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Israël confronté à l’arrivée de réfugiés du Soudan

samedi 14 juillet 2007 - 07h:11

Serge Dumont - Le Temps

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Migration. Traversant l’Egypte, des rescapés des massacres dans la province soudanaise échouent dans le sud de l’Etat hébreu.

« J’avais entendu parler d’Israël à la radio mais pour moi, c’était très vague. » Lorsqu’il a quitté son village du Darfour en emportant une casserole cabossée et un maigre balluchon, Giltan Zenoa, 27 ans, n’imaginait pas que son errance d’un an l’entraînerait au fin fond de l’Etat hébreu. Et qu’il y deviendrait homme de peine dans un palace d’Eilat, la station balnéaire la plus populaire du pays. « J’ai marché pendant des mois et dormi sur le bord des routes, raconte-t-il. En Egypte, des soldats m’ont battu et lorsque je suis arrivé ici, je ne savais même pas où je me trouvais. »

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Les réfugiés soudanais attendent sur les pelouses devant la Knesset (Ph. Shabtai Gold/IRIN)

A l’instar de cet ancien agriculteur dont la famille a été massacrée, plusieurs milliers de Soudanais se sont infiltrés en Israël depuis trois ans. Combien ? De 1000 à 5000, selon les estimations. Transitant par l’Egypte, ils franchissent la frontière de l’Etat hébreu au nez et à la barbe des patrouilles de Tsahal (l’armée) censées la protéger. Certains ont vraiment fui les tueries perpétrées au Darfour, mais d’autres sont simplement à la recherche d’un avenir meilleur dans un pays occidentalisé.

Habitués à intégrer des vagues d’olim (nouveaux émigrants juifs), les responsables israéliens semblent démunis face à cet afflux de demandeurs d’asile noirs et chrétiens ou musulmans. Dans un premier temps, les fuyards interceptés alors qu’ils passaient la frontière étaient repoussés sans ménagement vers l’Egypte. Quant aux personnes interpellées le long des routes et des parcs publics du sud d’Israël, elles étaient aussitôt emprisonnées. Sans procès.

Aide sociale d’urgence

Malgré cette politique de la fermeté, le flux des demandeurs d’asile est rapidement devenu trop important pour les responsables politiques et militaires. Afin de ne pas devoir s’occuper de ces Soudanais - qui sont également des ressortissants d’un pays en guerre avec Israël - l’armée dépose ceux qu’elle intercepte dans les rues principales de villes comme Beer Sheeva, Rahat et Eilat. De son côté, la police refuse de prendre en charge ces « intrus » puisqu’ils constituent, selon elle, un « problème de sécurité nationale et non de maintien de l’ordre ».

Le dos au mur, les municipalités se voient donc contraintes d’improviser une aide sociale d’urgence sous la forme de vieux vêtements, de nourriture et d’un abri provisoire. Mais les villes du sud d’Israël sont pauvres et leur population, qui est elle-même défavorisée, n’apprécie guère de voir des « vagabonds noirs » errer aux abords des magasins et des lieux publics.

Sensibiliser l’opinion

Certes, plusieurs kibboutzim du désert du Néguev ont accepté d’abriter des Soudanais dans de vieilles cabanes en bois datant de l’époque héroïque de l’indépendance du pays. En échange de petits travaux, ces « volontaires » sont nourris. Voire payés. Mais ils ne peuvent quitter leur lieu de résidence sans autorisation. D’autres familles ont également été prises en charge par des organisations de défense des droits de l’homme qui tentent de réveiller une opinion publique apathique en organisant des opérations coup de poing. La dernière d’entre elles s’est déroulée mardi lorsque des dizaines de Soudanais ont campé à Jérusalem, face à la Knesset.

Résultat de cette manifestation ? Le ministre de la Sécurité intérieure, Avi Dichter, a promis de faire ériger un « camp d’accueil » de mille places au beau milieu du désert du Néguev. Ce centre se trouvera dans le périmètre de la prison de Ketziot-al Ansar, un établissement réservé aux Palestiniens condamnés à de lourdes peines pour faits de terrorisme.

Sur le même thème :

- Israël-Soudan : Avenir incertain pour les réfugiés soudanais
- Appel des « Rabbins pour les Droits Humains-Israël »

Serge Dumont, Tel Aviv - Le Temps, le 11 juillet 2007

Du même auteur :
- L’enjeu des prisonniers palestiniens
- Israël a perdu le contact avec la Cisjordanie


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