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Les guerres de Bush pour le pétrole : du Kosovo au Sahel

dimanche 13 avril 2008 - 07h:15

Hocine Malti - Algeria-Watch

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Cette quatrième et dernière partie traite de la politique américaine concernant les approvisionnements en hydrocarbures (extraction et transport)dans les Balkans et en Afrique.

Première partie : Les guerres de Bush pour le pétrole : l’Afghanistan
Deuxième partie : Les guerres de Bush pour le pétrole : l’Irak
Troisième partie : Les guerres de Bush pour le pétrole : l’Asie Centrale

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Des soldats US du 1er Bataillon du 10ème Groupe aéroporté des Forces spéciales enseignant la guerre contre-insurrectionnelle aux soldats maliens

Le Kosovo

La guerre du Kosovo, marquée particulièrement par le bombardement de la Serbie, a eu lieu en 1999 ; elle s’est soldée, le 17 février dernier, par une indépendance auto proclamée de la province serbe et le nouvel état a été immédiatement reconnu par les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et la France. Le fait que l’OTAN se soit "portée au secours" des Kosovars, ait bombardé Belgrade, ait gardé la mainmise sur ce territoire durant neuf ans et l’ait poussé à proclamer son indépendance en violation de tous les textes des Nations Unies, en particulier la résolution 1244 du Conseil de sécurité, par laquelle celui-ci garantissait l’intégrité territoriale de la Serbie, démontre bien que de très gros intérêts sont en jeu dans cette région.

Les Kosovars ne se sont pas trompés sur l’identité du pays qui leur a fait cadeau de cette indépendance, vu qu’ils n’ont arboré que le drapeau américain et celui de leurs cousins albanais, lors des manifestations de joie de la population qui ont marqué l’évènement. Les intérêts des uns et des autres dans cette affaire ne sont pas les mêmes.

Pour les Européens, l’Allemagne et la France en particulier, la Grande Bretagne beaucoup moins, il s’agit de faire en sorte que l’Union Européenne reste présente dans le pays, y joue un rôle plus ou moins important, selon le bon vouloir des Américains et qu’à terme l’ensemble des pays balkaniques intègrent l’Union. Pour les Américains, la militarisation de la région, la présence en masse de leur armée et la création d’un patchwork de protectorats, comme le dit si bien le professeur Michel Chossudovski, constituent des conditions sine qua none pour la protection de leurs intérêts. Il s’agit aussi de contrer l’influence allemande et partant celle de l’Union Européenne dans une des régions les plus sensibles de l’ex Europe de l’est, arrière cour de l’Allemagne. Et pourtant, il n’y a pas de pétrole au Kosovo ; oui, mais il y a le corridor Est - Ouest n° 8 et il y a le pipeline AMBO.

A la même époque où avaient lieu les études et la réalisation du pipeline Bakou - Tbilissi - Ceyhan, le gouvernement américain faisait prendre en charge par le budget fédéral les études de faisabilité pour la construction d’un autre oléoduc qui relierait le port bulgare de Burgas à celui en eau profonde de Vlore en Albanie et qui traverserait la Macédoine et le Kosovo. Ce pipeline porte le nom de AMBO, du nom de la société de droit américain, dont le siège est à New York, qui a été chargée de sa construction et de son exploitation, l’Albanian Macedonian, Bulgarian Oil Corporation. Il sera d’une longueur de 894 kilomètres, transportera 35 à 40 millions de tonnes de pétrole par an et coûtera environ 1,5 milliards de dollars.

Il sera doté de 4 stations de pompage intermédiaires, deux en Bulgarie, une en Macédoine et une en Albanie. Le pétrole qu’il charriera proviendra de la région de la mer Caspienne et devrait arriver à Rotterdam ou sur la côte est des Etats-Unis à un prix très compétitif, vu qu’il évitera le goulot d’étranglement du détroit du Bosphore. Le projet a été gelé en 1996, puis remis à l’ordre du jour avec l’arrivée de George W. Bush au pouvoir. Il a alors été confié à l’Agence pour le commerce et le développement (Trade and development agency - TDA) qui l’a intégré à son Initiative pour le développement des Balkans du sud (South Balkan Development Initiative - SBDI).

