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Dans l’espoir de pouvoir exporter la récolte

dimanche 14 septembre 2008 - 05h:43

PCHR - Gaza

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Il n’y a pas de meilleur endroit par une chaude après-midi du mois de Ramadan que de se reposer dans un verger à l’ombre des goyaviers, entouré de l’odeur des fruits mûrs qui attendent d’être cueillis.

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« Le problème le plus crucial pour les fermiers de Gaza est
que nous ne pouvons pas exporter nos produits. »




Siège de Gaza - témoignage 21 :

Le fermier Sa’id Al-Agha reste assis tranquillement, ses yeux rivés sur ses arbres fruitiers. « Mon père et mon grand-père ont tous deux grandis ici en cultivant des goyaves et j’ai vécu ici toute ma vie » raconte-t-il. « Cette terre est mon sang ».

Sa’id Al-Agha cultive 30 dunams de plantations de goyaves à Mawasi situé au sud-ouest de la Bande de Gaza, un lieu où la terre argileuse favorise aussi les palmiers dattiers et les agrumes. Sa ferme de Mawasi est un havre de paix dans Gaza, un des endroits les plus denses du monde. Il y a quelque 120 fermes de goyaves tout autour de Mawasi et les fermiers et leurs familles cultivent plus de 2 500 dunams de goyaves. Les mois d’août et de septembre sont les mois les plus importants pour la récolte des goyaves et on entend les voix des cultivateurs qui s’appellent tandis qu’ils cueillent à la main des fruits.

Sa’id Al-Agha emploie 5 ouvriers agricoles à plein temps et 5 de ses 9 fils travaillent également sur la ferme. « Nous récoltons 150 tonnes de goyaves chaque année » dit-il. « Mais de 2000 à 2005, à l’époque où les colons israéliens étaient encore ici, nous laissions les fruits tomber au sol et nous ne récoltions rien ». Après le déclenchement de la deuxième Intifada en septembre 2000, les forces d’occupation israéliennes (IOF) ont mis en place des check-points à travers toute la Bande de Gaza. Mawasi, situé près d’un important bloc de colonies israéliennes, a été cerné par 2 principaux check-points et tous les accès étaient contrôlés directement par l’IOF. Les habitants de Mawasi avaient besoin de permis même pour se rendre dans la ville voisine de Khan Yunis. Ils étaient piégés. «  Je ne pouvais pas traverser le check-point même pour amener mes produits au marché local de Khan Yunis » raconte Sa’id Al-Agha. Sa famille et lui n’ont pas vendu une seule goyave pendant 5 ans. Après le retrait des colons en août 2006, il a repris l’espoir que les affaires allaient radicalement s’améliorer.

Mawasi est le jardin de Gaza, réputé pour ses goyaves qui étaient exportées dans tout le Moyen-Orient et même en Europe. Mais trois ans après le retrait des colons israéliens de Gaza, Sa’id Al-Agha attend toujours de pouvoir exporter ses goyaves. Des restrictions draconiennes ont été durablement imposées sur toutes les exportations de Gaza, ravageant l’économie de Gaza et paralysant son industrie agricole. « Si je pouvais vendre les goyaves en Jordanie ou même en Cisjordanie, à Ramallah, je pourrais gagner 1 000$ par tonne » raconte-t-il. « Mais au lieu de cela je vends tous mes fruits aux marchés locaux de Gaza. Je gagne 200$ par tonne au début de la saison et environ 100$ la tonne vers la fin de la saison. » Il dit qu’il survit financièrement grâce à l’aide qu’il reçoit de ses 5 fils et aussi parce qu’il est propriétaire de 30 autres dunams de terres sur lesquelles il fait pousser des légumes, des citrons et des clémentines. «  Je sais que je suis chanceux. Beaucoup de fermiers locaux ont été obligés d’abandonner leurs terres » ajoute-t-il.

Mohammed Mohammed Al-Ziq qui dirige la coopérative associative pour le développement agricole dans le sud de la Bande de Gaza, est également un fermier local. « Le problème le plus crucial pour les fermiers de Gaza est que nous ne pouvons pas exporter nos produits » raconte-t-il. « Près de 40% des fermiers locaux ici dans le sud de Gaza ont vendu soit une partie soit toute leur terre et ils sont partis chercher du travail dans les villes ».

La Tahdiya (période de calme) du 19 septembre entre le Hamas et Israël comprenait un accord visant à étendre l’ouverture des passages commerciaux de Karni, Sofa et Kerem Shalom afin de faciliter un échange commercial plus important à Gaza. Mais les fermiers de Gaza ne perçoivent aucune augmentation significative concernant les produits qu’ils peuvent exporter. Le siège israélien continuel et le bouclage de Gaza ont obligé les fermiers à vendre leurs produits à des prix locaux non viables, provoquant démission de beaucoup de fermiers. Gaza a une tradition agricole très enracinée. Des milliers de familles agricoles produisaient en abondance des fraises, des agrumes, des fleurs, des goyaves, des dattes ainsi que des amandes et des olives. La terre était transmise de père en fils en petit fils avec une connaissance profonde des produits à cultiver. Les fraises prospéraient à Bet Lahia au nord de Gaza ; des fermes de fleurs commerciales s’étendaient autour de Rafah et les goyaves murissaient le mieux à Mawasi. Le bouclage de la Bande de Gaza détruit non seulement l’industrie agricole mais il détruit également toute une tradition de vie.

Tandis que nous nous promenons lentement à travers la ferme de Sa’id Al-Agha, il examine ses arbres et cueille des fruits pour que nous les ramenions dans la ville de Gaza. C’est le Ramadan en ce moment alors nous ne mangeons rien pendant que nous sommes avec lui mais nous nous asseyons sous les goyaviers où l’air est plus frais. « Je ne pourrais jamais quitter ma terre » dit Sa’id Abu-Agha doucement. « C’est le mode de vie de notre famille : mon père et mon grand-père ont cultivé les goyaves ici et j’ai bien l’intention de rester ici et de faire de même ».

Lisez les autres témoignages :

- Nevin Abu Taima, étudiante bloquée dans Gaza, menacée de perdre sa bourse d’études
- Informations PCHR Gaza
- Rapports PCHR Gaza

PCHR - traduction : Ana Cléja


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