16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Non, Obama n’est pas un saint

mercredi 4 juin 2008 - 06h:22

George S. Hishmeh - amin.org

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


La politique extérieure des Etats-Unis est « à peine plus qu’une annexe de la politique extérieure israélienne », et Obama risque de ne rien changer à cela, explique George S. Hishmeh.

JPEG - 25.9 ko
Barack Obama en campagne à Onawa, dans l’Iowa, le 31 mars 2007 - Photo : Flickr

Tout le monde souhaite savoir ce que sera l’an prochain, sous la conduite d’un nouveau dirigeant, la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient.

Si l’on s’en tient à la rhétorique utilisée durant cette étonnante campagne d’élections primaires — vue comme la plus coûteuse de l’histoire des Etats-Unis et d’un genre que l’on n’avait pas vu depuis des dizaines d’années, particulièrement avec les deux candidats démocrates encore en lice, Hillary Rodham Clinton et Barack Obama --- il faut reconnaître même avec désappointement que ce ne sera guère différent des désastreuses politiques de l’administration Bush.

Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne le conflit palestino-israélien, à présent dans sa 61e année.

On ne s’attend pas à ce que le présumé candidat républicain, le sénateur Jim McCain, dévie de la ligne de son administration, bien qu’il ait semblé plus raisonnable lorsque pour un très court moment, il avait montré du respect pour les résultats de l’élection palestinienne supervisée au niveau international en 2006 et qui avait placé le Hamas aux commandes.

De même que la position de Clinton ; après tout, on ne s’attend pas de la part d’un sénateur de New York qui a une importante communauté juive, à ce qu’il dévie beaucoup de la ligne pro-israélienne dont les Américains ont été abreuvés. Pour mémoire, l’actuelle politique extérieure des Etats-Unis a été décrite comme « à peine plus qu’une annexe de la politique extérieure israélienne ».

En ce qui concerne Obama, il représentait dans les premiers mois de sa campagne une inconnue sur la question clé du Moyen-Orient, ce qui a généré de l’appréhension parmi certains membres de la communauté juive américaine tout en donnant un certain espoir à quelques arabo-américains. Ce qui est intéressant, c’est que l’afro-américain [Barak Obama] a su gagner l’admiration de beaucoup d’anciens importants dirigeants américains, dont Zbigniew Brzezinski, un ancien conseiller national auprès du Président Jimmy Carter, et Robert Malley, directeur du programme pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord dans le « Crisis Group international » et ancien conseiller spécial du Président Clinton pour les affaires israéo-arabes. Tous les deux sont aujourd’hui des conseillers de premier plan du sénateur.

Alors qu’il a gagné la première place et semble pratiquement certain de sa nomination en tant que candidat du parti Democrate à l’élection présidentielle, Obama est maintenant impitoyablement traqué par les pro-israéliens, et particulièrement par l’AIPAC [American-Israel Public Affairs Committee].

Leur colère a explosé après qu’Obama ait indiqué qu’il était disposé à discuter avec l’Iran, actuellement l’ennemi numéro un d’Israël en raison des ambitions nucléaires supposées de Téhéran. (Mais le fait, comme indiqué par Carter, qu’Israël possède 150 armes nucléaires ne devrait donner aucun souci à aucune nation du Moyen-Orient et ne provoque pas même un foncement de sourcil dans les halls de la Maison Blanche ? !)

Pour se protéger de l’offensive du lobby pro-israélien, Obama a récemment changé d’atttitude et a commencé à courtiser les voix juives, insistant sur le fait que les Etats-Unis devaient faire preuve d’un soutien « inébranlable » à l’égard d’Israël. Son pas principal dans cette direction a été son discours vendredi dernier lors du rassemblement de la « B’nai Torah Congregation » à Boca Raton en Floride, qui a été décrit par un commentateur comme « un exercice impressionnant de basse flatterie politique » imaginé pour calmer les opinions anti-Obama dans la communauté juive dues aux craintes concernant son soutien à Israël.

Il n’y a réellement pas grande différence entre ce que Bush a déclaré à la Knesset à l’occasion du soixantième anniversaire d’Israël et les commentaires faits par Obama devant le pupblic juif en Floride. Tous les deux ont abordé superficiellement la question des Palestiniens. Bien que le sénateur ait articulé sa campagne électorale autour du thème séduisant du « changement », affirmant que son administration désavouerait les politiques de
l’administration Bush et engagerait des pourparlers avec ceux qui lui sont opposés, il a insisté surt le fait que « nous ne devrions pas être entrer en pourparlers avec le Hamas ou le Hizbollah » à moins que « ces organisations ne renoncent à la terreur, reconnaissent le droit à l’existence d’Israël, et respectent les accords passés ». À ce sujet, il a poursuivi : « J’ai une divergence fondamentale avec le Président Carter et avec sa décision de rencontrer le Hamas. »

Puis il s’est montré dithyrambique : La « justice est au coeur de l’existence d’Israël. Le voyage a été long, et au début du voyage il y a eu beaucoup de coups reçus. Mais l’Amérique doit se tenir épaule contre épaule avec son allié Israël. Je crois que tous les Américains en sont persuadés. »

Il a encore poursuivi : « Israël a fait plus que juste survivre. Il a prospéré en tant que démocratie forte et vibrante. Il a donné la terre promise aux juifs du monde entier. Il a construit une économie prospère pleine d’opportunités pour les citoyens d’Israël tout en enrichissant le monde. Et il a développé une vie culturelle riche et a énormément contribué à la science et aux arts. » [Difficile de faire plus dans la flagornerie - N.d.T]
Pour l’observateur chevronné, le sénateur s’est aligné sur les politiques agressives d’Israël dans la région, allant du nettoyage ethnique au blocus de la bande de Gaza que Carter a décrit comme « un des plus grands crimes contre les Droits Humains aujourd’hui sur terre ».

Il n’est pas étonnant que le Professeur Rashid Khalidi — aujourd’hui l’équivalent du professeur Edward Saïd en Etudes Arabes à l’Université de Columbia, et directeur de l’Institut du Moyen Orient de l’Ecole des Affaires Internationales et Publiques de Colombia — qui avait reçu plusieurs fois à dîner le couple Obama alors qu’il enseignait quelques années auparavant à l’Université de Chicago, ait fait ce triste commentaire à propos de l’ambitieux sénateur : « Les gens pensent que c’est un saint. Ce n’est pas le cas. C’est un politicien. »

* George S. Hishmeh est un commentateur et analyste arabo-américain vivant à Washington.

Sur le même thème :

- Les flatteries d’Obama vis-à-vis d’Israël
- Comment Barack Obama a appris à aimer Israël
- Les deux visages de Barack Obama
- Obama : "Les réfugiés Palestiniens ne peuvent rentrer"
- Barak Obama enchaîné à Israël

29 mai 2008 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.amin.org/look/amin/en.tp...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.