Le mouvement BDS condamne les tentatives de normalisation comme « une trahison nationale »
dimanche 19 juin 2016 - 08h:08
Zena Tahhan
Le mouvement BDS qualifie la participant palestinienne à la conférence Herzliya comme « une trahison nationale ».
- Barrage militaire de Qalandiya, le 17 juin 2016 - Il ne peut y avoir la moindre normalisation avec le système d’apartheid israélien, rappelle le mouvement BDS - Photo : ActiveStills
Les hauts bureaucrates de l’Organisation de libération palestinienne (OLP) et les membres palestiniens de la Knesset israélienne ont été sévèrement critiqués par les groupes prônant le boycott d’Israël, pour leur participation à la conférence annuelle de Herzliya, une réunion clé de sécurité israélienne et de politique nationale.
La conférence de deux jours, qui a eu lieu entre le 14 et 16 juin, a été suivie par de nombreux responsables israéliens de haut niveau dont le président Reuven Rivlin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, les responsables de l’armée et des universitaires.
Ayman Odeh, tête de la liste commune arabe à la Knesset israélienne, Ahmed Majdalani et Ghassan al-Shakaa, membres du comité exécutif de l’OLP, et Elias al-Zananiri, vice-président du Comité de l’OLP pour l’interaction avec la société israélienne, étaient tous présents à la conférence.
« Comment peuvent-ils participer à une conférence, où l’objectif principal est de maintenir et approfondir la sécurité de l’État occupant ? » demanda Mahmoud Nawajaa, le Coordonnateur général du Comité national palestinien pour la campagne BDS.
Des militants de plusieurs groupes BDS locaux et internationaux ont critiqué la participation des responsables palestiniens, la présentant comme une forme de « normalisation » avec Israël.
Fondé en 2005, le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) est un mouvement à l’échelle mondiale et dirigé par les Palestiniens, qui appelle à un boycott économique, universitaire et culturel d’Israël jusqu’à ce que celui-ci respecte le droit international et rende aux Palestiniens leurs droits.
Ce jeudi, le mouvement BDS a publié un communiqué de presse demandant que ceux qui ont participé à la conférence soient tenus de rendre des comptes.
« Nous considérons que la participation de Majdalani et al-Zananiri et tous les autres Palestiniens [à la conférence] est un coup de poignard dans le dos au mouvement de boycott, à tout le peuple palestinien, et à la campagne de boycott », a déclaré Nawajaa à Al Jazeera.
Les officiels qui y ont participé, cependant, voient la conférence comme une occasion de faire connaître le sort des Palestiniens et de faire entendre leur position politique.
Parlant à Al Jazeera, Odeh a déclaré que les dirigeants palestiniens ont participé à cette conférence comme à d’autres événements, car ils les considèrent comme « des plates-formes importantes pour présenter [leurs] opinions. »
« Nous disons toujours que ce qui est le plus important est ce que vous dites et non pas qui vous rencontrez. Je suis allé pour les affronter, ce qui est mieux que de nous isoler », a déclaré Odeh, soulignant qu’il était de leur droit d’être présents et de parler de leur cause.
Les membres de l’OLP qui ont participé à la conférence n’ont pas pu être joints au moment de la publication de cet article.
Dans une intervention à la conférence, Gilad Erdan, ministre de l’information et de la sécurité publique, a déclaré qu’il y aura un vrai « prix à payer » pour les militants BDS en Israël et que le gouvernement envisage des mesures contre eux.
Alaa Tartir, directeur du programme palestinien Al-Shabaka Policy Network, dit qu’il voit la participation des responsables palestiniens comme une « trahison nationale ».
« Plaire à l’occupant et insister pour se présenter comme ’partenaires crédibles pour la paix’ semblent être leur première priorité, qui est très éloignée des demandes et des aspirations du peuple », a déclaré Tartir.
« C’est à la fois surréaliste et ironique, quand les représentants de ce qui est censé être une ’organisation de libération’ se comportent comme ils le font. Ils contribuent directement au maintien de l’occupation et du régime colonial israélien. »
Bien que Odeh ait affirmé qu’il a parlé de la cause nationale palestinienne à la conférence, Nawajaa dit qu’Israël doit être isolé complètement.
« Vingt-deux ans de négociations et de tentatives de communiquer nos positions les uns aux autres ont conduit à un échec lamentable et à la détérioration de la situation en Palestine, à la suppression de tout horizon politique, et un renforcement des colonies de peuplement et du colonialisme », a déclaré Nawajaa.
« Il est vraiment temps de résister et de boycotter, de totalement isoler Israël et surtout ne pas normaliser les relations avec lui. »
18 juin 2016 - Al-Jazeera - Traduction : Info-Palestine.eu