Y a-t-il un lien entre l’attaque d’Al-Qaida contre une école juive à Toulouse, dans le sud de la France, et les assassinats répétitifs de civils palestiniens par Israël dans les territoires occupés ?

Ne sommes-nous pas tous des êtres humains, et humainement égaux ?

C’est une question que les officiels et propagandistes israéliens détestent entendre poser ? En fait, quand ils entendent cette question, les sionistes deviennent convulsifs, furieux et sur la défensive.

Je ne suis en aucune manière en train de laisser penser que l’attaque à l’école de Toulouse se justifie, et je ne suis pas de ceux qui sont convaincus que l’occupation de la Palestine et l’oppression des Palestiniens par Israël, si maléfiques et barbares soient-elles, fassent de tout juif un coupable, et encore moins, une cible légitime de vengeance.

Toutefois, les attaques contre les juifs sionistes, même à l’étranger, ne doivent pas surprendre à la lumière de ce qu’Israël fait aux Palestiniens et aux autres musulmans depuis ces 64 dernières années. Il serait absolument naïf de prétendre que Toulouse est située sur une autre planète.

Certains défenseurs des Palestiniens auraient un droit parfaitement légitime de paraphraser les paroles tristement célèbres de Golda Meir, « Nous pourrions pardonner aux Palestiniens les meurtres de nos enfants, mais nous ne pouvons pas leur pardonner de nous forcer à tuer leurs enfants ».

Donc, si le meurtre de civils juifs est accepté comme une justification, et une explication, de l’assassinat par Israël d’enfants palestiniens, alors pour les mêmes raisons, tuer des enfants palestiniens (et libanais) devrait être une justification « légitime » pour que des civils juifs soient tués par des Arabes et musulmans lésés.

En fait, je n’ai aucunement l’intention de créer une symétrie morale entre les deux situations, car il n’y en a aucune en réalité, étant donné qu’Israël est l’ultime bourreau et fossoyeur du peuple palestinien.

Contrairement aux enfants palestiniens, qui sont assassinés par Israël dans le but de briser la volonté du peuple palestinien à survivre et résister, les civils israéliens qui sont parfois tués par des Palestiniens le sont dans le contexte d’une confrontation à une entreprise coloniale en Palestine dont l’objectif est d’anéantir l’existence nationale palestinienne.

La réduction incessante des horizons palestiniens, par un establishment israélien d’esprit fasciste, soutenu pratiquement totalement et sans réserve par un gouvernement américain inconsidérément servile, obéissant au doigt et à l’ ?il à Israël, provoque et suscite des réactions de défense de la part des victimes.

Le poète anglo-américain WH Auden a dit :

"Les gens et moi-même savons bien,
Ce que tous les écoliers apprennent,
Que ceux à qui le mal est fait,
Font le mal en retour."

En outre, Israël dit aux Palestiniens, « Vous avez trois options : ou l’esclavage comme porteurs d’eau ou coupeurs de bois, ou la déportation dans le désert, ou l’extermination physique ».

Les officiels israéliens qui sont des communicateurs sophistiqués, n’utilisent probablement ces mots-là, mais les dirigeants colons et religieux qui semblent refléter plus fidèlement l’esprit et la mentalité collectifs des juifs sionistes n’hésitent pas, ne serait-ce qu’un instant, à le dire tel quel. C’est de la religion pour eux, pas simplement un discours politique interchangeable.

Le problème ne s’arrête pas à des mots et des déclarations incendiaires, comme ceux de Daniela Weiss qui a déclaré à un groupe de colons, il y a quelques années, que la façon dont il fallait traiter avec les Palestiniens était « celle de Josué ». Autrement dit, des massacres, plus de massacres et toujours plus de massacres.

Comme nous le savons tous, Israël a été tout à fait prodigue dans l’utilisation de l’épée de Josué contre les civils palestiniens. Pas un mois ne se passe sans que plusieurs enfants palestiniens ne soient tués, sciemment et délibérément, par Israël. En effet, pendant qu’Israël tente de retirer le maximum de capital en politique et propagande du tragique incident de Toulouse, plusieurs familles palestiniennes sont en deuil, après le meurtre de leurs enfants par les mains meurtrières d’Israël.

