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2011, juste une année de plus pour les Palestiniens ?

dimanche 1er janvier 2012 - 08h:00

Khalid Amayreh

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L’expansion des colonies israéliennes a continué à annuler toute chance de paix, tandis que le printemps arabe de 2011 a soutenu les espoirs des Palestiniens, au moins pendant un certain temps, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.

Comme les années précédentes, 2011 a été plus ou moins une autre année « normale » pour les Palestiniens, alors qu’Israël - gouverné par une coalition faite de partis d’extrême-droite, religieux, racistes et xénophobes - continue à réduire les perspectives pour les Palestiniens, mettant ainsi fin à tout espoir réaliste de l’établissement d’un Etat palestinien viable et territorialement contigu sur la Cisjordanie.

Psychologiquement, la plupart des Palestiniens ont été dans un état d’esprit un peu plus positif en 2011 en raison des développements du printemps arabe, considéré par de nombreux Palestiniens comme un développement prometteur aux implications stratégiques et un atout potentiellement important pour la cause palestinienne.

Toutefois, ce sentiment a diminué, après une certaine compréhension que des années s’écouleront avant que les révolutions arabes puissent porter fruit et que les nouveaux régimes arabes puissent accorder une attention réelle à la question palestinienne.

En plus de son aspect répétitif général, 2011 témoigne de l’expansion continue des colonies juives partout dans les territoires occupés. En effet, pas une semaine n’est passée sans que le gouvernement israélien n’affiche un nouveau plan pour s’emparer de pans supplémentaires de terres palestiniennes pour l’expansion des colonies.

Selon des sources israéliennes, plus de 2500 unités d’habitations pour colons ont été construites dans diverses parties de la Cisjordanie en 2011. Des implantations supplémentaires ont été construites ou élargies à Jérusalem-Est, où le gouvernement israélien actuel a accéléré le « processus de judaïsation », assiégeant littéralement les communautés arabes.

Les plans pour la construction de plus de 5000 unités coloniales ont été approuvés par le gouvernement israélien, dont les experts démographiques révèlent de manière convaincante que cela rendra la solution de deux Etats, la base même du processus de paix, irréaliste et impossible à appliquer.

Israël a toujours refusé de geler l’expansion des colonies dans les territoires occupés palestiniens, alors que les Etats-Unis se sont avérés réticents ou incapables d’exercer une pression significative sur le gouvernement Netanyahu pour le gel de son programme de colonisation.

La proximité des élections présidentielles aux États-Unis a encore enhardi Israël, le gouvernement de Tel Aviv se permettant de rejeter avec encore plus de confiance et d’audace les objections américaines à l’expansion des colonies en Cisjordanie.

Pendant ce temps les candidats à la présidence aux Etats-Unis ont continué de rivaliser entre eux pour séduire et rassurer Israël. Un exemple particulièrement honteux vient du candidat républicain Newt Gingrich candidat qui a déclaré récemment devant un public juif que les Palestiniens étaient un peuple « inventé ».

Face à une population très politisée et vigilante, l’Autorité palestinienne (AP) a conditionné la reprise de pourparlers de paix aujourd’hui au point mort, au gel par Israël de ses activités d’expansion coloniale. Mais en dehors de cela, l’Autorité palestinienne a très peu de moyens - s’il en existe - pour forcer Israël à reconsidérer sa politique.

Une alternative, et qui reflète bien la situation palestinienne - et en particulier le sentiment de frustration et d’indignation face à une communauté internationale qui traite Israël comme s’il était au-dessus des normes internationales et du droit - est la recherche par l’Autorité palestinienne d’une reconnaissance d’un Etat palestinien par les Nations Unies.

Le président Mahmoud Abbas a prononcé un discours mémorable à l’Assemblée générale des Nations Unies le 23 septembre, dans lequel il a exprimé les griefs palestiniens, soulignant les mesures prises par Israël contre la paix dont la construction de colonies et le nettoyage ethnique.

Peu après, l’AP a été capable d’emporter une pleine adhésion à l’UNESCO, un développement qui a exaspéré Israël et le Congrès américain, qui s’emploient tous deux à imposer de lourdes sanctions sur le régime de Ramallah. Israël a décidé de geler le transfert mensuel de 100 millions de dollars en paiements de recettes douanières et fiscales à l’Autorité Palestinienne, alors que le Congrès américain, qui agit sous l’influence d’un fort lobby juif, a adopté une résolution qui devra couper toute aide à l’Autorité palestinienne si cette dernière gagnait la reconnaissance des Nations Unies sans le consentement d’Israël.

