La bataille du 6e congrès est surtout celle entre deux lignes

A l’heure où le présent article a été écrit, les participants au 6e congrès général du Fatah palestinien venaient à peine de débuter la réunion à huis clos, qui devra s’achever par l’élection des membres du Comité central et du Conseil révolutionnaire, les deux instances suprêmes du mouvement nationaliste. Les résultats du vote ne seront connus que ce matin car les débats et le scrutin en cette séance ultime du congrès sont annoncés houleux et serrés. L’enjeu dans cette bataille électorale n’est pas mince. Car si tous les congressistes sont d’accord qu’il est existentiel pour le Fatah, dont la crédibilité et la popularité sont sérieusement dégradées, de prendre « un nouveau départ », en réaffirmant une identité politique dans laquelle se reconnaîtra la majorité des Palestiniens, ils sont loin de l’être sur la composante humaine des deux instances suprêmes du mouvement à laquelle il reviendra de concrétiser ce « nouveau départ ».

Il a été beaucoup écrit et commenté que le Fatah est secoué par un « conflit générationnel ». Entre une vieille garde qui, à l’épreuve de l’exercice du pouvoir dans le cadre de l’Autorité palestinienne, a perdu de son aura en raison de l’échec des politiques qu’elle a eu à conduire et de la corruption qui a entaché certains de ses membres, et une jeune garde qui estime, non sans raison, être le gage de ce « nouveau départ » auquel aspirent les militants du Fatah mais aussi l’ensemble de la population palestinienne.

Le point de vue n’est pas faux et souligne une réalité qui existe au sein du Fatah. Sauf qu’il est réducteur et simpliste si on en fait le seul moteur de la bataille interne qui est en cours dans le mouvement depuis l’échec de celui-ci aux élections législatives qui ont vu le triomphe du « frère ennemi » islamiste, le Hamas.

La « vieille garde » tout comme la « jeune » ne sont pas en effet unanimes respectivement sur le contenu à donner au « nouveau départ » qui doit permettre la rédemption et le retour en puissance du Fatah sur la scène politique palestinienne. Des passerelles existent entre elles parce que des personnalités de ces deux courants défendent solidairement des positions politiques et stratégiques qui transcendent leur appartenance générationnelle. Et c’est finalement cette proximité de vision qui s’avérera déterminante pour le choix des membres du Comité central et du Conseil révolutionnaire.

Autrement dit, la bataille du 6e congrès est surtout celle entre deux lignes. Celle symbolisée par Mahmoud Abbas, qui est la poursuite des négociations liées au processus d’Annapolis, qui n’a abouti qu’à la rupture de l’unité nationale palestinienne, et celle dont Marwane Barghouti notamment est la personnification, qui, tout en affirmant sa volonté de faire la paix avec l’Etat sioniste, n’exclut pas pour autant de poursuivre la résistance armée contre l’occupation israélienne et de chercher à renouer le lien unitaire avec le Hamas pour cette option.

La composante des instances suprêmes du Fatah qui sortira du 6e congrès sera la représentation du rapport de force entre les deux courants qui coexistent pour l’heure dans le mouvement. Car il n’est pas impossible que leur confrontation, faute d’un « compromis » acceptable par tous, se traduise par l’implosion du mouvement.

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8 août 2009 - Le Quotidien d’Oran - Analyse