16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Israël attaque mon université à coups de bombes et de mensonges !

samedi 9 août 2014 - 12h:13

Rami Almeghari

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Ce samedi, l’armée israélienne s’est vanté d’avoir bombardé un « centre de développement d’armes » à l’Université Islamique de Gaza (IUG).

JPEG - 96.8 ko
L’Université Islamique de Gaza a été bombardée par les Israéliens le 2 août 2014 - Photo : APA/Ashraf Amra

J’enseigne le journalisme à l’université. La section du campus où je travaille est proche de l’administration, la cible de l’attaque d’Israël, qui a lieu à l’aube.

Ce département d’enseignement accueille des enseignants appartenant à tous les collèges de l’université : la médecine, la littérature, l’ingénierie, le commerce et autres.

Il n’y a pas de « centre de développement des armes »...

Contrairement à ce que prétend Israël, les universités de Gaza n’ont pas de services dédiés à la recherche ou à la formation militaire. Ceci contraste totalement avec les universités israéliennes qui jouent un rôle essentiel dans l’occupation et le développement des armes militaires, et qui ont activement fait la promotion de l’assaut sur Gaza.

L’attaque sur l’IUG, ainsi que l’invasion de l’Université de Birzeit en Cisjordanie par les forces d’occupation israéliennes en juin dernier, a été condamné par le comité exécutif de l’American Studies Association. L’American Studies Association a voté en faveur d’un boycott universitaire d’Israël l’année dernière, déclenchant un débat au sein de l’organisation et dans les médias dominants à sur cette initiative.

En liaison avec le Hamas ?

L’IUG est considérée par beaucoup de personnes ici comme étant la meilleure université de Gaza. Elle compte environ 20 000 étudiants.

Les journaux occidentaux ont rapporté ces derniers jours que l’IUG était « en liaison avec le Hamas ».

Ce qui affiche une profonde ignorance... L’IUG a été fondée en 1978 ! Le Hamas n’a commencé à vraiment émerger que près d’une décennie plus tard.

Certains de nos élèves sont, en effet, des partisans du mouvement Hamas.

D’autres sont affiliés au Fatah, ou au Front Populaire pour la Libération de la Palestine, ou au Jihad islamique ou à d’autres organisations palestiniennes.

Devrait-il être interdit aux étudiants qui vivent sous une occupation militaire d’être politiquement actifs ?

L’insinuation dans la presse occidentale que le Hamas contrôle toutes les activités de l’université ne reflète en rien la réalité.

Pour ces six dernières années, j’ai enseigné aux élèves comment utiliser l’anglais dans les médias. Je travaille également depuis tout ce temps pour le département ouvert d’enseignement (également connu sous le nom d’Institut de développement communautaire).

Au départ, j’ai hésité à travailler à l’IUG, craignant devoir suivre des règles religieuses ou politiques strictes. Je n’ai pas d’affiliation politique et me considère comme un musulman très modéré.

Surpris

En 2008, j’ai été appelé pour un entretien avec le doyen de la faculté de l’éducation ouverte et deux enseignants de langue anglaise. L’entrevue s’est très bien déroulée.

Le doyen et ses collègues semblaient n’avoir aucun problème avec mon travail traitant des médias basés aux États-Unis, dont Free Speech Radio News et The Electronic Intifada. Ils étaient attentionnés à mon égard et m’ont fait me sentir à l’aise. Donc, j’ai commencé à donner des conférences à l’université.

Au cours de mes premières conférences, j’ai été surpris par un certain nombre d’étudiants que j’ai rencontrés. Je connaissais certains d’entre eux auparavant. A ce que je sais d’eux, ils ne sont ni militants politiques ni partisans du Hamas, se considérant juste comme des islamistes.

J’ai eu de nombreuses et fructueuses discussions avec mes nouveaux élèves.

À certains moments, j’ai ouvertement critiqué le Hamas dans la bande de Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée. J’ai parlé des « uniformes bleus » de la bande de Gaza et la « réception sur tapis rouge » à laquelle peuvent s’attendre les visiteurs de la Cisjordanie.

J’ai plusieurs fois été satirique sur la lourde présence du Hamas et sur l’Autorité palestinienne qui se comporte comme si elle avait déjà réussi à mettre en place un État indépendant.

Pas une seule fois l’administration de l’IUG n’a voulu me censurer. Je n’ai pas une seule fois été questionné par les autorités du Hamas à Gaza.

Détruire des vies

L’administration de l’université a été efficace et encourageante. Elle a facilité certaines de mes initiatives - par exemple en invitant des contacts de mon choix en dehors de Gaza, pour s’adresser aux étudiants via Skype.

L’IUG a été bombardé par Israël en décembre 2008, dans les premiers jours de l’opération Pcast Lead, une attaque intensive de trois semaines sur Gaza. Cette offensive était aussi en réponse au soit-disant « terrorisme », selon le récit israélien.

L’American Studies Association a correctement observé que le bombardement des universités palestiniennes est non seulement un abus contre la liberté académique, mais qu’il s’agissait aussi d’une tentative pour nous empêcher de jouir de ce qui est le plus nécessaire pour notre survie.

De moins en moins de personnes avalent les mensonges d’Israël. Loin de détruire des « centres de développement d’armes,« Israël essaie de détruire nos vies.

Son projet est de nous interdire la possibilité d’apprendre et de travailler en paix.

Israël ne réussira pas. Nous allons continuer à éduquer notre peuple, peu importe combien de fois nous serons bombardés.

JPEG - 7.5 ko

* Rami Almeghari est journaliste de la presse (écrite, en ligne et radio) et conférencier universitaire dans la bande de Gaza. C’est aussi un ancien traducteur d’anglais et rédacteur en chef du Centre de Presse Internationale du Service d’Information Palestinien basé à Gaza. Son courriel : rami_almeghari@hotmail.com.

Du même auteur :

- Les réfugiés de Gaza apprennent par SMS la suspension de leur aide alimentaire - 4 avril 2014
- La Palestine verra-t-elle une réelle solidarité en 2014 ? - 29 décembre 2013
- Les habitants de Gaza toujours bloqués à la frontière avec l’Egypte - 17 juillet 2013
- Palestiniens de Gaza : le poste-frontière de Rafah reste toujours une porte de prison - 12 décembre 2012
- Toute une famille de Gaza endeuillée après le meurtre de son garçon qui jouait au foot - 15 juin 2010
- Gaza célèbre la chute de Moubarak - 15 novembre 2012
- Deux ans après, les familles de Gaza se souviennent de l’horreur de l’attaque israélienne - 4 janvier 2011
- L’aviation israélienne détruit une laiterie dans Gaza - 28 décembre 2010
- Révélations d’un garçon utilisé comme bouclier humain par les soldats israéliens - 14 octobre 2010
- Mon fils, témoin des horreurs de Gaza à quelques jours de son anniversaire - 7 octobre 2010
- L’unité nationale reste hors de portée sous l’occupation - 2 juillet 2010

4 août 2014 - the Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.