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Un boycott culturel mordant, sans excès des conseillers en musique classique du Festival d’Israël l’admettent

dimanche 17 juin 2012 - 13h:56

Ali Abunimah
The Electronic Intifada

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Le boycott culturel d’Israël commence à mordre, une personnalité marquante du monde de la musique classique en Israël le reconnaît.

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Pas la peine de dire « boycott ». Beaucoup d’opéras internationaux et de groupes de musique classique ne veulent pas venir en Israël.




Gil Shohat, compositeur et chef d’orchestre israélien, également conseiller en musique classique au Festival d’Israël et conseiller artistique au Festival international d’Israël de musique classique de la Mer Rouge, a déclaré au journaliste israélien Sharon Dubkin :

« Dans le monde de la musique classique, les choses ne sont ni carrées ni grossières, de par la nature même de l’art classique, qui est plus noble, calme et introverti, mais il y a des ch ?urs et des compagnies d’opéra qui ne sont pas intéressés pour venir en Israël. Même s’ils ne disent pas que c’est pour une raison politique, ils préfèrent ne pas s’impliquer dans une telle situation difficile. En tant que compositeur actif sur la scène mondiale, je peux témoigner que plus d’une fois des projets ont été annulés ou reportés en raison de leur "israélité". Et encore, ces choses ne sont pas dites de façon grossière, personne ne nous dira : nous menons un boycott. Le mot boycott n’existe pas, mais la situation politique d’Israël impacte aussi ce domaine. C’est particulièrement vrai pour les projets plus importants, moins en ce qui concerne l’activité des musiciens individuels. »

Shohat est cité dans un article intitulé Pas la peine de dire « boycott », de Sharon Dubkin, paru dans le supplément sur la vie de la cité de Ha’aretz appelé « Akhbar Ha’ir » (Cité Souris). L’article a été publié sur une copie papier en hébreu, et une copie a été obtenue par The Electronic Intifada.

Le boycott culturel d’Israël est l’un des piliers de la campagne palestinienne pour le boycott, désinvestissement et les sanctions (BDS), et PACBI, campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël a publié les lignes directrices sur la façon dont elle doit être mise en oeuvre.

Un Israélien publie un « appel pressant » au boycott des colonies

Entre-temps, Dor Glick, présenté comme le rédacteur en chef du site de l’Institut Goethe, centre culturel en Israël financé par l’Allemagne, a publié un appel sur Ynet pour faire monter le boycott, mais seulement contre les colonies dans les territoires occupés en 1967 :

« Ceci est un appel pressant aux Suisses, aux Sud-Africains, et tout particulièrement aux Américains : aidez les Israéliens égarés à revenir à leurs frontières. Aidez-nous, parce contrairement à certains personnes bien intentionnées qui approchent de la fin de leur vie, et qui ont écrit récemment de terribles rubriques sur les belles années que nous avons eues ici, nous avons beaucoup plus d’années encore à y vivre. Nous aimons ce lieu et nous ne souhaitons pas le quitter. De nombreux membres de notre génération, qui ne souhaitaient pas non plus partir, sont au désespoir et abandonnent l’endroit ; ce qui est beaucoup plus qu’un filet maintenant.

« Donc, sauvez Israël, achetez des produits fabriqués par les Israéliens, et par les Israéliens seulement - là où la loi égalitaire d’Israël s’applique et est reconnue. Peut-être que vous, avec les jeunes gens qui vivent ici, serez en mesure de sauver le souvenir de ces 19 années d’"État juif et démocratique" - un État juif offrant l’égalité sociale et politique à tous. L’État d’Israël. »

Glick s’adonne là aux illusions courantes « sionistes libérales » selon lesquelles, avant 1967, Israël était une entité modèle et exemplaire, comme si aucun nettoyage ethnique de 750 000 Palestiniens n’avait jamais eu lieu en 1948, et comme si les Palestiniens qui ont survécu à la Nakba et sont restés en Israël ne vivaient pas sous un régime militaire dur, ne continuaient pas à souffrir du vol systématique de leur terre au profit des seuls juifs. Il semble également totalement ignorer qu’il n’y a aucun endroit aujourd’hui dans la Palestine historique gouvernée par Israël, où s’appliquent ces lois « égalitaires ».

Il laisse aller aussi son imagination - récemment popularisée par Peter Beinart ; pour lui, du côté occidental de la « ligne verte », on trouve un « Israël démocratique » tandis que du côté oriental, il y a les méchants colons qui brisent le rêve sioniste.

Glick, comme Beinart, appelle par conséquent à un illusoire « BDS sioniste », basé sur l’idée incroyable que les colonies de Cisjordanie auxquelles ils s’opposent l’un et l’autre ne sont pas ancrées, politiquement, socialement, économiquement et militairement dans le prétendu « Israël démocratique », et en dépendent totalement, principalement de son gouvernement « démocratique ».

Pour autant, l’appel de Glick n’en est pas moins remarquable, étant donné qu’Israël, l’an dernier, a déclaré illégal tout appel à quelque boycott que ce soit, notamment le boycott des colonies en Cisjordanie. Il fait comprendre à tout le moins qu’Israël doit être soumis à des pressions extérieures pour pouvoir changer.

Les craintes montent d’un boycott plus vaste

Les propos de Shohat et Glick s’inscrivent dans un sens plus large que la pression publique mondiale pour le boycott d’Israël n’est pas seulement en train de monter, mais qu’elle est aussi de plus en plus efficace.

La semaine dernière, après que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, eut annoncé 851 nouveaux logements dans les colonies pour juifs seulement en Cisjordanie occupée, le correspondant diplomatique au Ha’aretz, Barak Ravid, a écrit qu’Israël avait «  déclenché une vague de nouvelles et sévères condamnations  » de la part des gouvernements à travers le monde. Mais sa conclusion est plus remarquable :

« Cependant, les condamnations sévères montrent une grande frustration et une grande colère chez les alliés européens d’Israël à propos des activités accrues de la colonisation. De plus en plus d’États de l’Union européenne sont confrontés à des pressions publiques fortes pour qu’ils prennent des mesures contre lui, comme le marquage des produits fabriqués dans les colonies, voire leur interdiction totale.

« Jusqu’à présent, la plupart des gouvernements de l’UE n’ont rien fait à ce sujet, à l’exception de la Grande-Bretagne, de l’Irlande et du Danemark, qui ont tous imposé des mesures lourdes sur cette question.

« Mais la tendance est claire : aussi longtemps que la diplomatie marque le pas et que l’activité de colonisation se poursuit, la menace d’une interdiction européenne sur les produits des colonies et les produits israéliens passe progressivement de la théorie à une réalité tangible. »

Il semble que de plus en plus, quand il s’agit de combattre le BDS, Israël en vient à se « délégitimer » lui-même.

Merci à Dena Shunra pour son aide dans la traduction.


* Ali Abunimah est co-fondateur de The Electronic Intifada, et l’auteur de « One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse » (Metropolitan Books, 2006). Cet article est paru initialement sur le site du Guardian « Comment is Free », sous le titre « No peace for Israel ».

Du même auteur :

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11 juin 2012 - The Electronic Intifada - traduction : Info-Palestine.net/JPP


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