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Remarquable seulement pour son manque d’imagination

lundi 30 juillet 2007 - 09h:17

Ghassan Khatib - Bitterlemons

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Ce qui est le plus remarquable dans le discours du 16 juillet du Président George W. Bush, c’est qu’il marque la continuité d’une politique US qui a échoué au Moyen-Orient en général, et en ce qui concerne le conflit palestinien/israélien en particulier.

La réaction générale dans la région a donc été négative, et aucune émotion qu’il a pu susciter n’a survécu plus d’une journée.

Pour commencer, Bush n’est ni crédible ni qualifié pour faire des propositions qui engagent les parties et la communauté internationale sur une position claire. L’idée d’une conférence internationale, par exemple, pourrait être prise au sérieux si elle émanait du Quartet et si elle venait après quelque réflexion, préparation et coordination.

Sa référence répétée aux « modérés » laisse perplexe et même se retourne. Qui sont les modérés ? Seraient-ce ceux qui croient dans une solution négociée basée sur le droit international ? Dans ce cas, la plupart des Israéliens, dont le gouvernement actuel, en sont exclus.

Ses propos sur la réalisation de la paix avec l’Etat juif sur la base des « réalités actuelles » sont très tendancieux. Pour nous, Palestiniens, ils peuvent seulement signifier que Bush envisage que nous puissions accepter une réalité illégale qui a été créée par la force. De tels propos auront pour unique conséquence d’aiguiser les appétits israéliens pour plus de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem. Malheureusement, prendre la réalité actuelle pour point de référence - sur le terrain sous la forme des colonies et du mur - implique que les modifications illégales qu’Israël a imposées dans les territoires occupés sont irréversibles.

La seule façon de convaincre quiconque de l’ « autre côté » - c’est-à-dire les Palestiniens et les Arabes en général - du sérieux de Bush est d’utiliser les relations américano-israéliennes pour au moins mettre un terme aux mesures illégales constantes israéliennes qui renforcent l’occupation, et particulièrement l’expansion des colonies. Bush ne peut convaincre les Palestiniens et les Arabes du sérieux de sa « vision » de deux Etats vivant côte à côte sans contribuer à une telle solution en s’assurant qu’un espace est disponible pour ledit Etat, ce qui n’est pas encore fait.

Autre problème avec le discours de Bush : il envisage un monopole permanent des USA sur le processus de paix, même quand les critiques, dont beaucoup viennent de sa propre administration, soulignent l’échec lamentable de Washington à cet égard. Cette détermination à conserver un monopole US est évidente dans l’attitude américaine à propos de la mission future de Tony Blair. Il a été rapporté que lors d’une conversation téléphonique quelques jours avant son discours, Bush avait déclaré au Président Mahmoud Abbas que la mission de Blair serait confinée à la coordination d’une aide internationale, au développement économique et social et à l’instauration des institutions d’un futur Etat palestinien, pendant que le dossier politique resterait entre les mains de la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice.

Le monopole américain sur les efforts internationaux pour la paix, les relations spéciales de l’Amérique avec Israël, comme l’accommodement de Washington avec le droit international, figurent parmi les principales raisons de l’échec du processus de paix et de la dégradation et radicalisation qui en découlent. Ce qui le justifie pour les USA a toujours été le rôle stratégique primordial qu’Israël joue par rapport aux intérêts américains et occidentaux dans la région. Cependant, il est évident que l’influence israélienne sur l’agenda US dans la région, particulièrement au regard de l’Iran/Iraq et du conflit israélo-palestinien, est directement responsable de nombreux revers pour les intérêts occidentaux, pour la stabilité régionale et le développement général, dont nous sommes les témoins actuellement.

Il est temps que d’autres pays, particulièrement les pays européens, tiennent un rôle plus dynamique. Les Européens doivent favoriser une autre démarche insufflée avec une compréhension européenne pour coordonner les efforts internationaux et les fonder sur la légalité internationale afin de résoudre ce conflit et, potentiellement, beaucoup plus. Et on peut espérer qu’une telle approche rationnelle gagnera par la suite le plein soutien des USA.

Ghassan Khatib est coéditeur du groupe Bitterlemons pour les publications sur internet. Il est vice-président de l’université de Birzeit et ancien ministre de la Planification palestinien.

Du même auteur :

- Bouleversements et confusion - vendredi 16 février 2007.
- Avec nous ou contre nous - lundi 15 janvier 2007.

23 juillet 2007 - Bitterlemons.org - traduction : JPP


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