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Prélude à l’attaque de l’Iran

lundi 27 août 2007 - 14h:30

Robert Baer - Time

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La décision américaine d’inscrire le corps d’élite des Gardiens de la Révolution sur la liste des organisations terroristes doit-elle être interprétée comme une étape préliminaire à une frappe sur l’Iran ? Robert Baer, ancien de la CIA et spécialiste du Moyen Orient, en est persuadé. Ses contacts à Washington sont certains que l’administration prépare une opération militaire. Ils considèrent que l’implication des Gardiens de la Révolution dans des attaques contre les forces US en Irak est avérée et constitue un casus belli. De leur côté, les néoconservateurs sont convaincus que la destruction de cette troupe entrainerait la chute du régime.


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L’armée américaine détient des militants chiites près de Seddahn dans le sud de l’Irak (Ph. Yuri Kozyrev for Time)

L’information selon laquelle l’administation Bush inscrira les Gardiens de la Révolution d’Iran (GRI) sur la liste des organisations terroristes peut s’interpréter de deux façons : soit il s’agit d’un bluff de plus, soit d’une menace, une préparation à une attaque de l’Iran. Entre les deux, les fonctionnaires de l’administration à Washington avec lesquels j’ai discuté choisissent l’hypothèse d’une frappe sur les Gardiens de la Revolution, peut-être durant les six prochains mois. Ils estiment qu’aussi longtemps que nous aurons des bombardiers et des missiles aptes à voler nous frapperons les installations nucléaires de l’Iran. Une campagne « Shock and Awe » modèle allégé, pour ainsi dire. Mais à dire vrai, ils s’interrogent ; après l’Irak la Maison Blanche ne fait plus confiance à personne, et surtout pas aux fonctionnaires de l’administration.

De la même manière que pour Saddam et ses armes de destruction massive imaginaires, le gouvernement monte pour l’occasion un dossier contre les GRI. L’armée suspecte sans pouvoir le prouver que les GRI sont les principaux fournisseurs auprès des insurgés d’explosifs artisanaux sophistiqués provoquant la mort de nos soldats en Irak et en Afghanistan. Dans leur version la plus efficace, les engins explosifs perforants (EFP), ils sont capables de percer le blindage d’un char Abrams, de le mettre hors de combat et de tuer son équipage.

Un ancien expert en explosif de la CIA qui travaille à l’heure actuelle en Irak m’a dit « Les iraniens les construisent. Point à la ligne. » Son argument est que seul un état est capable de fabriquer ces EFP qui nécessitent un procédé complexe de durcissage des métaux. Par ailleurs, il est également convaincu que les GRI aident les milices chiites à pointer leurs mortiers sur la zone verte [1] . « La façon dont ils tirent leurs projectiles, selon un quadrillage précis m’indique sans équivoque que les chiites sont aidés. Et il n’y a aucun doute, cette aide vient des iraniens, des GRI, » déclare-t-il.

La seconde partie de l’argumentaire de l’administration contre les GIR est qu’ils ont un long passé, bien établi, d’attaques meurtrières contre les américains, à commencer par celle des Marines à Beyrouth en 1983. Et il n’est nul besoin de rappeler que ce sont les GRI qui ont soutenu le Hezbollah lors de sa guerre de trente-quatre jours contre Israel l’année dernière. Le sentiment général de l’administration est que nous aurions du nous occupper des GRI il y a déjà fort longtemps.

Les justifications de l’administration pour une frappe sur l’Iran sont également renforcées par la conviction existant au sein des néoconservateurs que les GRI constituent un obstacle à l’émergence d’un Iran démocratique et amical. Ils estiment que si nous nous débarassions des GRI le régime des mollahs tomberait, mettant fin à notre guerre de trente ans avec l’Iran. Il s’agit là d’une nouvelle illusion des néoconservateurs, mais elle sous tend pourtant les réflexions de la Maison Blanche.

Que ferons-nous si c’est le contraire qui a lieu, et qu’une frappe contre l’Iran rassemble les Iraniens derrière le régime ?

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Robert Baer

Un membre de l’administration m’a déclaré que cette option n’était même pas prise en considération. « Les explosifs des GRI sont un casus belli pour ce gouvernement. Il y aura une attaque contre l’Iran. »


* Robert Baer est un ancien officier de la CIA pour le Moyen Orient. Il est éditorialiste au Time dans le domaine du renseignement.


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Après la publication de son article du Time, Robert Baer a donné une interview à la chaine de TV Fox News, partiellement retranscrite par Raw Story, qui propose également un extrait vidéo de cet entretien.

« Je me suis livré à un sondage informel auprès des membres de l’administration. Il y règne le sentiment que nous allons frapper les Gardiens de la Révolution. » a-t-il précisé.

Ses sources ne s’attendent pas à une guerre ouverte, mais à une attaque très rapide.

« Nous ne verrons pas de troupes américaines franchir la frontière... Si cela doit arriver, cela se déroulera extrêmement rapidement et en surprendra beaucoup. »

« J’espère me tromper, » a-t-il déclaré, « mais nous allons avoir la réponse. »

Ray Mc Govern, lui ausi ancien de la CIA et membre de l’organisation Veteran Intelligence Professionals for Sanity qui rassemble d’anciens fonctionnaires du renseignement opposés à Bush, commente également l’article de Robert Baer. Il estime que le départ récent de Karl Rove, l’un des plus proches conseillers du président, pourrait être lié à la préparation d’une opération militaire contre l’Iran. Ce collaborateur de Bush, qui jouait le rôle d’un contre-poids à l’influence du Vice Président Cheney, aurait ainsi manifesté son refus de participer à cette extension du conflit.

Ray Mc Govern : Bush’s New War Drums for Iran


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Robert Baer - Time, le 18 août 2007 : Prelude to an Attack on Iran
Traduction : HD, Contre Info


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