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Elliott Abrams, le dernier « néo-cons », veut détruire la Palestine

mardi 23 octobre 2007 - 13h:57

Michelangelo Cocco - il manifesto

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Le désastre de la guerre en Irak a fait tomber les têtes parmi les plus en vue de ses collègues néo-conservateurs. Douglas Feith a quitté le Département de la défense il y a deux ans, Donald Rumsfeld n’est plus ministre de la guerre depuis pratiquement un an, Paul Wolfowitz a quitté la Banque mondiale en juin dernier. Mais le déclin du courant néo-conservateur de la droite étasunienne n’a même pas effleuré Elliott Abrams. L’architecte de la politique de la Maison Blanche à l’égard d’Israël et des Palestiniens reste rivé à son fauteuil de vice conseiller pour la sécurité nationale.

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Elliott Abrams

Et beaucoup de gens parient que derrière le faux départ de la conférence d’Annapolis sur le Moyen-Orient annoncée par Bush, il y ait sa griffe. La secrétaire d’Etat Condoleeza Rice a promis un sommet « substantif » c’est vrai, et elle est arrivée à déclarer que « le moment d’un Etat palestinien est arrivé ». Mais selon Kathleen Chistisson, analyste de la Cia pendant 16 ans, « ni les Israéliens ni l’Administration Us ne veulent de résultats concrets ». « Bush, nous dit-elle au téléphone depuis les Etats-Unis, décide sur la base de ce que lui suggèrent Abrams, Cheney et son conseiller pour le Moyen-Orient, David Wurmser, lui aussi néo-conservateur et fortement pro israélien ».

Même Phyllis Bennis, experte du Moyen-Orient à l’Isntitute for policy studies de Washington, déclare au manifesto que « Abrams, lié aux milieux les plus à droite parmi ceux qui, aux Etats-Unis, soutiennent Israël, représente la Maison Blanche plus que Condoleeza ».
Henry Siegman, longtemps directeur de l’U.S./Middle East Project auprès du Council on Foreign Relations, a écrit en février dernier sur l’International Herald Tribune : « Chaque fois qu’émerge le plus petit signe que les Etats-Unis peuvent enfin s’engager sérieusement dans un processus politique, Eliott Abrams rencontre secrètement les envoyés d’Olmert, en Europe ou dans d’autres endroits du monde, pour les assurer qu’il n’existe aucun danger de ce genre ».

Comme le 18 novembre 2003 à Rome. Ariel Sharon lui donna rendez-vous dans un hôtel de la capitale où l’ex-premier ministre israélien exposa à Abrams son plan de retrait unilatéral : soldats et colons hors de Gaza, et en avant toutes pour la construction du Mur et l’expansion des colonies en Cisjordanie. Le message, à remettre à Bush, était clair : la Road map -le plan de paix qui prévoyait des avancées pour les Palestiniens et les Israéliens- était, pour ces derniers, à jeter à la poubelle.

Né le 24 janvier il y a 60 ans, dans une famille juive de New York, maîtrise à Harvard et master à la London school of economics, Abrams fut condamné dans le scandale Iran Contras. « De même qu’il a travaillé il y a 20 ans sous Reagan avec les irréductibles pour faire échouer le plan Arias, il semble qu’il soit en train de faire la même chose contre les efforts du prince saoudien Abdullah », a écrit Jim Lobe sur International press service (Ips) ; en se référant à une autre proposition de paix, celle qui prévoit la normalisation des rapports du monde arabe en échange du retrait par Israël des Territoires occupés en 1967.

Comme tous les sionistes de droite, Abrams est persuadé que le conflit n’est pas israélo-palestinien ni de nature coloniale, mais arabo-israélien, et que l’Administration doit avoir une attitude dure à l’égard des pays arabes. Ironie de l’histoire, après l’invasion de l’Irak avec des milliers de chars Abrams, et la déclaration prématurée de « mission accomplie » sur le pont du porte-avions Abraham Lincoln, les arabes se trouvent face à face avec Elliott Abrams. Lequel, dans son livre « Foi ou peur : comment les juifs peuvent survivre dans une Amérique chrétienne » a écrit : « En dehors de la terre d’Israël, il n’y a pas de doute que les juifs, fidèles au pacte entre Dieu et Abraham, doivent vivre séparés de la nation dans laquelle ils vivent ».

Luisa Morgantini aussi pense qu’à Annapolis les Israéliens essaieront seulement de gagner du temps. « Les Usa ne sont en train de faire aucune pression sur le gouvernement Olmert pour qu’il arrête les incursions militaires ou la confiscation des terres palestiniennes - déclare au manifesto la vice-présidente du Parlement européen. Et comme preuve de leur engagement ils croient qu’une simple déclaration d’intention suffit ».

Bloquer toute hypothèse de négociation, gagner du temps. Mais comment est-il possible qu’un seul homme réussisse dans une telle entreprise ? Christison, auteur de « The siren song of Elliott Abrams », publié sur la revue on-line Counterpunch (www.counterpunch.org ) essaie d’expliquer ainsi : « Abrams est arrivé au National security council (Nsc) en 2002, quand c’était Rice qui le dirigeait.Tout ce que l’actuelle secrétaire d’Etat - experte de l’Union Soviétique- sait sur le Moyen-Orient c’est à lui qu’elle le doit ». « Quand Rice est passée au Département d’Etat, Stephen Adley lui a succédé à la direction du Nsc. Lui non plus ne savait pas grand-chose sur le Moyen-Orient et il a eu recours à Abrams ».

Un autre élément du pouvoir de ce dernier est son poids dans certains des think-tank les plus influents de Washington, parmi lesquels le Center for security policy, le Hudson institute et le Project for a new american century. « Il a toujours eu des charges bureaucratiques, qu’il a transformés en postes de pouvoir, parce qu’il comprend le président et il sait ce qu’il veut », a déclaré au Financial Times John Alterman, ancien membre du staff pour les politiques et la planification du Département d’Etat.

Pour John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Abrams est un personnage clé de ce que les deux enseignants ont défini comme le "Israël lobby", une coalition informelle d’individus et organisations qui contribue à influencer la politique extérieure de Washington dans le sens pro israélien.

« C’est Abrams - a déclaré un fonctionnaire de la Maison Blanche au Financial Times- qui est arrivé à la conclusion que Bush ne devait pas se sentir lié par des « mythes et des tabous » comme celui du démantèlement des colonies en Cisjordanie ou du retour des réfugiés palestiniens, un jour, dans leurs maisons en Israël. Utilisation de la force au lieu de la négociation, sa recette est le paradigme des néo-conservateurs dont l’idéologie, selon Christison, est encore bien présente dans l’Administration. On peut prendre les paris : à Annapolis, capitale du Maryland et des véliplanchistes d’Amérique, c’est lui, Elliott Abrams, qui aura le vent en poupe.



A propos de la conférence d’Annapolis :

- Pas une rencontre de paix, mais une conférence de guerre
- Et le spectacle continue...
- Troisième Intifada

Du même auteur :

- Media activistes en lutte pour la Palestine : Intifada sur l’Internet
- Jérusalem-Est : Israël lance la mère de toutes les colonies

Michelangelo Cocco - il manifesto, le 21 octobre 2007
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


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