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Désorientés, désespérés et au bord de la banqueroute

jeudi 19 avril 2012 - 06h:53

Khaled Amayreh

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L’Autorité palestinienne (AP) était censée être la pierre de gué vers un état palestinien, mais près de 20 ans plus tard il n’y a toujours rien en vue, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.

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Abbas et son entourage bénéficient depuis des années de "l’industrie du processus de paix", en collaborant avec Israël et en bradant à chaque occasion les droits des Palestiniens. Mais le modèle basé sur l’escroquerie qu’ont été les accords d’Oslo est aujourd’hui en bout de course.

Tandis que gouvernement de Benjamin Netanyahou fait tout pour s’assurer que toute future entité palestinienne soit non viable, gravement mutilée avec un territoire
morcelé, l’Autorité Palestinienne tente d’explorer des moyens de venir à bout de l’intransigeance israélienne.

Mais pour ce faire, l’AP semble ne recourir qu’à des mesures éculées et bien connues qui, toutes, ont prouvé leur parfaite inefficacité.

Voilà des semaines que le Président de l’AP, Mahmoud Abbas, a fait le serment (certains agents de l’AP disent « menacé ») d’envoyer « une lettre finale » avertissant le Premier ministre israélien que les Palestiniens sont totalement lassés des tactiques immobilistes d’Israël et qu’ils pourraient bien abandonner une fois pour toutes la solution des deux états.

Pourquoi Abbas n’a toujours pas expédié sa lettre, ce n’est pas clair, mais les médias palestiniens s’y réfèrent comme si c’était une arme secrète que l’AP dégainerait pour faire plier l’état hébreu.

Des sources bien informées à Ramallah laissent entendre que la lettre est toujours dans le tiroir de l’AP par respect pour le Quartette international, en particulier les Etats-Unis. L’AP espère toujours, mais plutôt ... désespérément, que l’administration Obama fera pression sur Israël pour geler l’expansion des colonies en Cisjordanie, même temporairement, ce qui permettrait à l’AP de reprendre les négociations de paix sans perdre la face.

Cependant le pronostic politique tant à Washington qu’en Israël n’est pas très encourageant en ce qui concerne l’AP. L’administration US est dans une année électorale, et sa capacité ou sa disposition à exercer une pression significative sur le gouvernement Netanyahou est limitée voire inexistante, car celle-ci serait manipulée par les Républicains pour marquer des points politiques contre le Président Obama.

Au contraire, l’administration Obama a incité l’AP à attendre jusqu’en novembre, après les élections étatsuniennes, pour passer à l’action.

Mais la situation politique à laquelle est confrontée l’AP est plus désespérée de jour en jour, et les Palestiniens, y compris les loyalistes de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), sont en plein désenchantement et ils ont l’impression que le processus de paix est illusoire et sans issue.

Pendant ce temps Israël poursuit l’expansion tous azimuts de la colonisation, dont chacun, y compris les Américains, ne sait que trop bien qu’elle fera échouer ce qui peut subsister comme perspectives pour la création d’un Etat palestinien réellement viable.

En début de semaine, les médias israéliens révélaient que Yossi Beilin, ancien chef de la faction de centre gauche Meretz, avait « conseillé » à Abbas de commencer dès à présent à dissoudre l’appareil de l’AP, afin de sauver le rêve palestinien d’établir un état digne de ce nom.

Dans ses conseils, Beilin arguait que seule la menace de démanteler réellement l’AP et de « renvoyer l’occupation à la gueule d’Israël » pourrait convaincre Netanyahou de considérer avec sérieux la solution des deux états.

Beilin ajoutait que le démantèlement de l’AP imposerait une lourde charge financière à Israël, ce qui pourrait créer une grande controverse au sein de l’Etat hébreu.

La logique dans la lettre de Beilin est que seule la perspective d’Israël devenant un état bi-national est pire que la perpétuation de l’occupation et que les dirigeants de droite en Israël sacrifieraient le « mauvais » pour éviter le « pire ».

Abbas, qui a poliment accusé réception du conseil au cours d’une rencontre avec Beilin à Ramallah le 8 avril dernier, aurait répondu à l’ancien ministre israélien qu’il croyait que les Israéliens et les Palestiniens pouvaient arriver à mettre fin à l’interminable conflit. Abbas a néanmoins réitéré ses avertissement précédents, à savoir que le statu quo pourrait bien se poursuivre.

Abbas aurait dit aussi qu’il avait l’intention de présenter encore une nouvelle initiative, dans un futur proche, pour la relance des négociations de paix bloquées.

Toutefois, la plupart des experts palestiniens semblent persuadés que toute nouvelle initiative palestinienne comportant le minimum des aspirations et des droits palestiniens serait rejetée catégoriquement. Et pour être clair, une nouvelle initiative palestinienne est assurée d’accroître la frustration palestinienne car les Palestiniens sont lassés de voir tant d’initiatives avortées à cause de l’intransigeance israélienne et de la complicité des Etats-Unis avec Tel Aviv.

Résultat d’un long combat

Wasel Abou Yousouf, un membre du Comité exécutif de l’OLP, a été cité par Ma’an décrivant l’AP comme une grande réussite nationale qui selon lui est le fruit de plusieurs décennies d’une âpre lutte.

« Il n’y a pas un seul cadre palestinien qui défende le démantèlement de l’AP, laquelle est le résultat cumulé des luttes de notre peuple ».

La haute considération accordée à l’AP contredit les déclarations d’autres cadres de l’AP Ainsi par exemple, le négociateur palestinien en chef Saeb Erekat, a été cité à plusieurs reprises disant que le seul et unique objectif derrière l’existence de l’AP était d’établir un Etat palestinien.

« Si l’AP ne réussit pas à établir l’état, alors elle perd sa ’raison d’être’ » a-t-il dit.

Entre-temps, le Ministre des Affaires étrangères Riad Maleki soumettait des lettres à l’ONU, avant une réunion du Quartette à Washington mercredi dernier. « La lettre appelait la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, à condamner l’activité colonisatrice d’Israël - qui est illégale en droit international - et d’autres politiques illégales dans les territoires palestiniens occupés » écrivait Maleki.

Le message en appelait aussi à « des mesures urgentes pour faire pression sur la puissance occupante (Israël) afin de la contraindre à cesser immédiatement ces actions et ces politiques ».

Entre-temps, des sources palestiniennes et israéliennes ont indiqué que des sortes de pourparlers entre les deux parties étaient prévues pour les prochains jours et semaines.

La reprise des pourparlers sans aucun gel de la colonisation en Cisjordanie de la part d’Israël est considérée comme une importante concession palestinienne.

Les cadres palestiniens disent à toute occasion qu’il ne reprendront pas les pourparlers bloqués à moins que et aussi longtemps qu’Israël ne cesse d’étendre la colonisation. Une décision palestinienne de reprendre les négociations avec Israël dans les circonstances présentes reflèterait bien la situation désespérée de l’AP. Elle renforcerait le gouvernement Netanyahou et excuserait son extrémisme aux yeux des Israéliens.

Un dernier point : la situation politique précaire à laquelle doit faire face l’AP est aggravée par une grave crise financière qui a empêché le gouvernement de Ramallah de payer les salaires de ses fonctionnaires, dont le nombre est estimé à 150.000. Le porte-parole du gouvernement Ghassan Khatib a dit que la crise allait sans doute s’aggraver avant que les choses n’aillent mieux.

Du même auteur :

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18 avril 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2012/109...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert


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