L’objectif officiellement affiché de cette initiative est "d’aider l’Albanie, la Bulgarie et la Macédoine à développer et à intégrer leurs infrastructures de transport à travers le corridor Est - Ouest qui les relie". Comme toutes les autres initiatives lancées par l’administration américaine, qu’il s’agisse de la GTEP en Géorgie, de la PSI au Sahel ou d’Enduring Freedom en Afghanistan, celle-ci aussi nous est annoncée comme une opération destinée à venir en aide à de pauvres populations à travers le monde. C’est pour accomplir ce "geste de charité" que de nouvelles études de faisabilité ont été confiées par TDA à Brown and Root Corporation, la filiale engineering de Halliburton, dont Dick Cheyney a été le PDG. Après quoi, c’est tout naturellement qu’un haut responsable de Halliburton, Ted Ferguson a été nommé président de l’AMBO.

Qu’est-ce que ce corridor n° 8 ? C’est un no man’s land de plusieurs kilomètres de large, qui relie la mer Noire à l’Adriatique, à l’intérieur duquel sera construit l’oléoduc, dont la pose devrait commencer vers la fin de cette année, pour une mise en production en 2011. Il y aura à l’intérieur de ce corridor d’autres infrastructures, dont une autoroute, une voie de chemins de fer, des stations d’écoute, un réseau de télécommunications par fibre optique, un gazoduc et puis surtout la plus grande base militaire américaine construite en dehors du territoire des Etats-Unis depuis la guerre du Vietnam, le camp de Bondsteel.

Dans un article intitulé "La puissance américaine au c ?ur de l’Europe et le pétrole de la Caspienne", Paul Stuart nous décrivait, encore en 2002, ce camp construit sur 500 hectares de terre agricole, dans le sud ouest du Kosovo, près de la frontière macédonienne comme suit : « Le camp compte 25 kilomètres de routes et plus de 300 bâtiments, le tout entouré de 14 kilomètres d’enceinte en terre et béton, 84 kilomètres de barbelés et 11miradors.

Il est si grand qu’on y distingue un centre ville, des faubourgs et des banlieues ; il y a des secteurs commerciaux, des salles de sport ouvertes jour et nuit, une chapelle, une bibliothèque et l’hôpital le mieux équipé d’Europe. Présentement, 55 hélicoptères Blackhawk et Apache y sont basés ; il n’y a pas de piste d’aviation, mais le lieu a été choisi en raison de ses possibilités d’extension. Selon certains, il pourrait être appelé à remplacer la base d’Aviano en Italie ... Ceux qui ont visité Bondsteel disent que c’est comme changer de siècle : les alentours sont extrêmement pauvres, avec un taux de chômage de 80%, puis le camp apparaît à l’horizon avec son ensemble de paraboles, d’antennes de télécommunications et d’hélicoptères de combat qui tournoient au-dessus. »

Avant même le début des bombardements sur la Yougoslavie en 1999, le Washington Post soulignait : « Le Moyen Orient devenant de plus en plus fragile, nous allons avoir besoin de bases et de droit de survol aérien dans les Balkans pour protéger le pétrole de la mer Caspienne. » Pendant les bombardements, le général britannique Michael Jackson, commandant en chef pour la Macédoine déclarait de son côté ; « ... Il est certain que nous resterons ici longtemps, pour pouvoir garantir la sécurité des couloirs énergétiques qui traversent ce pays. » Quant à George W. Bush, il déclarait aux troupes stationnées à Bondsteel, lors de son premier voyage à l’étranger en 2001, que "les troupes américaines étaient au Kosovo pour y rester."

Le 27 décembre 2004 a été publiée une déclaration commune des premiers ministres albanais, bulgare et macédonien relative à la réalisation du projet d’oléoduc, qui a été suivie dans la foulée par la signature entre les représentants des trois gouvernements d’un côté, et le PDG de la société AMBO, de l’autre, de la convention par laquelle ces gouvernements reconnaissaient l’AMBO comme étant l’unique organisme chargé de la construction de l’oléoduc Burgas - Vlore et lui accordaient l’exclusivité pour négocier tous contrats ou accords avec les investisseurs et organismes de crédit engagés dans la réalisation de l’ouvrage.

Par cette même convention, les trois gouvernements s’interdisaient de publier toute information confidentielle relative au projet. C’est en octobre 2006 que l’Albanie et la Macédoine d’abord, puis la Bulgarie et la Macédoine ensuite, passaient des protocoles d’accords fixant les points d’entrée et de sortie du pipeline dans chacun des pays. C’est enfin, le 31 janvier 2007 que l’Albanie, la Bulgarie et la Macédoine signaient une convention trilatérale, ratifiée par les parlements des trois pays, qui fixe les conditions dans lesquelles se dérouleront la construction, l’exploitation et l’entretien de l’oléoduc transbalkanique. Qui sont les heureux bénéficiaires de l’ensemble du projet ? La grosse entreprise à tout faire du ministère de la défense américain, Halliburton, qui a déjà engrangé quelques centaines de millions de dollars dans cette affaire ; viendra plus tard le tour des géants pétroliers BP - Amoco - Arco et Chevron - Texaco.

"L’indépendance" du Kosovo est le dernier maillon qui restait encore en suspens pour verrouiller complètement la chaîne de bout en bout. Voila donc pourquoi, nous avons assisté à cette parodie, le 17 février dernier, par laquelle ce "pays" n’obtient d’ailleurs même pas un semblant d’autonomie. Tout comme pour la Bosnie voisine, c’est un haut représentant de la communauté internationale - les Etats-Unis et l’Union Européenne, en l’occurrence - qui détiendra tous les pouvoirs normalement dévolus à un chef d’état. C’est lui qui mènera la politique étrangère du pays ; au plan intérieur, il aura tous pouvoirs de contrôle sur tous les actes de tous les ministères ou organismes d’état, il approuvera ou rejettera toute loi, tout comme il nommera ou limogera tous les hauts responsables. Quant à la sécurité de la région, c’est l’OTAN, autant dire l’armée américaine, qui en aura la charge.

Comme quoi et encore une fois, dès qu’on sent une odeur de pétrole quelque part, voici qu’apparaît l’armée américaine ; s’il faut violer la légitimité internationale, et remettre en cause unilatéralement une résolution adoptée à l’unanimité des pays membres du Conseil de sécurité, qu’à cela ne tienne.

Le Sahel

La soif de pétrole a amené les Américains à s’installer dans le Sahel également ; pour justifier cette installation, il a fallu faire appel encore une fois à Al Qaïda. L’intervention de l’armée américaine est présentée ici aussi sous la forme d’une aide fournie par la généreuse Amérique aux pauvres pays de la région. A l’origine se trouve une fumeuse théorie, la "banana theory" émise par les stratèges du Pentagone en 2002, selon laquelle les Talibans et les combattants arabes d’Al Qaïda, une fois battus et chassés d’Afghanistan, iraient se terrer et reconstituer leurs troupes dans une autre zone de non droit ; il fut décrété que cette zone serait celle, en forme de banane, qui s’étend depuis l’Erythrée jusqu’à la Mauritanie.

Encore fallait-il trouver le motif pour lequel les troupes américaines débarqueraient, cette fois-ci, dans plusieurs pays à la fois. Le Département du renseignement et de la sécurité algérien (DRS) allait leur fournir un alibi en or avec la saga des 32 touristes européens pris en otages, au Sahara algérien, au mois de mars 2003, par un groupe du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), dirigé par un agent infiltré du DRS, Amara Saïfi, alias Abderrezak El Para. Au cours de cette épopée rocambolesque, montée de toutes pièces et dirigée par le DRS, les 32 otages (des Allemands, des Suisses et des Autrichiens) ont été trimballés pendant 177 jours à travers le sud algérien avant d’être libérés au Mali.

Avant cette affaire, le DRS avait fait plusieurs appels du pied aux Américains afin de les attirer dans la région. Ainsi, par exemple, en 2001 déjà, avait-il annoncé que l’armée algérienne avait abattu un combattant yéménite, envoyé spécial d’Oussama Ben Laden, venu prendre attache avec Abderrezak El Para précisément (qui n’était officiellement que n°2 dans l’organisation du GSPC), lequel avait alors annoncé le ralliement de son organisation à Al Qaïda ; de même, après les attentats du 11 septembre, un communiqué, attribué au GSPC mais très probablement concocté par les services de renseignements algériens, publié sur internet, annonçait que le groupe terroriste allait s’attaquer aux installations des compagnies pétrolières américaines présentes en Algérie, ce qu’il ne fit jamais. Les Américains étaient restés sourds à ces appels.

