Encore des morts et des arrestations, alors que le gouvernement syrien envoie des chars à Deraa et dans la banlieue de Damas pour réprimer les manifestations...

Manifestation à Homs, samedi 23 avril

Des troupes syriennes appuyées par des chars et des blindés ont pris d’assaut la ville méridionale de Deraa, ainsi que Douma, une banlieue de la capitale Damas, faisant de nombreux morts et procédant à des dizaines d’arrestations.

Les forces de sécurité fidèles à Bachar al-Assad, le président du pays, ont également poursuivi une campagne répressive dans la ville côtière de Jableh pour le deuxième jour consécutif.

Un militant a déclaré lundi soir que 18 personnes avaient été tuées rien que dans la ville de Deraa.

Toutefois, le gouvernement insiste sur le fait que l’armée a été mobilisée pour débarrasser la ville des hommes armés.

Rula Amin d’al-Jazeera et rapportant depuis Damas, a déclaré que le déploiement des troupes représentait une offensive « sans précédent » contre la vague de contestation qui a déferlé sur le pays depuis que le soulèvement a débuté le 15 mars.

Elle nous a signalé la présence de points de contrôle renforcés dans le centre de Damas.

Des témoins ont déclaré aux agences nouvelles à Deraa qu’au moins cinq personnes ont été tuées lorsque des assaillants ont ouvert le feu sur une voiture.

Le véhicule a été criblé de balles, a dit un témoin à l’AFP. D’intenses coups de feu pouvaient être entendus à travers la ville, a-t-il ajouté.

« Nous avons besoin d’une intervention internationale. Nous avons besoin que des pays nous aident, » a dit à l’Associated Press par téléphone un témoin depuis Deraa.

« Les minarets des mosquées lancent des appels à l’aide. Les forces de sécurité entrent dans les maisons. Il y a un couvre-feu et ils tirent sur ​​ceux qui quittent leur foyer. Ils ont même tiré sur des réservoirs d’eau sur les toits afin d’en priver les gens. »

Al Jazeera n’est pas en mesure de confirmer les morts signalés.

La Syrie a fermé tous les passages frontaliers à sa frontière sud avec la Jordanie alors que l’armée a lancé son opération dans Deraa, a appris Al Jazeera par un responsable de la sécurité.

« Cadavres gisant dans les rues »

Des milliers de soldats sont entrés dans Deraa dans les premières heures de lundi, des chars prenant position dans le centre-ville et des tireurs d’élite se déployant sur les toits, selon des témoins.

« Les cadavres sont étendus dans les rues et nous ne pouvons pas les récupérer », a déclaré un militant, expliquant qu’ils n’ont aucune idée du nombre total de victimes.

Une vidéo diffusée lundi par une association diffusant les informations de l’opposition et transmise par satellite, semble montrer des tirs de militaires syriens avec des fusils de sniper, sur des cibles que l’on ne distingue pas.

Al Jazeera est incapable de vérifier la véracité des images.

« Il y a des blessés. Nombreux sont ceux qui ont été arrêtés. La sécurité répète le même schéma dans tous les lieux de manifestations. Ils veulent mettre fin à la révolution en utilisant la plus grande brutalité, » a déclaré un militant de Damas à l’agence Reuters.

« Jableh est entouré par les forces de sécurité », a déclaré le même témoin, qui s’exprimait par téléphone. « Les morts sont dans les mosquées et les maisons. Nous ne pouvons pas les en retirer. »

L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme a déclaré lundi matin qu’au moins 13 personnes avaient été tuées dans Jableh depuis que la répression a commencé dimanche.

Le pays est interdit à presque tous les médias étrangers et l’accès aux zones de conflit est restreint depuis le début du soulèvement, ce qui rend presque impossible d’obtenir des évaluations indépendantes.

Durcissement des tactiques épressives

Amin d’al-Jazira a déclaré que les événements de lundi ont marqué un tournant dans les méthodes des forces de sécurité.

Jusqu’à présent, dit-elle, les forces de sécurité ont réprimé en réaction aux protestations. Mais le déploiement de troupes dans Douma et Deraa est survenu en l’absence de toute manifestation.

« Aujourd’hui, nous assistons à une tactique différente, avec les forces de sécurité investissant les villes, dit-elle, notant les informations reçues sur des fouilles, maison par maison, des arrestations et des tirs au hasard.

Les communications ont été coupées et pour la première fois, l’armée est directement impliquée dans la répression du soulèvement, à la grande déception des militants de l’opposition.

« Ils espéraient que l’armée ne s’en mêlerait pas », dit notre correspondante. « Ils sentent que ce n’est que le début d’une répression très grave. »

Un militant a déclaré à Al Jazeera que certains officiers de l’armée avaient fait défection pour combattre aux côtés du peuple de Deraa contre le gouvernement.

Deux membres du conseil provincial de Deraa ont démissionné. Les démissions sont intervenues un jour après que deux parlementaires et un chef religieux de Deraa aient rompu avec le gouvernement, dégoûtés par ​​les meurtres.

Par ailleurs, des intellectuels syriens ont exprimé leur indignation face à la violence, faisant une déclaration ce lundi signée par 102 écrivains et des exilés dans tous les pays, et appartenant aux principaux courants religieux.

« Nous condamnons la violence, les pratiques oppressives du régime syrien contre les manifestants et nous pleurons les martyrs de l’insurrection », disent-ils.

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26 avril 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Abd al-Rahim