Suite à la mort en prison en Cisjordanie d’un chef religieux proche du Hamas, d’autres détenus se sont plaints de l’usage de la torture par l’Autorité palestinienne.

L’enterrement de l’imam assassiné en prison s’est tranformée en une rare manifestation de défiance vis-à-vis du Fatah et d’Abbas

La famille et les amis de l’imam Majd al-Barghouthi affirment que celui-ci a été torturé à mort, une allégation que l’Autorité palestinienne nie énergiquement.

De nouveaux téméoignages apparaissent à présent faisant état de mauvais traitements - et même de tortures - à l’encontre de partisans du mouvement Hamas détenus dans les geôles de l’Autorité palestinienne.

Quatre hommes qui avaient été arrêtés en même temps qu’al-Barghouthi ont raconté dans leurs familles qu’ils avaient tous été attachés dans des positions douloureuses pendant leur interrogatoire et que les agents des services de renseignement avaient exigé de savoir où les détenus auraient caché des armes.

Accusé de possession d’armes, Azzam Fehil a été arrêté le 10 février et détenu pendant 13 jours dans le même service de détention qu’al-Barghouti.

Il a témoigné devant Jacky Rowland, correspondant d’al Jazeera, qu’il avait été menotté et suspendu par les bras pendant de longues périodes. Il a également raconté qu’il avait été battu à coups de pied.

Fehil dit avoir qu’il a été libéré le jour de la mort de l’imam al-Barghouti.

Ce mois-ci la commission palestinienne des droits de l’homme a fait deux demandes pour pouvoir visiter le centre de détention, mais sans succès.

« J’ai vu apparaître, depuis juin et à la suite, les mauvais traitements et l’utilisation de la torture. Et nous parlons ici de tous les secteurs qui sont sous responsabilité de l’Autorité palestinienne, » explique Randa Siniora de la Commission indépendante palestinienne pour les droits des citoyens.

« Avec cette polarisation et cette coupure politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, je pense que les objectifs sécuritaires ont pris le pas sur beaucoup d’autres questions. »

Enquête contestée

L’Autorité palestinienne a annoncé une enquête officielle sur la mort d’al-Barghouthi.

« D’une façon générale, n’importe qui peut lancer des accusations. Cependant, la vérité est que les marques que vous avez vues sur les poignets de ces prisonniers sont dûes aux menottes utilisées, » a déclaré le général Mossab al-Sa’di, chef des Services des Renseignements en Cisjordanie.

« J’imagine que dans n’importe quel pays du monde, lorsqu’on arrête quelqu’un qui est simplement un criminel, on le menotte. Aucun de nos officier, que ce soit pendant l’interrogation ou au moment de l’arrestation, même si le criminel résiste, ne les frappe. Nous n’avons jamais torturé personne. »

Mais les responsables du Hamas déclarent qu’ils n’ont aucune confiance dans une enquête de l’Autorité palestinienne [de Ramallah].

Ce dimanche, environ 3000 partisans du Hamas ont suivi l’enterrement de l’imam, âgé de 44 ans, accusant l’Autorité palestinienne du meurtre et transformant la cérémonie en une rare manifestation de défit contre le président Mahmoud Abbas.

Al-Barghouthi faisait partie des centaines de partisans du Hamas emprisonné par les forces de sécurité d’Abbas en Cisjordanie après la prise de contrôle du Hamas sur la bande de Gaza en juin. Des dizaines d’entre eux sont toujours détenus.

La colère suscité par le meurtre de l’imam a provoqué de nouveaux affrontements entre les partisans du Hamas et la police palestinienne fidèle au Fatah.

Et sans signe de réconciliation en vue entre les deux factions, les scènes déplorables où l’on voit des Palestiniens s’affronter à d’autres Palestiniens sont susceptibles de se reproduire à travers la Cisjordanie.

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26 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Alverny