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La paix se heurte à la dégringolade économique en Palestine

lundi 11 février 2008 - 05h:48

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Treize ans après la naissance de l’Autorité Palestinienne et après l’apport de milliards d’euros, la chute économique des territoires occupés atteint des niveaux sans précédent.

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Photo : AFP

Pour limiter les pénuries croissantes et dans le but d’épauler le président Mahmud Abbas dans sa guerre ouverte contre le Hamas, des délégations d’Europe, des Etats-Unis, des pays arabes, l’ONU, La Banque Mondiale et le Fonds monétaire international se donnent rendez-vous aujourd’hui à Paris, où démarre la conférence des donateurs pour la Palestine.

Ceci se fait avec une ombre de scepticisme. Parce que sont chaque jour plus nombreux ceux qui soutiennent la thèse selon laquelle les aides financières, aussi importantes soient-elles, demeurent inutiles si elles ne sont pas accompagnées de la pression politique pour résoudre le conflit qui oppose Israël aux Palestiniens.

La Banque mondiale, la Croix rouge et des dizaines d’ONG font remarquer que l’abondance de fonds (le premier ministre palestinien, Salam Fayad, a demandé 3800 millions d’euros pour la période 2008-2010) sera à peine plus qu’un soulagement aux énormes carences vécues par les civils palestiniens.

Si on ne fait pas pression sur le gouvernement d’Ehud Olmert pour supprimer les 560 contrôles militaires et blocages de routes qui empoisonnent la vie quotidienne en Cisjordanie, un apport pareil disparaitra --- ce ne serait pas la première fois--- dans un puits sans fond. Des 3800 millions, 2700 seraient consacrés aux dépenses courantes du budget palestinien, et le reste aux projets industriels, commerciaux et touristiques pour relancer l’économie.

Ils ne serviront qu’à peu de chose tant que les paysans palestiniens ne pourront pas vendre leurs fruits et légumes sur les marchés de Cisjordanie, que les entreprises seront dans l’incapacité d’assurer le transport de leurs productions, que les hôpitaux ne pourront fonctionner normalement, que les étudiants ne pourront se rendre à l’université. Les aides ne feront que perpétuer le déclin mortel que subissent les 2,5 millions habitants de Cisjordanie sous le régime des check-points.

La Croix rouge se prononce rarement sur les sujets politiques. Cependant, à l’occasion de la conférence de Paris, elle s’est lancée à tombeau ouvert. « Pourquoi appelons-nous à l’action politique ? Parce que nous ne croyons réellement pas que l’aide humanitaire puisse résoudre le problème. Les mesures imposées par Israël engendrent un énorme coût humanitaire et laissent à la population à peine de quoi survivre, mais pas suffisamment pour vivre dignement. La population civile est devenue l’otage du conflit », affirmait jeudi Béatrice Megevand, directrice des opérations du comité international de la Croix Rouge au Proche-Orient. « Si Israël n’élimine pas les obstacles au commerce, la croissance économique ne sera pas possible », ajoute le document que présentera la Banque Mondiale à la conférence.

Des gouvernements comme le gouvernement allemand émettent aussi leurs doutes. « Le développement sera obtenu seulement si le processus de paix avance réellement, si la croissance économique n’est pas obstruée par des barrières, si on arrête le développement des colonies et si on arrive à surmonter la division interne palestinienne », opine le ministre du développement Heidemarie Wieczorek-Zeul.

Il n’est pas prévisible à court terme que l’exécutif d’Olmert lâche prise. L’armée et le ministre de la défense, Ehud Barak s’opposent à la levée des restrictions. Le premier ministre israélien l’a dit très clairement hier « Nous soutenons la revitalisation de l’économie palestinienne, mais pas au dépens de la sécurité d’Israël. La question principale est la capacité qu’a l’Autorité Palestinienne d’éradiquer le terrorisme ».

Le problème c’est qu’Abbas est incapable de garantir cette sécurité, bien que sa police ait arrêté depuis juin des centaines de membres du Hamas en Cisjordanie. Et le gouvernement israélien rend le président palestinien responsable des attaques avec roquettes depuis Gaza et le prévient que s’il dialogue avec les islamistes, la négociation entamée à la conférence d’Annapolis cessera.

Gaza et le Hamas, comme cela s’est passé dans la ville américaine, seront aujourd’hui marginalisés à Paris, bien qu’ils soient dans tous les esprits.

Du même auteur :

- Les Egyptiens et les Palestiniens réinstallent la frontière
- Le Hamas a réussi à envenimer les relations entre l’Egypte et Israël
- Rafah s’est transformé en plus grand marché du Sinaï
- Bush inonde le Proche-Orient avec ses armes

17 décembre 2007 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : C.B


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