Un rapport publié jeudi 30 août par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dresse un tableau noir de l’économie palestinienne.
Du fait des restrictions de mouvements imposées par Israël, qui ont abouti à l’isolement de la bande de Gaza et à la fragmentation de la Cisjordanie, le produit intérieur brut (PIB) par habitant y a chuté de 15 % en 2006.
Entravées dans leur développement par les check-points autour des villes et sur les principaux axes routiers, la presque totalité des entreprises palestiniennes ont vu leur chiffre d’affaires s’effondrer : entre 2000 et 2005, les pertes de revenu cumulées ont atteint 8,4 milliards de dollars (6,1 milliards d’euros), soit deux fois la taille de l’économie palestinienne.
L’impact sur la population de l’effondrement du secteur privé a été d’autant plus fort que, depuis 2000, le marché du travail israélien est fermé à la main-d’oeuvre des territoires occupés et que l’Etat juif a cessé, pendant de nombreux mois, de reverser à l’Autorité palestinienne les taxes douanières qu’il collecte en son nom.
Quelque 53 % des ménages vivaient, en 2005, sous le seuil de pauvreté fixé à 2 dollars par jour et par personne. Le taux monte à 80 % dans la bande de Gaza.
"Nombre de familles ont épuisé leur stratégie de survie et la gravité de la situation dans les poches de pauvreté et de chômage fait que des pans entiers de la population dépendent de l’aide des donateurs", lit-on dans le rapport.
Pour remédier à cette crise et relancer les exportations palestiniennes, les experts des Nations unies recommandent d’ouvrir de nouvelles filières commerciales, par le biais des infrastructures portuaires situées en Jordanie et en Egypte. Une suggestion séduisante mais complexe à mettre en oeuvre, car elle suppose l’agrément des autorités israéliennes.
Benjamin Barthe, correspondant à Jérusalem - Le Monde, le 31 août 2007
Les mesures de sécurité israéliennes pèsent sur l’économie palestinienne
Selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié jeudi 30 août, les restrictions de mouvement imposées par Israël pèsent sur l’économie palestinienne, fragilisée par ailleurs par la baisse drastique de l’aide financière internationale depuis 2006.
Selon la Cnuced, le contrôle exercé par Israël sur les frontières de la bande de Gaza et de la Cisjordanie rend les entreprises palestiniennes "tributaires de considérations politiques." Ces restrictions de mouvement "ont abouti à une séparation effectives des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, et à l’éclatement du territoire palestinien occupé". Les postes de contrôle israéliens, les barrages et les restrictions douanières ont induits, selon la Cnuced, des coûts prohibitifs pour les produits palestiniens et érodé leur compétitivité.
Pour appuyer son propos, le rapport met en avant quelques chiffres : le revenu national brut palestinien par habitant a chuté de 15 % en 2006 et le produit intérieur brut (PIB) de 6,6 %. Le chômage est resté élevé (30 %) et 53 % environ des ménages vivent en dessous du seuil national de pauvreté. D’après des estimations de la Cnuced, "les pertes de revenu cumulées entre 2000 et 2005 ont atteint 8,4 milliards de dollars (6,17 milliards d’euros), soit deux fois la taille de l’économie palestinienne actuelle. Le montant des pertes matérielles est estimé à un tiers de la capacité de production qu’avait le territoire palestinien occupé en 1998".
"Ouvrir d’autres itinéraires commerciaux"
Face cette situation, la Cnuced juge que "la viabilité de l’économie palestinienne n’est plus la préoccupation majeure. Il vaut mieux se concentrer sur le moyen de limiter sa vulnérabilité et de mettre en place des politiques d’organisation du territoire qui minimisent l’impact des mesures de sécurité israéliennes".
"Il faut réviser d’urgence les règles commerciales pour les rendre plus souples", écrit la Cnuced. "Pour rompre l’isolement du territoire palestinien occupé et réduire sa dépendance à l’égard d’Israël, il est essentiel d’ouvrir d’autres itinéraires commerciaux en utilisant les installations portuaires de la Jordanie et de l’Egypte."
Le rapport liste trois priorités pour parvenir à redresser l’économie palestinienne : "Créer les institutions nécessaires pour répondre aux besoins grandissants de la population", "jeter les bases nécessaires au fonctionnement d’une économie souveraine dans le futur Etat palestinien", "fournir aux décideurs palestiniens des moyens d’action beaucoup plus larges que ceux existants".
Le Monde, le 31 août 2007
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