Bon voyage, ’Viva Palestina’
dimanche 13 décembre 2009 - 07h:10
Stuart Littlewood
The Palestine Chronicle
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Pour le long convoi Viva Palestina, c’est parti. Il a quitté Londres dimanche, avec des médias qui ont fait le maximum pour ne pas le voir malgré l’occasion de faire des photos et une conférence de presse tenue devant le siège des Chambres du Parlement.
- Bon voyage, les gars !
La centaine de véhicules qui transporte de l’aide humanitaire est attendue à Gaza pour le 27 décembre - date anniversaire du déclenchement de l’attaque éclair meurtrière d’Israël.
J’ai demandé aux organisateurs s’ils avaient prévu un sac postal pour apporter à Gaza les salutations saisonnières de ses partisans et sympathisants. Personne n’a confiance dans le courrier normal qui doit transiter par Israël. La réponse a semblé « négative », peut-être que l’idée représentait une trop lourde charge pour une opération déjà compliquée.
S’il y avait eu un sac postal, j’aurais écrit une lettre à Monsieur Haniyeh, que les médias appellent le Premier ministre « de facto » de la bande de Gaza. « De facto » étant utilisé pour montrer qu’il n’est pas reconnu officiellement. Pourtant, tout le monde, en dehors de Whitehall (*) et de la Maison-Blanche, reconnaît que Monsieur Haniyeh, du Hamas, est le vrai, le démocratiquement élu, le légitime Premier ministre. Mon message, à lui adressé, aurait probablement dit quelque chose comme çà :
Monsieur Haniyeh,
Salam aleikoum. Beaucoup d’entre nous ici, au Royaume-Uni, faisons de notre mieux pour persuader nos dirigeants politiques et religieux de tendre la main de l’amitié et du dialogue au peuple de Gaza et à son gouvernement élu.
Malheureusement, nous sommes gouvernés par des gens de jugement incertain et qui ont des liens avec le lobby pro Israël. Néanmoins, vous serait-il possible d’inviter des gens comme Blair, Brown, Cameron et autre Miliband à Gaza, pour qu’ils voient par eux-mêmes ce qui arrive à un peuple, à une terre, une économie et une culture autrefois confiés au gouvernement britannique dans le cadre d’un mandat qui visait à préparer l’indépendance et la prospérité ?
Et quand vous le ferez, merci de nous en informer, moi et les autres qui sommes intéressés à ce que ces occasions soient publiés et connues de l’Occident.
Aussi, votre service de presse serait-il assez gentil de tenir les partisans de Gaza en Occident pleinement informés de vos efforts diplomatiques en créant une liste de diffusion d’informations ?
Puis-je également vous demander quand le Hamas compte publier une Charte révisée ? Beaucoup pensent que c’est une mesure nécessaire et urgente afin que les Gazaouis puissent profiter d’une admiration et d’une bienveillance récemment acquises et impulser leur élan pour la liberté.
Avec beaucoup d’amis, nous ne sommes pas en mesure de nous joindre au convoi Viva Palestina, mais je vous prie d’accepter nos meilleurs v ?ux pour le Nouvel An, pour le brave peuple de la bande de Gaza, et nos espoirs sincères pour que 2010 lui apporte plus de justice, pour lui, et en fait pour tous les Palestiniens, musulmans et chrétiens.
Le Hamas est un mouvement islamiste de résistance. Il fait ce que dit son label : résister à l’occupation israélienne par tous les moyens. Le Département d’Etat des Etats-Unis a classé le Hamas comme organisation terroriste au motif que « différents éléments du Hamas avaient utilisé tant les moyens politiques que violents, dont le terrorisme, pour poursuivre l’objectif de créer un Etat palestinien islamique en Israël ».
Pourquoi, vous demanderez-vous, l’Administration US ne s’est-elle pas préoccupée de la violence extrême utilisée par Israël pour créer un Etat pour les seuls juifs sur des terres appartenant aux Palestiniens ? Le Département d’Etat ignore-t-il vraiment où, officiellement, finit Israël et où commence la Palestine ?
La Grande-Bretagne de son côté a mis le Hamas hors la loi parce que « le Hamas avait pour objectif la fin de l’occupation israélienne en Palestine et la création d’un Etat islamique ».
Cela fait-il du Hamas notre ennemi ? Représente-t-il une menace pour les intérêts britanniques ? Non, contrairement à Israël qui ne pense qu’à tirer sur des photographes britanniques et à les tuer, à mettre en danger la vie de Britanniques en éperonnant et tentant d’envoyer par le fond en haute mer leurs bateaux non armés, à bloquer des bénévoles britanniques qui viennent en aide à des enfants affamés et malades, à bombarder des infrastructures financées par les contribuables britanniques et à faire infiltrer notre gouvernement, à tous les niveaux, par des gens liés au lobby pro Israël afin d’infléchir la politique étrangère en sa faveur... et de s’assurer que nous « proscrivons » bien le Hamas.
Les atrocités commises par Israël ont transformé les Gazaouis et leurs dirigeants Hamas en héros de classe mondiale. Il est difficile de savoir où vous et moi nous nous situerions par rapport à la loi, si nous avions des relations avec le Hamas « terroriste » ; si je décidais d’écrire en ces termes amicaux à Mr Haniyeh ; ou si le convoi apportait du chocolat (une substance dont l’entrée dans la bande de Gaza est interdite par Israël) pour les enfants du Premier ministre ; serions-nous arrêtés, accusés de donner un réconfort à l’ennemi, mis aux fers, flagellés et « rendus » aux tortionnaires étrangers ?
Ce matin, j’ai lu dans un article du Jerusalem Post que la politique du gouvernement israélien consistait à ne pas laisser entrer de hautes personnalités politiques, tels des ministres des Affaires étrangères, dans la bande de Gaza depuis Israël. L’une des raisons est d’empêcher le Hamas de profiter de la légitimité que lui apporteraient de telles visites. Une autre est, bien sûr, de cacher la situation épouvantable qu’Israël a créée là-bas. Le plus étonnant est que les autres nations acceptent docilement cette interdiction.
Le convoi évitera purement et simplement Israël en faisant un long détour par le sud de la Jordanie, passant en Egypte avant de remonter vers le nord pour entrer à Gaza par Rafah. Les ministres des Affaires étrangères devraient faire de même.
Bon voyage, les gars !
(*) : Avenue de Londres où sont concentrés les principaux ministères et les principales administrations publiques.
Dans son livre Radio Free Palestine, l’auteur raconte le sort des Palestiniens sous l’occupation.
Du même auteur :
Les jeunes Palestiniens : des cibles faciles Le génie comique de Netanyahu A quand la tolérance zéro pour ces racistes sans pitié ? Voyage papal en Palestine : Le Pape "s’abstiendra de visiter Gaza". Le deux poids deux mesures guide la diplomatie occidentale
Londres, le 9 décembre 2009 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP
