L’ancien président américain Jimmy Carter a prôné le dialogue avec la Syrie et le mouvement islamiste palestinien Hamas, sans tenir compte de virulentes critiques israéliennes et américaines. Carter devrait rencontrer Khaled Mesh’al, dirigeant en exil du Hamas, à Damas à la fin de la semaine.

Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis

A Mr. Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis

Monsieur le Président

Je vous écris au nom de Gush Shalom, le Bloc Israélien pour la Paix, pour vous féliciter de votre décision sage et courageuse de vous réunir à Damas avec des responsables du mouvement Hamas pour vous entretenir avec eux des moyens de favoriser la paix dans notre région.

Je crois que c’est un acte dont le moment était venu - ou plutôt, qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps - et je voudrais que le gouvernement israélien profite de votre position, de votre prestige et de votre inlassable énergie, pour contribuer à mettre un terme à la douleur et à l’effusion de sang entre les deux peuples.

Un nombre de personnes sans cesse grandissant en arrive à la même conclusion : la politique consistant à boycotter le Hamas (qui a commençé le jour où le mouvement a remporté parmi les Palestiniens les élections démocratiques) a totalement échoué et n’a fait que générer de la souffrance et de terribles carnages pour les deux peuples.

Le gouvernement israélien, avec l’appui du gouvernement des États-Unis, a lancé des opérations militaires réduites ou à grande échelle, a constamment cherché à provoquer la guerre civile parmi les Palestiniens et a imposé un blocus économique inhumain sur la bande de Gaza, blocus qui connaît aujourd’hui même une nouvelle et cruelle aggravation avec le refus de livrer du carburant à un million et demi de personnes.

Mais tous ces actes n’ont pas brisé le pouvoir du Hamas ; au contraire, ils ont fait grandir son soutien populaire tout en affaiblissant sévèrement Mahmud Abbas (Abu Mazen) qui est de plus en plus perçu comme un collaborateur, incapable d’apporter n’importe quelle véritable réalisation à son peuple.

Le temps est venu de tourner la page en acceptant la réalité : le Hamas est une force significative parmi les Palestiniens, et continuera à l’être dans l’avenir, pour le meilleur ou pour le pire. Il est impossible de conclure un accord israélo-palestinien - et de le mettre réellement en application - sans que le Hamas ne soit partie prenante de cet accord.

Votre visite dans notre région, Monsieur le Président, a le pouvoir de donner un énorme élan pour supprimer les obstacles empêchant aujourd’hui des négociations sérieuses visant à mettre fin au conflit israélo-palestinien et à l’occupation par Israël des territoires palestiniens conquis en 1967. À mon avis comme à celui de mes camarades militants, ce qui est le plus nécessaire aujourd’hui inclut :

* Un cessez-le-feu complet entre Israéliens et Palestiniens, qui garantirait une vie quotidienne sûre aux habitants de la bande de Gaza comme au habitants des agglomérations israéliennes situées à proximité ;

* La suppression du honteux blocus économique, terrible punition collective appliquée sur les habitants de Gaza ;

* L’application enfin d’un échange de prisonniers qui rendraient à leurs familles le soldat israélien capturé Gil Shalit ainsi qu’un nombre significatif de prisonniers palestiniens

* Encourager la création d’un gouvernement d’unité nationale palestinien, représentant toutes les factions importantes et capable de négocier au nom du peuple palestinien dans son intégralité - au lieu du veto que les gouvernements israélien et américain opposent actuellement à la création d’un tel gouvernement parmi les Palestiniens.

Il aurait été le meilleur pour nous tous, Monsieur le Président, qui vous ayez pu aller à Damas avec un plein mandat du gouvernement israélien et de votre successeur à la Maison Blanche, pour que vous puissiez faire votre maximum pour trouver une solution au conflit dans notre région et faire cesser la souffrance parmi les deux peuples. Mais même en l’absence d’un mandat officiel du gouvernement, sachez que vous allez à Damas avec la sincère amitié et l’appui total des militants israéliens pour la paix.

Sincèrement vôtre

Uri Avnery

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13 avril 2008 - Gush Shalom - Vous pouvez consulter cet artucle à :
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Traduction : Info-Palestine.net