L’enlèvement des touristes européens avait été une affaire très médiatisée, qui se déroulait loin de tout regard, dans le décor grandiose du Sahara, avec une attaque présumée de l’armée algérienne qui aurait abouti à la libération d’un premier groupe d’otages, sans que, au dire même des touristes libérés, leurs ravisseurs aient été empêchés le moins du monde de se retirer ; l’épopée s’est terminée 1000 kilomètres plus loin par la libération du reste du groupe. La planète entière avait retenu son souffle devant ce véritable film hollywoodien. Le DRS venait de fournir la preuve que le Sahel était effectivement devenu une zone de non droit, que les terroristes d’Al Qaïda y faisaient la loi, passaient d’un pays à l’autre sans qu’aucune des armées de la région puisse les en empêcher et pouvaient faire plier les services de sécurité allemands, le BND, les obliger à négocier avec eux et à payer une très forte rançon.

Les Américains ne pouvaient rêver meilleur alibi qui leur permettait de venir remettre un peu d’ordre dans la région. Ils venaient d’acquérir la légitimité nécessaire pour mener leur lutte contre le terrorisme international, y compris dans cette région du monde, avec pour corollaire la possibilité d’installation de bases de l’European Command à travers le continent.

Cette intervention a été appelée Pan Sahel Initiative (PSI) et est entrée en action sur le terrain en janvier 2004. Dotée d’un budget de 100 millions de dollars, elle a consisté à assister les armées et les forces de sécurité de 4 pays du Sahel, le Mali, le Tchad, la Mauritanie et le Niger à mieux contrôler leur propre pays, leurs frontières communes, assurer la sécurité et pourchasser les terroristes. En vertu de la théorie émise par George W. Bush au lendemain du 11 septembre, selon laquelle on ne pouvait être qu’avec les Etats-Unis ou contre eux, les 4 pays concernés n’avaient pas d’autre choix que de se soumettre à la volonté de la puissance américaine, même s’ils n’étaient pas nécessairement convaincus par la mise en scène orchestrée par le Pentagone et ses nouveaux alliés algériens du DRS.

Tout comme en Géorgie, il s’agissait là aussi d’équiper et entraîner les armées locales en vue de la tâche qui allait être dorénavant la leur, celle de protéger les intérêts américains de la région. La tâche de formation a été dispensée par l’armée américaine elle-même en Mauritanie et au Mali, tandis qu’elle a été sous traitée à la société Pacific Architects & Engineers de Los Angeles au Tchad et au Niger. La PSI s’est étendue à 5 autres pays en 2005 et a pris le nom de Trans Saharian Counter Terrorism Initiative (TSCTI), les pays en question étant, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal et le Nigeria.

Ces deux initiatives ont surtout permis à l’armée américaine de s’installer durablement dans la région, d’où elle était absente jusque là. Elle lui a aussi permis de créer un chapelet de bases légères et d’obtenir des droits d’atterrissage et d’utilisation des facilités aéroportuaires dans la zone. L’une des plus importantes parmi ces bases est celle de Tamanrasset dans l’extrême sud algérien. C’est en 2003 qu’a commencé à circuler l’information relative à l’existence de cette base, une information tout le temps démentie par le gouvernement algérien. Du côté américain, le commandant en chef de l’EUCOM, le général Jim Jones déclarait qu’il n’était pas question d’installer une base permanente en Algérie, mais de disposer de droits d’atterrissage uniquement, sur l’aéroport de Tamanrasset dont la longueur des pistes, au-delà de la normale, convenait aux avions militaires également ; ceci au moment même où avançait à grands pas la construction de ce que les populations locales pensait être une base d’écoute et contrôle de satellites de la NASA, vu les panneaux installés sur le chantier.

Jeremy Keenan, Senior Research Fellow and Director of the Sahara studies program (chercheur associé et directeur du programme d’études sur le Sahara) de l’université d’East Anglia en Grande Bretagne, nous décrit cette base dans une étude intitulée "Base militaires, contrats de construction et production de pétrole en Afrique du nord" ; voici ce qu’il en dit :

« La construction de cette base a été confiée à la société BRC (Brown & Root - Condor) qui a sous traité la partie BTP à la société canadienne RSW - SCATT. Elle est entourée d’un haut mur d’enceinte et a une dizaine de kilomètres de pourtour ; elle possède une piste d’atterrissage de 4000 mètres de longueur qui permet d’accueillir les plus gros avions de l’armée américaine. Elle est constituée d’au moins 5 hangars et possède des facilités d’accueil (logement, restauration, etc.) pour un minimum de 2000 personnes, ainsi qu’une piscine olympique. Vers le mois de février 2006, elle avait abrité environ 400 hommes, une information confirmée par les policiers de l’aéroport de Tamanrasset, les contrôleurs aériens, les ouvriers embauchés sur le chantier et les commerçants de la ville ; le contrôle aérien confirme que ces 400 hommes sont arrivés par deux vols en provenance d’Allemagne. Ils ont été ensuite déployés vers le nord du Mali.

