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Gaza célèbre la chute de Moubarak

jeudi 17 février 2011 - 14h:40

Rami Almeghari - E.I

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« Masr, Masr, Masr, Masr ». C’est en langue arabe que le nom d’Egypte est devenu le slogan d’une foule en liesse dans les rues de Gaza City, vendredi soir, suite à l’annonce de la démission du Président Hosni Moubarak, survenue après 18 jours de protestations à travers toute l’Egypte.

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Les Gazaouis célèbrent le renversement de Hosni Moubarak - Photo : Rami Almeghari

Les Gazaouis avaient envahi la rue Omar Al-Mukhtar, la principale artère de Gaza City où ils distribuaient des friandises sous un ciel égayé par les feux d’artifices. Tout le boulevard a été joliment décoré par un merveilleux portrait en noir, rouge, blanc et un aigle doré au milieu, représentant les couleurs des centaines de drapeaux égyptiens.

Partout, des enfants et des adultes se penchaient par les vitres des véhicules en brandissant des drapeaux au milieu des klaxons et des chants. Pas très loin des jardins publics « Joundi Al-Majhoul »i, une voiture s’est arrêtée et ses occupants ont jeté des bonbons sur la foule joyeuse présente sur les lieux. De l’autre coin de la rue, des dizaines d’autres lançaient des feux d’artifices qui illuminaient le ciel nocturne de Gaza en jetant leur éclat sur les drapeaux égyptiens.

« Je suis très content. Voici enfin le jour que nous attendions tous, et depuis très longtemps. Le régime de Moubarak a non seulement affaibli la position de son peuple, mais aussi celle de la nation arabe face à l’occupation israélienne. »

C’est en ces termes que se réjouit Abu Mustapha, un homme à la barbe blanche, âgé de 54 ans, entouré d’un nombre considérable de jeunes gens dans le quartier Al-Rimal, à Gaza City. Il poursuit : « Je voudrais féliciter nos s ?urs et frères égyptiens pour leur remarquable exploit en cette journée historique qui a couronné leur volonté sur le terrain ».

Une volonté et une victoire qu’Abu Mustapha, au milieu de ceux qui chantaient très haut, souhaiterait revivre avec le soulèvement d’autres peuples à travers les mondes Arabe et Musulman, et qui mettront fin à tous les régimes similaires à celui de Moubarak.

Pour sa part, ce jeune de 26 ans qui se faisait appeler Abou-Mohammed exprime sa profonde joie et sa jubilation devant la prouesse de la jeunesse égyptienne qui a réussi à renverser Moubarak et son régime.

Heureux et confiant quant aux conséquences d’un tel exploit sur Gaza, Abou-Mohammed poursuit :’ « Moubarak a largement contribué à l’étouffement de la population de Gaza et ce, en fermant la frontière [égyptienne]. De ce fait, et à cause du blocus, les prix sont montés en flèche. Aujourd’hui, je souhaite vivement que l’avenir nous réserve des jours meilleurs et que l’après-Moubarak s’avère favorable pour nous et pour nos s ?urs et frères égyptiens ».

Par ailleurs, le passage frontalier de Rafah entre Gaza et l’Egypte avait été complètement fermé depuis le déclenchement de la révolution égyptienne le 25 janvier dernier, bien qu’il ait été étroitement contrôlé sous le régime Moubarak. De violents accrochages du côté égyptien, opposant les forces de sécurité et des habitants locaux avaient été signalés. De l’autre côté de la frontière, les Palestiniens de Gaza ont apporté une aide alimentaire aux soldats égyptiens isolés.

Présents sur place, les médias n’ont pas manqué au rendez-vous de joie dans la rue Omar Al-Mokhtar où plusieurs jeunes gens se sont pressés autour des caméras et des microphones pour exprimer tout haut leur joie qui ne tarde à dessiner les sourires sur les visages, parmi lesquels, celui de Mohammed.

S’adressant à The Electronic Intifada, ce jeune barbu de 27 ans avoue que le régime Moubarak devait être renversé et souligne : « Pendant longtemps, le peuple égyptien et nous-mêmes avons été opprimés par Moubarak et son régime. Je n’oublierai jamais les récentes allégations de Habib Al-Adly [Ministre de l’Intérieur du gouvernement Moubarak] où il a accusé un groupe basé à Gaza d’avoir commis l’attaque meurtrière contre une église égyptienne ».

L’attentat remonte au début du mois de janvier dernier visant une église copte à Alexandrie et tuant 21 personnes. Depuis, il a été rapporté que les procureurs égyptiens avaient lancé une enquête contre Al-Adly, soupçonné d’être impliqué dans l’attentat.

Les expressions de joie se poursuivent dans les rues de Gaza, et voilà que trois jeunes Gazaouis voulant parler retiennent un reporter au volant de sa voiture, en direction de son domicile. L’un d’eux plaisantait en chantant « On veut Moubarak, on veut Moubarak ». Ce jour là, à Gaza, tout le monde sans exception participait à la grande fête et célébrait l’exploit.

En effet, les évènements marquants en Egypte ont également eu des répercussions sur les politiques palestiniens. Un grand rassemblement, y compris des voitures avec des haut-parleurs ont conflué vers le carrefour Saraya de Gaza City, lançant en ch ?ur le même slogan « Les gens veulent renverser Abbas », allusion faite au leader du Fatah, Mahmoud Abbas, et chef de l’Autorité Palestinienne à Ramallah, soutenue par les Etats-Unis.

Pour rappel, l’arrivée du Hamas au pouvoir en emportant les élections palestiniennes de 2006 et le débusquement, en 2007, des milices pro-Fatah de Gaza ont provoqué une scission entre le Hamas (toujours au pouvoir à Gaza) et le Fatah. Face à cette division, l’Egypte a, pour sa part, pris position avec le Fatah et a exercé la pression sur le Hamas en maintenant le passage de Rafah fermé.

Mais suite à l’attaque israélienne contre Gaza (hiver 2008-2009), l’Egypte avait légèrement atténué les restrictions de voyage, en permettant aux malades, aux étudiants et aux individus détenteurs d’un permis de résidence à Gaza de traverser la frontière sans grandes difficultés. Toutefois, les visiteurs internationaux, les convois d’aide et les missions de solidarité continuaient à se heurter aux restrictions sévères.

Au courant des semaines ayant précédé la chute de Moubarak, le Hamas avait interdit les manifestations contre le Président égyptien. Ce dernier écarté, le mouvement a donné son feu vert pour célébrer l’évènement à travers toutes les rues de Gaza.

Ainsi, toutes les factions politiques à Gaza ont exprimé leur solidarité avec le peuple d’Egypte. Le Hamas a, de son côté, exhorté les nouvelles autorités égyptiennes à rouvrir, sans plus tarder et une fois pour toutes, le terminal de Rafah.

* Rami Almeghari est journaliste et conférencier universitaire vivant dans la bande de Gaza.

Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.

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12 février 2011 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Niha


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