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Pour une véritable coexistence éthique

jeudi 2 avril 2009 - 19h:12

Omar Barghouti - L’Humanité

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Pourquoi préconiser un boycott international des relations avec Israël ?

Video d’un interview d’Omar Barghouti sur Free palestine

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Omar Barghouti

Les crimes commis à Gaza ont donné une impulsion aux campagnes de la société civile internationale pour obtenir qu’Israël soit traité comme l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. Sans s’en rendre compte, Israël a déclenché le commencement de la fin pour son régime d’occupation coloniale et sa version particulière d’apartheid.

L’appel de la société civile palestinienne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) a été lancé en 2005, mais jusqu’en 2008 son écho est resté pour l’essentiel limité à des églises, des syndicats et des associations dans des pays comme l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Irlande, la Norvège, où l’influence de groupes soucieux de morale est importante.

Mais l’Occident dans son ensemble, les grands partis, les syndicats et les réseaux de la société civile sont restés indifférents ou ouvertement hostiles au BDS, soit par crainte d’être accusés d’antisémitisme - accusation sans aucun fondement mais crainte bien enracinée -, soit par le réflexe paternaliste de croire qu’on sait mieux que les Palestiniens ce qui est bon pour eux.

Mais devant le large soutien obtenu par le BDS à la suite du terrorisme d’État israélien à Gaza, qu’il s’agisse du blocus ou des violations de la loi internationale, les avocats d’une juste paix en Palestine sentent que le « moment sud-africain » est enfin arrivé. Israël est désormais largement considéré comme un paria international qui commet impunément des crimes de guerre et qui doit en être tenu responsable.

En Europe, en particulier, on voit de grandes organisations et des mouvements sociaux qui protestent contre la complicité des gouvernants avec les crimes israéliens et qui réclament la suspension de l’accord de coopération entre l’Union européenne et Israël. En 2008, pour protester contre la célébration des soixante ans d’Israël, des artistes et des figures importantes de la culture ont décidé de ne pas y participer, répondant à l’appel pour le boycott d’Israël, lancé par plus de cent soixante-dix syndicats, partis politiques, mouvements de masse et organisations sociales palestiniennes. Parmi eux, Bono, Björk, les Rolling Stones, Jean-Luc Godard et Snoop Dogg. Parallèlement, nombre d’universitaires et d’artistes ont observé ce qu’on peut appeler un boycott silencieux, en ne participant pas aux festivités sans annoncer publiquement leur soutien au boycott

Avec les événements de Gaza, le mouvement pour le BDS s’est répandu dans le monde à un rythme sans précédent. Le mois dernier, le conseil municipal de Stockholm a annoncé que la société française Veolia, actuel exploitant du métro de la ville, avait perdu un contrat de trois milliards et demi d’euros - Veolia est impliquée dans le projet de construction du tramway reliant Jérusalem-Ouest aux colonies illégales en territoire palestinien.

À Durban, le syndicat des dockers a refusé de décharger un cargo israélien, ce qui rappelle des mesures analogues prises autrefois contre des navires sudafricains. Un syndicat de dockers australien, un groupe de dirigeants syndicaux progressistes américains ont décidé d’appuyer l’action du BDS. Le Hampshire College a pris une décision historique en annonçant qu’il cessait son investissement dans six compagnies tirant profit de l’occupation israélienne : ce collège a été le premier à se désinvestir d’Afrique du Sud dans les années 1970. Même en France, où le boycott a été fortement combattu pendant des années, des universitaires de renom ont signé un texte soutenant explicitement le BDS [1].

Ces récents succès de la campagne pour le BDS nous font espérer qu’on verra un jour la fin de l’impunité d’Israël et de sa collusion avec l’Occident, les Nations unies et les pays arabes, ce qui permettra à une paix juste de s’établir en Palestine et dans toute la région. C’est seulement ainsi qu’on donnera une véritable chance à une coexistence éthique.

* Omar Barghouti est membre fondateur de la campagne pour le BDS (http://www.BDSmovement.net).

[1] Voir le quotidien l’Humanité daté du 3 mars 2009.

Du même auteur :

- Les groupes palestiniens et le boycott d’Israël - 24 octobre 2008
- Tu crois savoir danser ? - 10 mars 2008
- Il est temps de boycotter Israël au niveau mondial - 24 janvier 2008
- Contre ? Ça jamais ! L’Europe complice du lent génocide perpétré par Israël
- "Aucun État n’a le droit d’exister comme État raciste" - 7 décembre 2007
- "Un choix moral", le boycott secoue Tel Aviv - 11 juillet 2007

28 mars 2009 - L’Humanité - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.humanite.fr/2009-03-28_T...


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