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La guérilla souterraine du Hamas

mercredi 20 février 2008 - 05h:57

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Dans Gaza, les monticules dissimulent les mines et les miliciens. Quand tombera la nuit, des centaines de personnes sortirontt des tunnels en silence et les rempliront d’explosifs.

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Combattants du Hamas à l’entraînement - Photo : Reuters

A la surface règne le calme, mais les miliciens du Hamas attendent sous terre l’invasion israélienne annoncée. Les combattants islamiques ont imité la tactique appliquée avec un si grand succès par le Hezbollah au Liban après l’attaque israélienne de 2006.

Israël ne dissimule pas ses intentions : le ministre de la défense, Ehud Barak, répète que se prépare une « grande opération terrestre » pour imposer la soumission à Gaza, déclaré « territoire ennemi ».

Il ne faut pas chercher trop loin dans la Bande de Gaza pour se heurter avec de petits promontoires de sable que les miliciens utilisent pour placer des mines et pouvoir s’abriter en lançant leurs grenades. Ils sont placés sur les innombrables voies d’accès proches de la frontière avec Israël et qu’empruntent les tanks Merkava pour envahir ce territoire contrôlé par le mouvement Hamas.

Mais pour la première fois, ces barricades ont été érigées dans l’avenue Yala, dans le centre même de la ville de Gaza. C’est, peut-être, le seul signal visible que les Brigades Ezedín el Kassam, le bras armé du Hamás, attendent une attaque à tout moment de l’ermée israélienne.

C’est en rapport avec ce que le ministre israélien de la défense ; le travailliste Ehud Barak ne se lasse pas de répéter : « Une grande opération terrestre est chaque jour plus proche ».

Ce qui ne se voit pas, ce sont les dizaines de tunnels qui sont creusés dans la bande de Gaza depuis que le 19 septembre le gouvernement israélien ait déclaré Gaza « territoire ennemi », ce qui représente sans aucun doute une déclaration de guerre.

Ce sont des tunnels, invisibles, qui servent à placer des charges explosives puissantes sous les rues. Imitant ainsi le modèle du Hezbollah, le mouvement de la résistance libanaise dirigé par Hasaan Nasralah qui a infligé de graves dommages aux blindés israéliens au cours de la guerre de l’été 2006.

Sur la route Saladin qui traverse Gaza du nord au sud, tous les trous ne sont pas le produit de la négligence et du manque de moyens. De petits trous en forme de cercle de 40 centimètres de diamètre font une petite cannelure dans l’asphalte. Dans les trous des mines ont été placées et la cannelure reflète le câble du détonateur. « Cela se voit d’un simple coup d’oeil », commente un milicien de la branche armée du Hamas.

« Il y a trois ou quatre ans quelques collaborateurs avec Israël ont été surpris avec des chaussures portant des lames sous leurs semelles. Ils coupaient ainsi les câbles et désactivaient les mines ». Ce serait pus compliqué maintenant. Comme des taupes, les guérilleros préparent la guerre sous terre.

Les Brigades Ezedin el Kassam ont creusé des dizaines de tunnels ces deux dernières semaines. Ils le font avec discrétion, de nuit, pour éviter d’être détectés. Et ils commencent à creuser à partir d’endroits où ils ne peuvent pas être surpris.

« Les tunnels débutent depuis des maisons particulières ou des commerces appartenant à des personnes qui de toute confiance, et ils progressent sur des dizaines de mètres jusqu’aux routes. Nous divisons ensuite le tunnel en deux branches pour placer davantage de charges explosives, et quandcelles-ci seront en place nous remplissons à nouveau le tunnel avec du sable. Seul un petit morceau de câble à peine visible va à la surface », explique un milicien.

Les mesures de sécurité sont extrêmes. Nombreux sont les partisans du Fatah, le parti du président Mahmud Abbas, qui ont des désirs de revanche. La discrétion doit être totale. Pas même les combattants islamiques doivent connaître tous les détails. « Les chefs militaires », précise un membre de la brigade du Hamas, « ont divisé le territoire en plusieurs secteurs. Les représentants d’une zone du nord de la bande de Gaza ignorent où sont les tunnels dans le sud ».

Impossible, cependant, d’éviter tous les risques. Hier à Beit Hanún un homme est mort asphyxié lorsque la terre s’est écroulée sur lui alors qu’il était en plein travail.

L’alerte est au niveau maximum. Dans les centres de police, des objectifs aisés pour l’aviation israelien, ont voit à peine quelques agents de la Force Exécutive, la policir créée par le Hamas après sa victoire lors des élections de l’année passée.

Il est difficile de voir des hommes armés dans les rues, alors que c’était habituel jusqu’en juin, moment où le Hamas a expulsé de Gaza les forces loyales à Abbas.

Dans les tunnels de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, la contrebande d’armes est tombée au minimum. La milice a pris à la Garde présidentielle un arsenal complet, des véhicules, et des équipements de surveillance et de communications qu’ils ne savaient parfois ps utiliser.

« Mais nous avons appris », assurent les guérilleros. Entre autres raisons parce que des centaines de combattants ont été formés en Syrie et en Iran ces derniers mois. Une grande partie de ces armes est aussi bien à l’abri dans des abris souterrains.

Pour l’instant, le Hamas dispose à profusion de fusils et de balles. Mais les passages de Rafah ont une autre fonction. « Par là nous arrive maintenant de l’argent et par là entre beaucoup de monde dans Gaza », racontent les miliciens. Si à la surface le calme est la norme, sous terre l’activité est trépidante.

Du même auteur :

- La paix se heurte à la dégringolade économique en Palestine
- Les Egyptiens et les Palestiniens réinstallent la frontière
- Le Hamas a réussi à envenimer les relations entre l’Egypte et Israël
- Rafah s’est transformé en plus grand marché du Sinaï

4 octobre 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction : Claude Zurbach


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