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Nous ne resterons pas les mains dans les poches

mercredi 21 novembre 2007 - 15h:16

Michelangelo Cocco - il manifesto

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Le « Cheikh de Al Aqsa ». Par son intransigeance dans la défense des lieux sacrés musulmans de Jérusalem, cheikh Raed Salah s’est fait un nom qui, en même temps qu’une série d’arrestations, a fait de lui la personnalité musulmane la plus influente en Israël. Des façons courtoises et un sourire rassurant, Salah a été décrit par le quotidien Yediot Aharonot comme un leader dont l’autorité dépasse les frontières d’Israël, une « étoile montante » de la nouvelle direction arabe. Pendant les négociations de Camp David qui impliquèrent l’ex-président de l’Autorité nationale palestinienne Yasser Arafat et l’ex-premier ministre israélien Ehoud Barak, il déclara que « ce que les Israéliens appellent Mur des Lamentations fait partie de la mosquée de Al Aqsa », déchaînant la colère de Tel Aviv.

Aujourd’hui il qualifie de « nouvelle nakba » le transfert au futur état palestinien envisagé par l’Etat juif de territoires israéliens peuplés de Palestiniens en échange des principaux blocs de colonies en Cisjordanie. Nous l’avons interviewé pendant l’Al-Qods International forum d’Istanbul.





Cheikh Salah, qu’entendez-vous par ce que vous dénoncez comme « judaïsation de Jérusalem »

Ce n’est pas une nouveauté, il s’agit d’un projet qui a commencé avec l’occupation de la ville en 1967. Les Israéliens essaient de conquérir non seulement la ville, mais même ses Lieux Saints. Nos maisons, nos marchés ont déjà fait l’objet de leur conquête. Et, comme si cela n’était pas suffisant, pendant ces dernières années, le mur de l’apartheid a causé l’expulsion de 100 000 jérusalémites. Même les ONG palestiniennes de la ville ont fini dans le collimateur, à qui on a offert « une alternative » : fermer ou déménager hors de Al-Qods.

Quel compromis accepteriez-vous avec les Israéliens sur l’avenir de la ville ?

La ville de Jérusalem est historiquement une ville arabe et musulmane. La seule solution est la fin de l’occupation militaire israélienne. Nous les musulmans, nous ne sommes jamais partis de la haine à l’égard des juifs. Nous considérons la religion juive comme une religion monothéiste, comme le christianisme. Le saint Coran nous oblige à respecter l’accord avec ces religions. En outre, la société palestinienne est une société qui possède à l’intérieur d’elle-même une diversité religieuse qui - c’est notre position - doit être préservée. Mais Israël n’épargne pas non plus les Lieux Saints des chrétiens orthodoxes, sur lesquels il met la main en achetant leurs propriétés. Nous ne permettrons pas que cette situation, maintenue grâce à l’occupation militaire, continue. Notre devoir est de renverser cette occupation et de rendre la Ville au monde arabe et musulman. Chaque juif qui acceptera le nouveau statu quo sera le bienvenu.

Quel type d’appuis attendez-vous des pays arabes et musulmans ?

Dans cette conférence nous avons eu d’excellents résultats et avons confirmé que le véritable danger est qu’ Al Qods et la mosquée d’Al Aqsa restent sous contrôle de l’occupant. Nous avons réaffirmé avec force qu’il s’agit d’une question concernant tous les musulmans et c’est cela le message que la rencontre a confirmé et dont on ne peut pas faire abstraction.

Mais comment pensez-vous vous opposer à une occupation qui dure depuis plus de 40 ans ?

Nous ne resterons pas à attendre les mains dans les poches que cela finisse. Nous avons beaucoup de projets et d’initiatives pour garder nos droits sur la terre et les Lieux Saints. Nous sommes en train de créer des groupes, des associations pour garder vive l’identité arabe et musulmane de la ville. Voilà le point d’où il faut partir.

Pendant ces derniers mois, on a parlé avec insistance d’échanges territoriaux : les blocs des colonies à Israël, des parties à majorité arabe de l’actuel Israël aux Palestiniens. Seriez-vous partisan d’une solution de ce genre ?

Pour nous Palestiniens, ce serait une seconde nakba, après celle de 1948. La présence des colons est illégale, et ils doivent quitter la Cisjordanie occupée sans aucune condition. Nous par contre sommes les habitants originaires, les propriétaires de ces maisons. Nous n’avons pas construit notre avenir sur la ruine des autres. Et donc comparer la situation des colons à celle des Palestiniens d’Israël est une erreur, cet « échange » nous ne pouvons pas l’accepter.

Que pensez-vous que peut produire le prochain « sommet de paix » d’Annapolis ?

Il s’agit d’une grave erreur pour la cause palestinienne, parce que le gouvernement israélien veut mettre la sourdine au droit à la résistance des Palestiniens, et garder le contrôle sur l’esplanade des mosquées et sur la mosquée d’Al Aqsa. Il veut arrêter, une fois pour toutes, le droit au retour des Palestiniens dans leurs maisons, en le leur refusant. Et garder sa présence en Cisjordanie, et en contrôler les frontières. Il s’agirait d’un désastre et personne au monde ne pourrait accepter de pareilles conditions et un résultat pareil au sommet.


Du même auteur :

- Media activistes en lutte pour la Palestine : Intifada sur l’Internet
- Jérusalem-Est : Israël lance la mère de toutes les colonies
- Elliott Abrams, le dernier « néo-cons », veut détruire la Palestine

Michelangelo Cocco, envoyé à Istanbul - il manifesto, le 18 novembre 2007
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


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