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Israël, source des divisions interarabes : le cas du Soudan

mercredi 12 janvier 2011 - 08h:48

Leila Mazboudi - Al-Manar

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Dans sa stratégie de soumettre le monde arabe et islamique, l’entité sioniste, promu depuis sa création à être l’avant-garde du projet impérialiste occidental, s’est fixée comme tactique de le diviser. Comment ? En poussant ses différentes composantes à revendiquer des entités politiques autonomes.

Dès lors, toutes les minorités religieuses, ethniques ou nationales sont la cible préférée de la machine infernale israélienne. Qu’il s’agisse des Maronites au Liban, des Kurdes en Irak, Syrie ou en Turquie, des Berbères au Maghreb, des Coptes en Égypte, des sudistes au Soudan et la liste s’allonge... Il fallait surtout inculquer à ces communautés, le gout des revendications séparatistes, et de créer en conséquence de petits entités, impuissantes, en conflit les unes avec les autres, douteuses les unes des autres, et par conséquent soumises à la supériorité israélienne, nourrie grâce à l’Occident.

Le Soudan, le plus grand pays arabe, l’un des plus riches en ressources naturelles, est l’un des cas auquel s’est avidement et précocement penché le machiavélisme sioniste, depuis sa séparation de l’Égypte : « dès le début, depuis son indépendance dans les années 50, des estimations israéliennes ont estimé qu’il ne fallait en aucun cas permettre à ce pays, quoiqu’il soit loin de nous, de devenir une puissance pour s’ajouter à celle du monde arabe. Il pourrait devenir une puissance non négligeable. A la lumière de ces évaluations, Israël se devait de dépêcher ses services et ses bras sur la scène soudanaise, pour aggraver ses crises, et contribuer à en créer de nouvelles, de sorte que ces crises deviennent incurables ».

Ces révélations des plus franches reviennent à un ancien ministre israélien de la Sécurité, Avi Dechter. Il les a prononcées en 2008, devant l’institut des recherches sécuritaires israélien. Elles montrent que le rôle israélien destructeur de ce pays arabe est précurseur, c’est-à-dire avant même qu’il ne participe au conflit arabo-israélien et ne soutienne l’Égypte dans son effort de guerre contre l’entité usurpatrice. Sachant que le Soudan, rappelle le grand journaliste égyptien, Fahmi Houwadyi, avait durant la guerre de 1967, servi de base arrière de l’Égypte, abritant les bases d’entrainement et les dépôts d’armes aussi bien des forces aériennes que terrestres égyptiennes. Et qu’il avait durant la guerre d’usure entre 1968 et 1970, dépêché des forces à la région du canal.

C’est donc depuis son implantation dans la région que l’entité sioniste commença à tramer le complot contre le Soudan. Via ses minorités.

Cinq phases cruciales l’ont pointé, explique un ancien du Mossad, le général à la retraite Moshé Fergie, tout aussi franchement que son prédécesseur, dans son livre publié en 2003, et intitulé : « Israël et le mouvement de libération du Sud du Soudan ». Les tous débuts furent entamés avec la politique d’assistance humanitaire : Israël offrait des médicaments, des traitements médicaux et des denrées alimentaires aux tribus du Sud du Soudan, et surtout à ceux se réfugiaient en Éthiopie. Parallèlement, une collecte d’informations était opérée : des officiers des services de renseignement israélien stationnés en Ouganda ayant alors pour mission de rentrer en contact avec les chefs des tribus pour mettre au point la carte démographique de la région. Le tout étant escorté par un travail minutieux, de profondeur psychologico-politique, lequel se poursuivra jusqu’à la séparation : celui d’accentuer les différences tribales dans le sud du Soudan, de les présenter comme incompatibles et insurmontables. Avant de leur inoculer ultérieurement le virus de la séparation.

La seconde phase, dans les années soixante du siècle dernier, fut celle de la formation militaire : l’entité sioniste s’était mise à entrainer des membres des milices armées dans des bases édifiées en Éthiopie. Fergie révèle que dans le milieu gouvernemental israélien se consacrait la conviction qu’il faut pousser ce pays, par intérim, vers les guerres civiles, dans le but de le préoccuper et le détourner de porter assistance à l’Égypte, qui était encore dans le camp des ennemis d’Israël. Sous couverture d’agents d’assistance humanitaire, des membres des services de renseignements israéliens se sont infiltrés au sud du Soudan. Ils enrôlaient et entrainaient des soudanais du Sud et les exhortaient à provoquer des tensions internes. Israël les armaient également, leur donnant des armements légers russes pris en butin durant les guerres de 1956.

Le ravitaillement des sudistes par Israël s’est poursuivi dans les années 70, où les armes confisquées aux Arabes en 1967 leur furent envoyées. L’entité sioniste leur a aussi édifié une école pour officiers d’infanterie, chargé de former les cadres militaires nécessaires au mouvement de sédition. Certains d’entre eux se rendaient en Israël pour des entrainements plus perfectionnés. L’une des particularités de cette décennie, est qu’en plus de l’Éthiopie, c’est à partir de l’Ouganda que l’assistance israélienne militaire était acheminée. De plus c’est à partir de 1969, alors que le mouvement de mutinerie touchait à sa fin, que l’entité sioniste, usant des moyens les plus fourbes, a semé la graine de la séparation chez les insurgés sudistes : les persuadant qu’ils mènent un combat national dont dépend leur destin, entre un nord arabe musulman, et un sud noir africain chrétien et animiste. Et leur faisant croire qu’ils font l’objet d’une occupation injuste et oppressive.

La quatrième phase dans les années 80 s’est marquée par l’apparition sur la scène soudanaise de John Garang, qui fut accueilli en Israël. Il obtint de sa part une assistance militaire et financière. 10 de ses combattants furent même entrainés à piloter des avions de combats légers.

Alors que durant la cinquième phase , dans les années 90, le Kenya a rejoint les pays par lesquels transitent les ravitaillements militaires de la milice sudiste. Acheminant des armements lourds, dont des chars et de l’artillerie antiaérienne. En 1993, la coopération entre Israël et la milice baptisée l’armée populaire englobaient différents domaines : allant du financement, de l’entrainement et le ravitaillement, jusqu’aux informations et la supervision technique israélienne dans les opérations militaires.

Dans toutes ces étapes qui ont perduré plus d’un demi-siècle, durant lesquelles l’entité sioniste menaient le jeu pour préparer la scène sudiste du Soudan à la division, les pays occidentaux , à leur tête les États-Unis mettaient bien du leur, combinant les pressions politiques et économiques, aux rounds de négociations, pour pousser le gouvernement soudanais central à se résigner. Alors que les dirigeants arabes regardaient faire, sans broncher, dans un silence de mort.

Pourtant, tous les pays arabes et musulmans sont menacés. D’ores et déjà commencent à se concrétiser les revendications kurdes en Irak (le Kurdistan dispose déjà d’un statut privilégié qui ressemble fort à celui du Mont-Liban, au dix-neuvième siècle)... Entamée au début du vingtième siècle, la division du monde arabo-islamique semble avoir été relancée de nouveau. Ayant atteint son apogée par l’usurpation de la Palestine, épisode de loin le plus dramatique, son avortement, du moins ses prémisses, devraient indubitablement passer par sa libération !!


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11 janvier 2011 - Al-Manar


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