Bethléem - Si votre ennemi vous gêne, collez-vous à lui. C’est ce que doit penser le palestinien Chalry Butto.

Samer lisant le menu sur le Mur - Photo : Sal Emergui

Son restaurant, Bahamas, à l’entrée de la ville cisjordanienne de Bethléem, souffre du bloc de ciment de huit mètres de haut qui se dresse devant ses portes.

Il s’agit d’une partie du mur en Cisjordanie (presque 90% sont des clôtures et des fils de fer barbelés et les 10% restants sont en béton) que les Israéliens affirment qu’il sauve des vies en empêchant les attentats et que les Palestiniens dénoncent comme une façon illégale de les isoler, de les bloquer et de leur enlever la terre.

Le mur a forcé Butto à laisser tomber et à fermer boutique mais il y a peu plus d’un mois il a rouvert. Butt entrait tous les jours dans son restaurant pour observer du coin de l’oeil le mur. Jusqu’à ce qu’il se rende compte il y a quelques jours que son cauchemar pourrait devenir un levier créatif pour accroître ses affaires.

Il a donc attrapé une échelle et a écrit le menu en grandes lettres sur le mur. Calamars, moules, toutes sortes de poissons et le dessert de rigueur qui est ici un café amer et des douceurs. « De nombreux touristes viennent juste pour voir le menu. C’est incroyable, ils font une photo du menu et entrent dans le restaurant ».

« C’est aussi une forme de protestation contre le mur », commente Butto sur cette nouvelle forme de marketing. Plus que jamais, le propriétaire du restaurant compte sur son menu pour attirer des clients.

Tout ce qui entoure ce restaurant est surréaliste. Nous avons rencontré des touristes philippins étourdis entre le restaurant et le mur, transformé en un panneau publicitaire gratuit et immense. Le nom de l’établissement, Bahamas, peut-être un choix plutôt destiné à s’évader qu’à manger dans ce lieu, nous donne précisément une idée de loisirs et de vacances.

Photo : Sal Emergui

Un Palestinien nous interpelle pour nous dire qu’il a vécu 12 ans dans la ville espagnole de Linares. « Ce menu sur le mur me parait être une grande idée. Puisque nous ne pouvons pas le détruire, au moins nous pouvons en rire », explique Samer.

Il est commerçant et dépend donc plus que quiconque de l’arrivée des touristes. « Nous espérons maintenant voir plus de pèlerins et de touristes ici », dit Samer tout en regardant le menu. S’il reste écrit, ce sera la nouvelle attraction pour Noël prochain. C’est ce qu’espère le propriétaire du restaurant.

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2 octobre 2008 - El Mundo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2008/...
Traduction de l’espagnol : Charlotte