de la bande de Gaza vers son pays.

Mais, alors que les menaces et les déclarations continuent, les Palestiniens dans la zone la plus densément peuplée du monde continuent de souffrir. « C’est comme Bagdad. Je n’ai jamais rien vu de tel », explique dans la presse locale Jabal, un témoin palestinien. Ses enfants étaient au collège près du quartier général du Hamas, réduit en miettes par plusieurs missiles israéliens. Ils sont saufs, mais avec le souvenir et le traumatisme du samedi 27 décembre, la journée la plus sombre et la plus sanglante dans la bande de Gaza depuis quatre décennies.

Du même auteur :

- Mur au menu - 7 octobre 2008
- Israël achète 25 avions F-35 aux USA ; un pas de plus vers une attaque contre l’Iran ? - 3 octobre 2008
- Un feuilleton palestinien - 7 septembre 2008
- Israël libère 198 prisonniers palestiniens, reçus comme des héros en Cisjordanie - 30 août 2008
- Quatre athlètes palestiniens se préparent comme ils le peuvent pour les Jeux de Pékin - 22 juillet 2008
- L’eau de Gaza n’ira pas à l’Expo de Saragosse - 16 juillet 2008
- « Il n’y aura jamais la paix car Israël ne veut pas la paix mais nos terres » - 23 juin 2008

28 décembre 2008 - El Mundo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2008/...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.