L’AP a été capable de gagner la majorité des Etats du monde en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Mais l’effet pratique de ce succès sur le terrain reste douteux, car Israël et les Etats-Unis continuent à faire le maximum de pression pour que des pourparlers de paix sans conditions préalables restent la seule façon de considérer la paix.

De nombreux Palestiniens se moquent de cette logique, arguant que cela ressemble à un juge demandant à un violeur et à sa victime de s’arranger entre eux. En attendant, les colons juifs soutenus par leur gouvernement ont intensifié leur campagne de terreur contre la communauté palestinienne sans protection, en particulier dans les villages et hameaux situés dans le voisinage des colonies juives.

Les colons vandalisent fréquemment les oliveraies arabes, infligeant des pertes s’élevant à des millions de dollars. Les colons ont également incendié des champs de céréales palestiniens et aussi mis le feu à des voitures.

Mais la forme la plus éhontée et expressément criminelle de la terreur des colons a été l’escalade terroriste contre des mosquées, et dans une moindre mesure des églises, en Cisjordanie. Connus comme « prix à payer », les actes criminels des terroristes juifs visent à frapper les Palestiniens à chaque élimination occasionnelle par l’armée israélienne de colonies de peuplement isolées dans les territoires palestiniens.

Les attaques, qui ont jusqu’ici ciblé plus de 20 mosquées et six églises, sont également destinées à provoquer les Palestiniens.

Les observateurs en Palestine occupée affirment que les attaques des colons sur les lieux saints ne pouvaient pas avoir lieu sans un feu vert ou au moins un accord implicite de l’armée israélienne. Jusqu’à présent, l’armée israélienne, qui déploie des forces dans chaque coin et recoin de Cisjordanie, n’a pas réussi à appréhender les responsables des récentes attaques de colons. Et les terroristes juifs semblent avoir un allié dans le système de justice israélien qui traite les Juifs qui attaquent les Palestiniens avec une clémence phénoménal.

Les deux dernières semaines de 2011 ont cependant apporté une bonne nouvelle aux Palestiniens qui attendaient avec impatience la consolidation de la réconciliation nationale entre le Fatah et le Hamas.

Les délégations des deux groupes, dirigées par Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, se sont rencontrées au Caire le 22 décembre et ont convenu de cimenter un accord de réconciliation mis au point plusieurs mois auparavant. Selon l’accord, le Hamas se joindra à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), une étape clé vers l’unification de la direction palestinienne. Les deux partis ont également convenu d’un accord sur une série de questions litigieuses, dont la tenue d’élections, la libération des prisonniers politiques et la formation d’un gouvernement d’unité nationale.

L’OLP est le groupe de coordination du mouvement d’indépendance. Il comprend principalement des groupes laïques. Le Hamas et le Jihad islamique (qui devrait aussi rejoindre l’OLP) ne sont pas ou peu susceptibles de reconnaître Israël. Mais Israël ne reconnaît pas un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967. En effet, le gouvernement de coalition israélien comprend des partis politiques qui ne reconnaissent pas l’existence du peuple palestinien.

Beaucoup de Palestiniens sont optimistes au sujet du dernier accord conclu au Caire. Cependant, beaucoup d’autres affirment que le vrai test réside dans sa mise en ?uvre sur le terrain. « Dieu merci, les choses vont dans la bonne direction, mais le véritable test c’est la mise en oeuvre sur le terrain, comme la libération des prisonniers politiques, en particulier en Cisjordanie », a déclaré Ismaïl Haniyeh, Premier Ministre du gouvernement de la bande de Gaza dirigé par le Hamas.

« Nous nous joignons à l’OLP en conservant notre vision et notre stratégie intactes, mais nous recherchons un terrain commun avec nos frères », a-t-il ajouté.

Du même auteur :

- Israël se ligue contre les Palestiniens - 24 décembre 2011
- Le « processus de paix » a la tête sous l’eau - 25 octobre 2011
- Une victoire de la résistance - 17 octobre 2011
- Après septembre - 12 octobre 2011
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- L’Égypte renouvelle ses efforts de médiation entre Palestiniens - 8 août 2011
- Israël névrosé, Israël psychotique - 12 juillet 2011

29 décembre 2011 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2011/107...
Traduction : Info-Palestine.net Nazem


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