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Frontière de Rafah : Abbas avocat d’Israël ?

jeudi 15 mai 2008 - 06h:54

Khalid Amayreh

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Le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a rejeté avec véhémence les demandes du Hamas de n’autoriser que les autorités palestiniennes et égyptiennes à tenir le passage frontalier de Rafah.

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Terminal frontalier de Rafah... L’attente perpétuelle ... - Photo Hatem Moussa

“Nous n’accepterons aucune nouvelle condition ; ils (Hamas) doivent revenir à l’ancien accord sur le passage frontalier. Nous sommes plus concernés par les intérêts du peuple palestinien que ne l’est Hamas. Si Hamas les soutient lui aussi, qu’ils respectent cet accord.”

Franchement, est-ce qu’Abbas sait réellement de quoi il parle ? Comme dit le proverbe arabe, “s’il le sait, c’est une calamité et s’il ne le sait pas, c’est une calamité encore plus grande.”

Je dis ceci parce l’ancien accord gouvernant les opérations au passage frontière de Rafah permet à Israël, le pays qui tente de décimer 1,5 million de Gazaouis en les affamant, d’avoir le dernier mot sur la date éventuelle de réouverture du terminal, et quand il
fermera.

Nous nous souvenons tous comment des milliers de Palestiniens, dont des étudiants, des malades, des pèlerins et autres voyageurs, bloqués du côté égyptien de la frontière pendant des semaines et des mois parce qu’un officier israélien du côté israélien de la frontière
avait décidé que ces victimes impuissantes seraient les otages de son bon plaisir et de ses instincts de cannibale.

En fait, ce sadisme minable, que M. Abbas défend maintenant
résolument, fut responsable de la mort de douzaines de Palestiniens qu’on a laissé en rade dans le désert, comme s’il s’agissait d’animaux et non d’êtres humains. Reprenez les rapports sur ce sujet, décrivant le calvaire des Gazaouis bloqués, et vous comprendrez de quoi je parle.

Comment Israël s’est-il arrangé pour maintenir fermé le passage frontalier la plupart du temps cette année ? Eh bien, c’est très simple. Selon le “merveilleux” accord qu’Abbas demande maintenant au Hamas d’accepter sans condition, le terminal de Rafah ne peut être
opérationnel qu’en présence des observateurs de l’Union Européenne. Mais les observateurs eux-mêmes, qui viennent de plusieurs pays de l’UE et dont quelques-uns peuvent tout à fait travailler pour les services secrets israéliens, sont installés dans le petit kibboutz
israélien de Kerem Shalom, à quelques kilomètres du terminal frontalier. Et selon l’accord infâme, ils n’ont un accès libre au terminal qu’après avoir auparavant reçu, tous les jours, une autorisation accordée ou non par l’armée israélienne.

De son côté, l’armée israélienne, agissant sur instructions de son gouvernement, déclare simplement et systématiquement la seule route qui relie Kerem Shalom au terminal de Rafah “zone militaire fermée”, de manière à ce que le terminal reste fermé. Evidemment, l’armée
concocte “des raisons sécuritaires” pour justifier la fermeture virtuellement perpétuelle, mais chacun, y compris les Israéliens eux-mêmes, savent parfaitement que les véritables considérations sécuritaires n’ont que très peu à voir avec les mesures israéliennes, et que le réel motif est de punir et de torturer les Palestiniens.

Comme mentionné, cet abus flagrant d’autorité n’a pas eu lieu un jour ou deux, ni même dix jours par mois. Ce fut la norme, le modus operandi, et la frontière est restée fermée de 26 à 29 jours par mois, provoquant des souffrances terribles aux Palestiniens.

Ce fut un processus délibéré et calculé, destiné à torturer, attaquer, brutaliser et humilier le peuple de Gaza, et tout fut fait au nom de l’ “accord international”.

La direction de l’Union Européenne et les états-membres savaient pertinemment ce qui se passait à Kerem Shalom. Mais ils furent trop malhonnêtes moralement et trop serviles à l’égard d’Israël et aux Etats-Unis pour émettre une quelconque objection sérieuse à la persécution
systématique, par Israël, d’un peuple impuissant dont les hommes, les femmes et les enfants se cramponnent à la vie comme les milliers de détenus juifs dans le Ghetto de Varsovie le firent il y a 67 ans.

Alors, j’aimerais demander à Abbas et à ses acolytes et à ses parasites qui parlent trop et font trop de bruit, clamant qu’ils servent les intérêts vitaux du peuple palestinien :

- Comment pouvez-vous penser que le fait de rendre à Israël le contrôle de la frontière de Rafah puisse servir les intérêts du peuple palestinien ? Etes-vous saouls ? Etes-vous stupides ? Etes-vous aveugles ? Etes-vous ignorants ?

- De plus, pourquoi pensez-vous qu’Israël doive être impliqué dans la gestion de la frontière de Rafah en premier chef ? Le passage frontalier n’est-il pas un carrefour exclusivement égypto-palestinien ? Israël n’a-t-il pas déclaré qu’il n’occupe plus la Bande de Gaza ?
Le régime sioniste n’a t’il pas répété jusqu’à la nausée qu’il n’est plus responsable de Gaza ?

- Si oui, pourquoi insistez-vous pour que le maître esclave reste l’ultime décisionnaire, l’ultime patron ? C’est écoeurant, pour ne pas dire plus, et c’et la preuve d’une sorte de soumission ombilicale de votre part envers les infâmes envahisseurs.

Je sais qu’il y a des problèmes entre le Fatah et le Hamas.
Cependant, trahir le peuple palestinien et saper ses intérêts vitaux dans le but d’affaiblir le Hamas et d’apaiser Israël et plaire à Washington frise la trahison pure et simple.

Que peut-on dire d’autre sur le fait de s’agripper à un accord invraisemblable qui permet à l’occupant diabolique de nous emprisonner, nous torturer et nous humilier en toute impunité... parce que “l’accord” le dit ?

Que l’accord aille au diable, et ceux qui l’ont signé avec.

En bref, Hamas a raison à cent pour cent. Le passage frontalier de Rafah doit être exclusivement géré conjointement par les autorités palestiniennes et égyptiennes. Et le régime de Ramallah, peut, s’il
veut, prendre part à cette gestion, comme part d’un processus de réconciliation d’ensemble entre Gaza et Ramallah.

Cependant, ramener Israël sur la scène est inacceptable. Les gens de Gaza ont largement assez souffert des mains d’Israël. Leur assassin et bourreau ne doit plus jamais être autorisé à être également leur geôlier.

Abbas va-t-il comprendre cela ? J’en doute.

Du même auteur :

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- "Abbas : Ultime effort"
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28 avril 2008 - Communiqué par l’auteur


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