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Des étudiantes réduites au silence et brutalisées à l’Université Hébraïque de Jérusalem

dimanche 23 décembre 2007 - 07h:10

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... alors qu’elles protestaient à l’occasion d’une conférence de politique internationale.

Ce soir (18/12/07), à l’Université Hébraïque, s’est tenue une conférence publique intitulée « La démocratie peut-elle venir à bout de la terreur ? La démocratie combat la terreur avec une main liée derrière le dos. Quand, pourquoi et comment cette main doit-elle être déliée ? » Avec la participation de l’ancien président de la Cour suprême, le professeur Aharon Barak, le président de l’Université Hébraïque, le professeur Menachem Megidor, et Efraim Halevi, ancien chef du Mossad et directeur du Centre d’Etudes Stratégiques.

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18 décembre 2007, à l’Université Hébraïque de Jérusalem

Un tract (*) distribué dans le public déclarait : « Les mains de la démocratie sont "liées" par le droit humanitaire international. Les délier revient à légitimer des violations des droits humains fondamentaux sous forme de tortures, de châtiments collectifs et de crimes de guerre. » Et plus loin : « Présenter le droit humanitaire international comme des restrictions à l’efficacité militaire nous met tous en danger ».

Nous protestons contre le fait que l’Université accorde une tribune à la légitimation de violations graves aux droits de l’homme et une protection académique à la torture et à la punition collective. Alors qu’Aharon Barak parlait de « l’équilibre » entre « sécurité » et « droit humanitaire international » en Israël, y compris dans les jugements qu’il a pu rendre à propos du Mur de séparation et de la séparation des familles, nous avons trouvé qu’il était de notre devoir de protester contre le piétinement brutal et quotidien des droits de l’homme et de la sécurité, souvent appuyé par les jugements d’Aharon Barak.

— Nous insistons sur notre droit à protester contre des conférences antidémocratiques tenues dans une université publique, financée par les budgets de l’éducation. Il n’est pas possible que des conférences discutant de la démocratie réunissent exclusivement des hommes appartenant à l’élite dominante, en ne laissant aucune place à des gens dont les droits sont violés dans la réalité.

— Nous protestons contre la violence verbale et physique exercée contre nous alors qu’on nous faisait sortir avec une force exagérée et sans en avoir l’autorité, hors de la salle de conférence, contre le refus des agents de sécurité de s’identifier et contre le fait qu’ils nous ont retenues illégalement, alors que nous demandions à quitter le campus.

— Nous sommes consternées par la violence du public qui, avant même les brutalités des agents de la sécurité, réclamait le recours à la force pour se débarrasser de nous. Alors que des femmes étaient emmenées de force et traînées par terre, la majorité du public applaudissait.

— Nous demandons que le président de l’Université Hébraïque, le professeur Menachem Megidor, et l’ancien président de la Cour suprème, le professeur Aharon Barak, s’expliquent, dans la mesure où, en leur présence, de la violence verbale et physique a visé des femmes qui exprimaient leur protestation d’une manière démocratique. Et ils ont continué de parler de démocratie.

Contrairement à certains flash d’informations qui ont circulé, nous n’avons pas « quitté la salle sans heurts » : on nous a violemment entraînées, sous la clameur des applaudissements de la foule en colère. Cette conduite reflète parfaitement la raison de notre protestation : le faux « équilibre » entre sécurité et droits de l’homme est en réalité un piétinement systématique et délibéré de droits humains élémentaires, depuis la liberté d’expression jusqu’au droit à la vie.

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18 décembre 2007, à l’Université Hébraïque de Jérusalem

Aujourd’hui, 5 étudiantes risquent le comité de discipline et des sanctions de l’Université.


(*) Texte du tract :

La démocratie peut-elle venir à bout de la terreur ?

La démocratie combat la terreur avec une main liée derrière le dos. Quand, pourquoi et comment cette main doit-elle être déliée ?

Qu’est-ce qui lie cette main ?

Les mains de la démocratie sont "liées" par le droit humanitaire international. Les délier revient à légitimer des violations des droits humains fondamentaux sous forme de tortures, de châtiments collectifs et de crimes de guerre.

Comment suspendre la démocratie permet-il de vaincre la terreur ?

Si la terreur est définie comme le recours à une violence indiscriminée ne montrant aucun égard pour la vie humaine, alors elle ne peut être « vaincue » en manquant brutalement à l’engagement de la démocratie à l’égard du droit international. La terreur ne peut être combattue par la terreur. Qui plus est, en qualifiant de terroriste une personne ou un mouvement, le gouvernement acquiert un pouvoir illimité pour écraser toute opposition, en sapant ostensiblement la visée centrale d’une société démocratique.

Qui définit la terreur ?

Depuis plus de quarante ans, 3,5 millions de personnes vivent sous l’autorité militaire et civile d’Israël, sans aucune représentation au sein de son gouvernement ni la garantie de leurs droits humains fondamentaux. Elles ne disposent d’aucun moyen d’amener un changement de l’intérieur du système politique d’Israël afin de protéger leur propre sécurité. Toute tentative pour résister de l’extérieur du système politique d’Israël se voit automatiquement étiquetée de terrorisme.

On ne peut pas discuter de la démocratie en excluant ouvertement les femmes, les Arabes et toute personne qui n’est pas blanche, riche et membre de l’élite politique et militaire. C’est là un programme étroit, menaçant l’hétérogénéité même que la démocratie est censée protéger et mettant donc en danger chacun d’entre nous.

Présenter le droit humanitaire international comme des restrictions à l’efficacité militaire nous met tous en danger.

En recourant à des moyens non démocratiques tels que la torture, le châtiment collectif, la détention administrative, les restrictions à la liberté de mouvement et à l’accès aux soins de santé, la confiscation de terres, l’accaparement des ressources en eau, les coupures d’électricité, le blocus, les démolitions de maisons,
vous ne triomphez pas de la terreur : vous devenez la terreur.

Combattez la terreur - Ne la provoquez pas !




Sur un thème proche :

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Mardi 18 décembre 2007 - Relayé par Dorothy Naor (New Profile)
Traduit de l’hébreu et de l’anglais par Michel Ghys


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