Durant les bombardements aériens de Gaza par Israël il y a quatre ans, plus de 360 enfants palestiniens ont été tués par « l’armée la plus morale du monde ». Et des centaines d’autres ont été mutilés et incinérés par le phosphore blanc.

L’assassin des quatre juifs à Toulouse a payé de sa vie son acte impie, mais des dizaines de milliers d’assassins israéliens, dont des tueurs d’enfants, sont célébrés comme des héros dans toute leur société. Ils ne seront probablement jamais poursuivis pour leurs crimes d’assassins.

De même, les victimes musulmanes innocentes, palestiniennes, libanaises et autres, à travers le monde ne mèneront pas aux larmes les médias internationaux d’une morale hypocrite qui considèrent le sang juif plus pur et plus rouge que le sang musulman, alors que le plus juste moralement est de ne pas faire de différence entre un sang et un autre, notamment entre le sang juif et le sang musulman.

Mais la vérité tragique, c’est que la différenciation et la discrimination sont enracinées dans la mentalité juive-sioniste, notamment dans les cercles talmudistes qui distordent le Commandement, « Tu ne tueras point », pour en faire, « Tu ne tueras point un juif », mais tu peux très bien tuer un goy, même s’il est totalement innocent.

Le meurtre d’une personne innocente, qu’elle soit musulmane ou juive ou chrétienne ou autre, en représailles, est mal et immoral. Mais mal et immoral ne signifient pas « inévitable ». Je crois que les meurtres de Toulouse étaient inévitables et qu’Israël doit porter pour le moins une part de la responsabilité de ce qu’il s’est passé.

Ceci à moins que les Israéliens et leurs dirigeants ne soient les copies conformes de cette mère juive en Russie, dont le fils avait été appelé à servir le Tsar dans une guerre contre la Turquie. L’histoire a été racontée par l’écrivain israélien, Uri Avnery, il y a quelques années.

 « Ne te surmène pas » l’implore-t-elle,...
 ...« Tu tues un Turc et tu te reposes. Tu en tues un autre, et tu te reposes encore... »,
 « Mais, mère » l’interrompt son fils, « et si c’est le Turc qui me tue ? »,
 « Toi ? » s’exclame la mère, « Mais pourquoi ? Que lui as-tu fait ? ».

J’ai perdu mes trois oncles paternels, innocents, tués sous des balles israéliennes, il y a quelques dizaines d’années. Et jusqu’à maintenant, je n’ai jamais reçu un mot d’excuse, ou de mea culpa, de la part d’Israël, et encore moins de réparation et indemnisation pour ces crimes horribles.

Pourquoi Israël se comporte-t-il de cette manière ? Les sionistes pensent-ils vraiment que la vie des juifs est sacrée et que la nôtre ne l’est pas ? Les sionistes pensent-ils que le complexe de Peuple choisi leur permet de rabaisser la valeur et l’importance d’une vie non juive telle qu’il en ressort des paroles et des actes d’Israël ? Ne sommes-nous pas tous des êtres humains, et humainement égaux ?

J’espère et je prie pour que l’assassinat de Toulouse ne se répète pas. Mais je sais trop bien que ce ne sera pas le cas tant qu’Israël continuera d’assassiner des Palestiniens, de les harceler, de leur voler leurs terres, et de réduire leurs horizons.

L’un des messages répété tout au long de la Torah est, « N’opprime pas les étrangers, car vous-mêmes avez été opprimés dans le pays d’Égypte ». Si les sionistes avaient porté une réelle attention à ces paroles intemporelles, le drame de Toulouse n’aurait probablement pas eu lieu.


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Jérusalem occupée, le 23 mars 2012 - Centre palestinien d’informations - traduction : Info-Palestine.net/JPP