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L’enjeu des prisonniers palestiniens

lundi 9 juillet 2007 - 22h:02

Serge Dumont - Le Temps

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Négociations secrètes entre Israël et le Hamas autour du caporal Shalit.

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250 Palestiniens libérés
(Ph. Kestone)

« C’est un geste important car nous souhaitons encourager tous les modérés de l’Autorité palestinienne. » Dans une allocution radiotélévisée, le premier ministre israélien Ehoud Olmert s’est félicité dimanche de la décision prise par son gouvernement d’autoriser la libération de 250 prisonniers palestiniens détenus en Israël. Dans un premier temps, le Shabak (la Sûreté générale de l’Etat hébreu) avait proposé une liste ne comprenant que des prisonniers en fin de peine et condamnés pour des préventions légères. Mais le premier ministre lui a demandé de revoir ce document de manière à faire sortir de prison des activistes relativement connus dont la relaxe conforterait la position de Mahmoud Abbas face au Hamas.

Du côté palestinien, le geste israélien ne soulève cependant pas l’enthousiasme escompté puisque le nombre d’habitants des territoires enfermés en Israël dépasse les 11000 et que la plupart de ceux-ci ont peu de chance de retrouver rapidement. « Si Ehoud Olmert voulait faire un geste touchant vraiment le c ?ur des Palestiniens et ouvrant la voie à la paix, il libérerait Marwan Barghouti (ndlr : le cerveau de la deuxième Intifada condamné à cinq fois la perpétuité) ainsi que des personnalités significatives », déclare au Temps l’ex-ministre Kaddoura Farhès (Fatah). « Car c’est seulement dans ce cas de figure que Mahmoud Abbas pourrait démontrer à son opinion que la voie qu’il a choisie produit des résultats alors que celle que prône le Hamas ne mène nulle part. »

Chargé des négociations avec Israël, le conseiller présidentiel Saeb Erekat rappelle lui que l’armée israélienne procède quotidiennement à des rafles en Cisjordanie et que les soldats de Tsahal (l’armée de l’Etat hébreu) arrêtent autant de militants du Fatah que du Hamas. « Si Ehoud Olmert voulait vraiment renforcer le gouvernement de l’AP, il ordonnerait l’arrêt de coups de filet dont le seul résultat est de conforter les extrémistes », dit-il.

En attendant, les médias de Tel-Aviv et de Ramallah ont révélé dimanche que le nouveau ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a entamé dès son entrée en fonction des négociations secrètes avec le premier ministre palestinien Salam Fayyad. Celles-ci portent sur la qualité des détenus prochainement remis en liberté par Israël, sur l’arrêt éventuel des opérations de Tsahal en Cisjordanie, ainsi que sur la levée d’une série de barrages importants empêchant la libre circulation de la population locale.

Dans ce cadre de ses pourparlers, le directeur général du Shabak Youval Diskin s’est lui aussi rendu à Ramallah dimanche soir afin d’y rencontrer le premier ministre de l’AP. En outre, les contacts sécuritaires entre les services de l’Etat hébreu et ceux de l’AP restés fidèles à Mahmoud Abbas ont repris au plus haut niveau après une interruption de plus d’un an.

Plus étonnant, le quotidien palestinien Al Ayyam a révélé qu’Offer Dekel, un ancien officier de renseignement chargé par Ehoud Olmert de négocier la libération du caporal Gilad Shalit, s’est rendu à deux reprises dans la prison d’Adarim (banlieue de Tel-Aviv) afin de discuter avec trois des principaux leaders de la branche militaire du Hamas qui y sont enfermés.

La semaine dernière, le Hamas, qui a « racheté » le caporal israélien à l’Armée de l’islam (ses geôliers pendant un an), a désigné comme « négociateurs » plusieurs de ses responsables militaires détenus en Israël. Ceux-ci ont semblet-il reçu l’autorisation de conclure un accord en échange de la libération de plusieurs centaines de Palestiniens impliqués dans des attentats sanglants et condamnés à de lourdes peines.

Alors que la ligne officielle israélienne consiste à « ne pas négocier avec le Hamas tant qu’il ne reconnaîtra pas notre droit à l’existence et ne renoncera pas au terrorisme », l’entourage d’Ehoud Olmert confirme l’existence de contacts entre les responsables islamistes et Offer Dekel. Ceux-ci ont débuté dans la deuxième moitié du mois de juin.

Serge Dumont, Tel Aviv - Le Temps, le 9 juin 2007

Du même auteur : - L’Armée de l’islam a « vendu » son otage israélien à la branche armée du Hamas


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