16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le Hamas a réussi à envenimer les relations entre l’Egypte et Israël

mardi 29 janvier 2008 - 04h:20

Juan Miguel Muñoz - El Païs

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Certains dirigeants israéliens sont habitués à faire des déclarations aux antipodes des usages diplomatiques.

JPEG - 27.2 ko
Soldat du Hamas protégeant les travaux de démolition du mur - Photo : AP

L’un d’eux est Ehud Barak. Le responsable de la défense et ex-premier ministre avait affirmé plusieurs semaines auparavant que le président égyptien, Hosni Mubarak, était très âgé et qu’il n’était pas capable de contrôler la situation à la frontière avec Gaza. Les déclarations ont fait l’effet au Caire d’un coup de canon.

Il est évident qu’il y a toujours des secondes parties dans le labyrinthe politique infernal au Proche Orient. Et le retour de bâton a été immédiat. Le Hamas a démoli mercredi la frontière si sensible entre Gaza et l’Egypte, et a mis à bas depuis aujourd’hui quatre jours le cruel blocus israélien appliqué sur le territoire.

Mubarak, par dégoût d’Israël, a donné le libre accès à la population du territoire palestinien pour qu’il puisse soulager en Egypte ses graves pénuries économiques. Les islamistes palestiniens ont réussi à empoisonner les relations entre Israël et l’Egypte.

Le président israélien, Shimon Peres, plus habitué que Barak aux formules diplomatiques, insiste sur le fait que le gouvernement égyptien doit assumer ses responsabilités et fermer à nouveau la frontière. Et c’est le contraire qui s’est produit ! Le mandataire du premier pays à avoir signé la paix avec Israël (en 1979) a ordonné la nuit de vendredi à ses gardes frontaliers de se replier à peine quelques heures après que ceux-ci aient commencé à se frotter aux foules palestiniennes qui devaient rentrer à Gaza avant les sept heures dans la soirée.

Mais il y a plus : hier non seulement les Palestiniens, hommes, femmes et enfants, entraient à pied par milliers en territoire égyptien, Mais était aussi autorisé l’accès aux véhicules. Des voitures et des camions ont obstrué les deux côtés de la ville de Rafah, de part et d’autre de la frontière.

L’embouteillage était tel dans la partie égyptienne que des voitures et des camionnettes se garaient jusque dans les oliveraies. Quelques organisations internationales ont évalué à presque 200 millions d’euros, durant les trois premiers jours, la quantité des échanges commerciaux dans l’immense marché que sont devenus les villes de Rafah et El Arish.

Il y a, outre des paroles de Barak, une autre raison à la colère de Mubarak. Le gouvernement hébreu a exercé une pression sur Washington pour que soit réduite l’aide financière que les Etats-Unis accorde à l’Egypte. Ce qu’il a obtenu.

En est-ce aussi la raison ? Mais le fait que Mubarak propose vendredi que le Hamas et le Fatah négocient au Caire pour trouver une solution qui permette l’ouverture du passage frontalier dans Gaza assiégé représente une autre égratignure aux intérêts israéliens. L’éxécutif d’Ehud Olmert l’a fait savoir à la fois passivement et activement. Si le président palestinien, Mahmud Abbas dialogue avec le mouvement fondamentaliste, le premier ministre hébreu coupera brutalement les négociations qui ont suivi la conférence d’Annapolis (USA). Le chef du Fatah a décidé de courber l’échine. Il a préféré dédaigner Mubarak et évidemment le Hamas.

Abbas, qui n’a pas mentionné l’initiative de Mubarak, a exigé hier du Hamas qu’il permette « le rétablissement dans Gaza de l’Autorité palestinienne » et a exigé que « les milices cessent le lancement de fusées Qassam » vers le territoire israélien. Il sait bien que les islamistes ne céderont pas, si ce n’est par la négociation. « Je jure que nous n’accepterons aucune condition préalable », a proclamé devant 200000 fidèles le premier ministre, Ismail Haniya, le 15 décembre, lors de la commémoration du vingtième anniversaire de la fondation du mouvement Hamas. Un tel serment fait en public, de la bouche d’un chef politico-religieux comme Haniya, exclut tout retour en arrière.

Aujourd’hui, Olmert et Abbas se réuniront à Jérusalem. Et, de façon prévisible, la crise de Rafah les réunira. Yaser Abed Rabbo, conseiller du dirigeant palestinien, a affirmé que « la fin du blocus à Gaza sera la question principale à débattre ». Personne ne se risquerait à parier qu’Olmert autorise l’ouverture des passages frontaliers vitaux entre Israël et la bande de Gaza. A l’occasion du conseil des ministres de dimanche dernier, et dans des déclarations postérieures, le premier ministre israélien a promis que l’étranglement se poursuivrait.

Bien que le tribunal suprême israélien ait jugé en novembre qu’il était impossible de suspendre ces approvisionnements, on ne reprendra pas les livraisons en combustible de la seule centrale électrique qui approvisionne en énergie la ville de Gaza, laquelle après le coucher du soleil se transforme en un trou noir. Et on ne livrera pas non plus essence. « Pour moi, qu’ils se déplacent à pied », a dit Olmert.

Du même auteur :

- Rafah s’est transformé en plus grand marché du Sinaï
- Bush inonde le Proche-Orient avec ses armes
- Le Hamas rend les coups
- Guerre sale entre Palestiniens

27 janvier 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction : Claude Zurbach


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.