Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne [AP], a averti la semaine dernière qu’il dissoudrait entièrement l’AP si Israël libérait les parlementaires palestiniens prisonniers et affiliés au Hamas, le mouvement de la résistance islamique, rapportait la presse israélienne ce mercredi.

Mahmoud Abbas

Israël détient en captivité plus de 45 députés palestiniens pour forcer le Hamas à libérer un soldat des forces israéliennes d’occupation capturé par des résistants palestiniens lors d’une opération frontalière près de Gaza il y a plus de deux ans.

Selon le journal israélien Ha’aretz, Abbas a adressé son avertissement au commandant militaire israélien en chef en Cisjordanie, le général Gadi Chamni, par l’intermédiaire d’Hussein al Sheikh, le chef du département des affaires civiles de l’AP.

Al-Sheikh, un ancien responsable de la sécurité, est responsable de la coordination avec Israël sur les sujets impliquant les Territoires Palestiniens Occupés.

Ha’aretz a présenté l’avertissement d’Abbas comme un « message personnel, » ajoutant que le chef de l’AP a insisté auprès de Chamni sur le fait « qu’il ne parlait pas simplement de démissionner, mais de démanteler toute l’AP. »

Al-Sheikh a énergiquement nié l’information parue dans Ha’aretz, la décrivant comme « fabriquée ».
« Je ne vais pas mettre ceci en valeur en y ajoutant des commentaires, » a dit al Sheikh, affirmant qu’il poursuivrait Ha’aretz pour diffamation.

Selon des sources fiables dans Ramallah, Abbas craint que la libération des députés palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes n’entraîne la réactivation du Conseil Législatif Palestinien dominé par le Hamas et qui pourrait alors soumettre au vote une motion de défiance contre le gouvernement de Salam Fayyadh soutenu par les Etats-Unis.

Le Conseil Législatif Palestinien est aujourd’hui paralysé à cause de la rupture entre le Fatah et le Hamas et le kidnapping par Israël de la grande majorité des députés du Hamas en Cisjordanie.

Le président de l’AP, d’après ce qu’a indiqué Ha’aretz, craint que la libération des principaux hommes politiques du Hamas en échange de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé, ne renforce le Hamas au détriment du Fatah.

L’AP a mené des opérations répressives, apparemment en coordination avec Israël, contre les institutions civiles islamiques et semi-islamiques dans l’ensemble de la Cisjordanie.

Les cibles comprenaient des écoles, des orphelinats, des associations caritatives, des entreprises, des institutions financières et de santé aussi bien que de nombreuses ONGs.

De plus, les agences de sécurité de l’AP, financées et armées par les Etats-Unis, ont arrêté des centaines de personnalités religieuses suspectées de symptahie vis-à-vis Hamas. On trouve parmi les détenus des professeurs d’université, des étudiants, des chefs religieux, et des intellectuels.

Les médias contrôlés par l’AP ont de façon générale ignoré l’article d’Ha’aretz, lequel est susceptible d’embarrasser et de discréditer Abbas et son régime aux yeux des Palestiniens.

Face au Hamas, Israël veut renforcer le Fatah, pensant que ce dernier serait disposé à faire des concessions de taille à l’état juif sur les sujets liés à un statut final tels que Jérusalem, les frontières et particulièrement le droit au retour pour les millions de Palestiniens chassés de leur patrie quand Israël a été créé il y a plus de soixante ans.

Israël détient dans ses prisons et camps de détention plus de 10 000 prisonniers palestiniens, des centaines d’entre eux étant incarcérées dans de dures conditions, sans accusation ni jugement.

Certains des dirigeants palestiniens les plus importants emprisonnés en Israël sont Marwan Barghouthi du Fatah, Ahmed Sa’dat du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et Abdul Aziz Duweik, porte-parole du Conseil législatif Palestinien.

Hamas exige qu’Israël libère un millier de Palestiniens prisonniers, avec parmi eux tous les députés arrêtés, en échange de Shalit.

Mais Israël craint que céder aux exigences du Hamas ne revienne à renforcer le statut du mouvement islamique à travers les Territoires Occupés et particulièrement en Cisjordanie où le « gouvernement » de l’AP fonctionne sous occupation militaire israélienne.

Les Palestiniens sont en général très sensibles à la question des prisonniers car un très grand nombre de familles palestiniennes sont directements touchées par ces longues incarcérations de ceux qu’elles chérissent, avec un impact économiquet et psychologique élevé.

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30 juillet 2008 - Diffusé par l’auteur
Traduction de l’anglais : Alverny