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Colonisation : révélations sur une spoliation

vendredi 22 février 2008 - 06h:46

Juan Miguel Muñoz

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Un rapport officiel israélien révèle que les gouvernements israéliens successifs ont violé leur propre législation durant 30 ans dans le but d’établir des colonies sur des terres privées appartenant à des Palestiniens.

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Hébron, un des pires cas de collusion étroite entre l’armée israélienne et ses colons - Photo : Anne Paq

Tout se présente avec l’aspect de la légalité et sous couvert des sacrosaintes raisons de sécurité. Mais les sentences du tribunal suprême israélien volent en écats lorsque les colons en Cisjordanie occupée, avec l’appui éhonté des gouvernements israéliens successifs, passent outre. C’est ce qui a été établi par un document officiel israélien : plus de 33% des terres sur lesquelles ont été construites les colonies ont été « temporairement » confisquées pour des raisons de sécurité, ce qui, selon la législation israélienne, empêche qu’on puisse y établir des colonies.

Plus encore : ces terres étaient des propriétés privées appartenant à des Palestiniens. Le concept de temporalité est interprété de manière évidemment laxiste, parce que l’escroquerie dure déjà depuis 30 ans, et affecte, comme le fait savoir l’ONG La Paix Maintenant, 44 des 120 colonies de la Cisjordanie, certaines étant parmi les plus peuplées.

Depuis maintenant un an La Paix Maintenant mène une bataille devant les tribunaux pour que le ministère israélien de la défense communique les rapports qu’il avait produits concernant les terres agricoles arrachées aux paysans palestiniens. Presque personne n’ignorait le tour de passe-passe. Les dénonciations venant de plusieurs ONG ont été constantes depuis des années. Toutefois, les informationss révélées au public aujourd’hui viennent de l’administration civile, un organisme régi par des militaires en charge des affaires relatives aux colonies en Cisjordanie.

L’entreprise coloniale en Cisjordanie a débuté en 1967, après la guerre des Six Jours, et 120 coloniess ont été contruites jusqu’à aujourd’hui. Sans compter les colonies sauvages qui naissent en suivant un modèle qui s’est répété jusqu’à maintenant. Sans avoir besoin de reculer plus loin dans le temps, c’est ce qui est arrivé mercredi dernier [13 février] à Maskiyot sur les bords du Jourdain : un groupe de juifs fanatiques religieux place des caravanes sur une colline de Cisjordanie ; peu de temps après ils installent l’électricité.

Puis ensuite l’’approvisionnement en eau. Et le tout avec l’approbation d’une armée qui ne laisse passer personne à travers le territoire occupé, pourvu qu’il s’agisse de Palestiniens. Les dénonciations d’organisations comme Rabbins pour les Droits Humains sont innombrables, parce que les colons détruisent en outre les oliviers des domaines proches et donnent libre cours à leur racisme anti-arabe.

Jusqu’à la fin des années soixante-dix, la majorité des colonies ont été établies sur des terres volées par l’armée. En 1979, le Gouvernement conservateur de Menahem Begin a décrété que la construction de colonies ou l’extension de celles qui existaient ne pourraient se faire que sur des terrains de propriété étatique, ce qui est déjà beaucoup dire concernant un territoire sous occupation, et dans aucun cas pour des motifs de sécurité.

La décision suivait un jugement du tribunal suprême interdisant l’expropriation de propriétés [palestiniennes] au profit de la colonie d’Elon Moreh, près de Naplouse, le tribunal n’en voyant pas la « nécessité pour la sécurité » de l’État. Mais quand il est question de religieux sionistes, les lois israéliennes elles-mêmes n’entrent plus en ligne de compte.

Depuis cet décret de Begin, au moins 19 des 44 colonies de Cisjordanie[mentionnées plus haut et sur un total de 120] ont été construites sur des propriétés qui n’appartenaient pas à l’État et qui ont été confisquées pour des raisons de sécurité. « Ces données prouvent que le vol systématique de terres dans le but d’établir des colonies a été mené à bien par l’utilisation imaginaire et complètement illégale du terme ’nécessités militaires’ », affirme l’avocat Michel Sfarad. « La dissimulation de cette information pendant toutes ces années démontre que les autorités savaient qu’elles commettaient des actes illégaux ».

L’armée d’occupation elle-même admet le non-respect des normes : « Au début des années quatre-vingt, quelques enclaves ont été aménagées pour des bases militaires et dans plusieurs cas ces enclaves se sont ensuite transformées en colonies. Des terres sont confisquées pour construire des routes, ou de nouveaux bâtiments dans des colonies déjà en place ». Selon les plaignants, les raisons de sécurité invoquées ne sont rien de plus qu’un simple subterfuge pour étendre la colonisation. « Les colonies », affirme La Paix Maintenant, « sont une lourde charge dans laquelle l’armée doit investir beaucoup de monde et de ressources financières pour en assurer la construction ainsi qu’en garantir les infrastructures d’accès ».

Le sujet est de première importance et fait partie des questions les plus sensibles dans la négociation naissante entre Palestiniens et Israéliens. Jusqu’à un point tel qui le ministère israélien de la défense s’est opposé résolumentt pendant plus d’une année à ce que soit publié le document de l’administration civile. « La publication de cette information peut mettre en cause la sécurité de l’État et les relations internationales d’Israël », a prétendu le ministère devant le tribunal.

Les tenaces avocats israeliens qui défendent les droits des propriétaires palestiniens et qui ont révélé ces informations si sensibles, ne sont pas d’accord : « L’argument selon lequel cela affecterait les relations diplomatiques pour Israël est particulièrement ridicule, puisque pour tous les pays du monde l’entreprise de colonisation est dans tous les cas illégale et illégitime ».

Du même auteur :

- La guérilla souterraine du Hamas
- La paix se heurte à la dégringolade économique en Palestine
- Les Egyptiens et les Palestiniens réinstallent la frontière
- Le Hamas a réussi à envenimer les relations entre l’Egypte et Israël

17 février 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet articlle à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction : Claude Zurbach


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