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Les entreprises de Gaza contraintes de réduire leurs effectifs

lundi 13 octobre 2008 - 06h:07

PCHR Gaza

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La date reste évidemment gravée dans sa mémoire. « Notre dernière livraison de matières premières en provenance d’Israël remonte au 28 août 2007 » raconte Rafat Redaisi.

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Une section de l’entrepôt de « Badreddin El Redaisi et associés », les plus importants fabricants de plastiques et polystyrène dans la bande de Gaza, qui demeure chroniquement en manque de matières premières.

Siège de Gaza - Témoignage 22 :

« Mais depuis plus d’une année maintenant les importations dont nous avons besoin ont été interdites. Avant le bouclage de Gaza, nous avions l’habitude d’acheter une tonne de plastique brute pour 2.500$. Nous sommes aujourd’hui obligés de compter sur le marché noir et le plastique nous coûte le double ».

Rafat Redaisi est le directeur des Ventes et du Marketing de l’usine de polystyrène et de plastiques Badreddin El-Redaisi & Partners dans la ville de Gaza, le plus important fabricant de plastiques de la Bande de Gaza. L’usine a été fondée il y a plus de 20 ans et jusqu’à récemment 60 personnes étaient employés à plein temps et 35 autres dans plusieurs ateliers et usines subsidiaires plus petites appartenant à cette même entreprise. Mais aujourd’hui la main d’ ?uvre a été divisée par deux et les heures de travail des employés restants ont été réduites. « Notre problème c’est que nous n’avons pas suffisamment de matières premières « dit Rafat Redaisi. « Nous avons une commande pour 420 tonnes de plastique et de polystyrène qui attendent de l’autre côté de la frontière, à Ashkelon (Israël). Cette commande est bloquée et stockée depuis plus d’un an parce que nous n’arrivons pas à obtenir la permission de faire entrer les matériaux dans Gaza mais nous devons malgré tout payer les frais de stockage ; alors au lieu de gagner de l’argent, nous en perdons ».

Redaisi dit qu’il y a si peu de plastique et de polystyrène à Gaza que son personnel a été obligé de demander aux clients d’apporter leur propres matières premières afin que l’usine puisse les transformer en produits finis. Badreddin, El-Redaisi & Partners ont également été contraints à radicalement réduire sur la variété des d’articles qu’ils fabriquent : passant d’environ une centaine de différents types de récipients et de conditionnements en plastique et en polystyrène à une demie douzaine de modèles de base dont les bidons d’eau et les conteneurs d’olives.

La Bande de Gaza comporte six passages frontaliers dont cinq sont directement contrôlés par Israël. Le sixième passage frontalier, Rafah sur la frontière égyptienne, est pratiquement fermé en permanence depuis juin 2006. Israël contrôle donc les mouvements des marchandises qui entrent dans et sortent de Gaza. Son siège et bouclage illégal de la Bande de Gaza inclut une multitude de restrictions concernant les importations et les exportations y compris les importations de matières premières vitales pour les constructions, la fabrication, les industries de textile et de meubles ainsi que les exportations de produits finis. Les déficits chroniques de matières premières vitaux et l’interdiction continue concernant les exportations de Gaza vers le monde extérieur sont les facteurs majeurs de l’effondrement presque total de l’économie de Gaza.

Entre juin 2007 et juin 2008, environ 42.000 ouvriers du bâtiment ont perdu leurs emplois à cause de l’interdiction israélienne d’importer des matériaux de construction et le secteur du bâtiment a subi une perte globale prolongée estimée à 58$ millions. Sur 120 entreprises de construction enregistrées dans toute la Bande de Gaza, seules 5 fonctionnent encore. Pendant cette même période de temps, les entreprises de bois et de meubles ainsi que les détaillants ont subi une perte d’environ 110 millions de dollars obligeant 600 ateliers de mobiliers locaux et d’usines à fermer.

De plus, 624 ateliers et usines de textile et de vêtements ont également fermé, provoquant de ce fait la mort de plus de 25.000 emplois locaux. Beaucoup de ces ateliers et de ces usines de textile et de mobiliers étaient des petites entreprises familiales qui faisaient vivre et employaient d’entières familles élargies. N’ayant pas le droit de se rendre hors de Gaza, les habitants n’ont pas de travail viable alternatif et le chômage et la pauvreté chronique sont montés en flèche.

Quarante cinq pourcent d’adultes en âge de travailler dans la Bande de Gaza sont maintenant officiellement au chômage et Gaza s’est redéveloppée en une des communautés du monde la plus dépendante de l’aide. Les investisseurs ont été obligés soit de suspendre soit de simplement d’annuler les projets y compris les plus importants projets de reconstruction et ce, par suite de manque de matières premières. Les investissements globaux des donateurs et des corporations pour Gaza sont tombés de 250 millions de dollars en 2005 à une estimation approximative actuelle de 10 millions de dollars

La Tahdiya (ou période de calme) qui avait été convenue le 19 juin de cette année entre Israël et Gaza n’a guère fait de différence pour l’économie rachitique de la Bande de Gaza. Les Forces d’Occupation Israéliennes (FOI) ont permis ces trois derniers mois et demi l’entrée à Gaza de quantités limitées de matériaux de construction tels que le béton et les agrégats ; mais les autres matériaux dont le plastique, le polystyrène et les textiles sont toujours soit interdits soit disponibles qu’en toute petites quantités.

Les FOI continuent à maintenir en otage toute l’économie de Gaza, obligeant les fabricants, s’ils veulent essayer de continuer leurs activités, à se tourner vers la marché noir aujourd’hui florissant afin d’obtenir des matières premières de base à des prix gonflés.

« Nous avons besoin de 30 tonnes de matières premières par mois afin de faire tourner l’usine à plein régime » dit Rafat Redaisi en nous faisant faire un tour de l’usine et de l’entrepôt attenant. « C’est une des saisons les plus importantes de l’année à cause de la récolte des olives et nous avons besoin d’encore plus de matières premières pour fabriquer des conteneurs pour les olives. Mais aujourd’hui nous sommes obligés d’acheter des conteneurs tout faits d’Israël et de les vendre car nous ne pouvons pas fabriquer nos propres produits ».

Alors qu’Israël profite de son siège illégal sur Gaza, Rafat et ses collègues essaient désespérément de garder l’usine ouverte. Il nous invite à voir son entrepôt de deux étages pratiquement vide et ses produits finis disséminés qui attendent d’être livrés à l’autre côté de la Bande de Gaza. « Il y a plus d’un an de ça, cet entrepôt était rempli de produits finis « raconte-t-il. « Mais aujourd’hui, nous avons tellement d’espace vide ici que nous pourrions jouer au football ».

Lisez les autres témoignages :

- Dans l’espoir de pouvoir exporter la récolte - 14 septembre 2008
- Informations PCHR Gaza
- Rapports PCHR Gaza

PCHR - Traduction : Ana Cléja


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