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Les Arabes loin d’être unis

mercredi 25 février 2009 - 11h:42

Morsi Attalla - Al-Ahram/hebdo

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L’écart entre le rêve et la réalité chez les Arabes, et qui a de plus de plus augmenté avec la crise causée par l’agression israélienne féroce contre la bande de Gaza, s’explique essentiellement par l’insistance de pratiquer une culture sentimentale plutôt que rationaliste...

...Par conséquent, il devient impossible de parvenir à une conception correcte capable d’aider à transformer l’énergie émotionnelle de simples slogans et pancartes en réalité palpable et influente.

Il est ici important de rappeler que c’est par l’intermédiaire d’un langage sentimental que la charte de fondation de la Ligue arabe a été promulguée après la seconde guerre mondiale. De plus, les circonstances de la fondation de la Ligue sont douteuses, puisqu’à cette époque, la majorité des Etats arabes étaient encore sous occupation étrangère. Par conséquent, les 7 Etats qui ont signé la charte de fondation étaient les seuls à bénéficier d’une certaine indépendance formelle, malgré la présence de forces étrangères sur leurs territoires.

Quant aux autres Etats arabes, ils étaient loin de compte. Par exemple, certains Etats étaient sous l’occupation française qui estimait que des Etats occupés, comme l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, faisaient partie des territoires français d’outre-mer. Et quand les Etats arabes occupés ont obtenu leur indépendance avec la vague montante du nationalisme au milieu des années 50 du XXe siècle, ce nationalisme était uniquement représenté par des sentiments enflammés. Et personne n’avait sérieusement pensé à transformer ces climats positifs en mécanismes d’action basés sur des principes capables de gérer l’action arabe commune.

Au contraire, l’unique mécanisme dont le public arabe avait été témoin était représenté dans des combats, des complots cachés et des guerres entre les radios qui s’étaient divisées entre le groupe des nationalistes arabes et celui dit des rétrogrades. Les répercussions avaient été désastreuses, pour atteindre leur apogée avec la défaite de juin 1967.

Or, ce sont les sentiments enflammés de nationalisme qui avaient réussi à ressusciter l’espoir d’instaurer à nouveau l’action commune. C’est ainsi qu’en août 1967, un sommet arabe a été tenu à Khartoum. Et les décisions de ce sommet ont été formulées exactement comme le désirait l’opinion arabe, sous forme de 3 Non reflétant la domination de la pensée sentimentale : non à la réconciliation, non aux négociations, non à la reconnaissance d’Israël.

C’est ainsi que s’est perdue la chance de recourir obligatoirement à la méthode rationaliste, dans les meilleures conditions où l’esprit arabe pouvait refaire ses comptes, accablé par le sentiment amer d’une défaite inattendue.

Puis, les Arabes ont perdu d’énormes chances à la suite de la victoire de la guerre d’Octobre 1973. Cette victoire avait créé des climats positifs capables d’aider la nation arabe à faire ses premiers pas sur la voie de la pensée rationaliste. Et ce, afin de formuler un mécanisme effectif d’action arabe commune. Notamment que la première leçon tirée de cette victoire est que c’était la première fois dans l’histoire du conflit militaire et stratégique féroce avec Israël que les Arabes avaient recours à une méthode scientifique et rationaliste. Et ce partant des équipements modernes de guerres en ayant recours à des armes technologiques sophistiquées et des personnes bien formées, jusqu’à la capacité de patienter, de ne pas trop parler et de ne pas dévoiler les intentions réelles.

Or, les Arabes se sont trouvés incapables de profiter de la victoire pour fonder des assises de la solidarité arabe. Et ce par le biais de mécanismes effectifs d’action, basés sur une méthode rationaliste et un dialogue ouvert pour résoudre n’importe quel différend dans les points de vue arabes. C’est ainsi que jour après jour, le fossé s’est de plus en plus élargi et les Arabes ont échoué à parvenir à une conception commune en ce qui concerne le processus de paix et même de se mettre d’accord sur la question de la présence à la Conférence de Genève pour la paix : y aller avec une seule délégation unie ou plusieurs délégations ?

Et voilà que la situation d’aujourd’hui est la même qu’hier, avec quelques petits changements au niveau de la forme. Et c’est là que réside la crise réelle de la nation arabe pendant la phase actuelle.

Du même auteur :

- La réorganisation des rangs arabes
- Israël brouille les cartes
- Le piège de la division
- Le mal et son remède
- La honte du silence à Gaza

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 25 février au 3 mars 2009, numéro 755 (Opinion)


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