RSW - SCATT a connu quelques difficultés dans la construction de la piste, car ils ont eu à dégager une quantité plus importante que prévue de granite. Ils ont eu également à construire des digues pour protéger la piste et les quartiers d’habitation contre les crues de l’oued Aguenar, la base étant située dans la vallée de cet oued. Afin de disposer des volumes d’eau nécessaires pour les énormes quantités de béton qu’ils ont eu à couler, ils ont dû forer un puits d’eau dans l’oued Otoul, 10 à 15 kilomètres plus au nord ; le pompage dans ce puits a été si important qu’il a affecté l’approvisionnement en eau des populations locales. »

Le scandale BRC ayant éclaté dans le courant de l’année 2006 et les relations algéro-américaines s’étant détériorés, la construction de la base, qui semble être aujourd’hui à l’abandon, a été arrêtée. Jeremy Keenan se demande même qui, de l’Algérie ou des Etats-Unis, va payer la note, étant donné que des deux côtés on nie l’existence même de cette base. Il est fort probable que le gouvernement algérien finira par reconnaître qu’il existe bien une base militaire à cet endroit, qu’elle appartient à l’armée algérienne et que la présence de soldats américains n’était qu’un épiphénomène passager.

Quoiqu’il en soit, l’armée américaine est bel et bien installée au Sahel, sa présence dans la zone durera encore longtemps et n’a rien à voir avec la menace planétaire d’Al Qaïda ; il s’agit pour elle, tout simplement, de protéger les intérêts des compagnies pétrolières américaines présentes dans la région.

Du Nigeria à l’Algérie, du Tchad à la Mauritanie, en Libye, en Tunisie, au Cameroun ou, un peu plus au sud, en Angola, elles sont toutes présentes, des plus grandes au plus petites. Exxon - Mobil, Chevron - Texaco, Conoco - Phillips, Hess, Marathon Oil, Anadarko, BP, Halliburton et ses filiales et bien d’autres encore, elles sont toutes là. Vers 2020, au moins le quart du pétrole importé par les Etats-Unis proviendra d’Afrique. Et puis n’oublions pas que la Chine, l’autre gros consommateur de pétrole est entrain de s’installer elle aussi durablement en Afrique ; il faut donc s’opposer à ce danger également et rafler un nombre maximum de barils avant qu’elle ne les prenne. La véritable raison de la guerre de Bush au Sahel est bel et bien de s’accaparer des richesses pétrolières des pays riverains.

Notre conclusion sera très simple ; là où il y a du pétrole, on verra accourir les compagnies pétrolières américaines, puis derrière elles, l’armée US, car qui contrôle les sources d’hydrocarbures, contrôle l’économie mondiale. Les compagnies françaises, italiennes ou chinoises accourent elles aussi vers ces régions, mais ni l’armée française, ni l’armée italienne, ni l’armée chinoise ne s’installent à proximité. Seules les troupes de l’oncle Sam le font. Depuis le 11 septembre 2001, l’argument qui justifie ce déploiement tous azimuts est toujours le même : la présence de l’ogre Al Qaïda qu’il faut chasser. Quel épouvantail que cette Al Qaïda ! Un épouvantail si commode que s’il n’avait pas existé, il aurait fallu le créer ! Et comme par hasard, même dans les régions du monde où Al Qaïda n’est pas présente, elle apparaît comme par enchantement, à partir du moment où arrive l’armée américaine. On vous l’a dit, c’est le couple infernal. Parions qu’elle sera présente demain en Iran ou même au Venezuela, si les GIs venaient à y intervenir !

Références :

- Where the quest for oil meets the war on terror, par Raffi Khatchadourian
- Afghanistan, the Talibans and the Bush oil team, par Wayne Wadsen
- Why did we invade Irak anyway ? Putting a country in your tank, par Michael Schwartz
- America at war in Macedonia, par Michel Chossudovsky
- Military bases, construction contracts and oil production in North Africa, par Jeremy Keenan
- Enregistrement vidéo de l’interview du 2 novembre 2007 de Benazir Bhutto au canal anglais d’Al Jazeera.

21 mars 2008 - Algeria-Watch - Vous pouvez consulter l’intégralité de cet article à :
http://www.algeria-watch.org/fr/art...


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