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Attente désespérée à la porte de Gaza

mercredi 25 juillet 2007 - 13h:47

Serene Assir - Al Ahram Weekly

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Les Palestiniens bloqués à Rafah n’ont plus nulle part où aller.

Alors que la crise provoquée par le bouclage par Israël du terminal frontalier de Rafah, entre dans sa cinquième semaine, des affrontements ont éclaté à l’aéroport Arish au nord du Sinaï dans lequel 108 Palestiniens sont bloqués.

L’incident, qui a impliqué des Palestiniens quasi-emprisonnés ce mardi [17 juillet] a entraîné le déploiement d’un grand nombre de membres des Forces Centrales de Sécurité armés de bâtons. Au moins deux Palestiniens ont été blessés dans les bagarres. L’aéroport a été fermé aux journalistes pour une durée indéterminée depuis que les Palestiniens ont commencé à y chercher refuge ; mais d’après le Comité international de la Croix Rouge ceux qui sont échoués là sont fournis en nourriture et produits de première nécessité.

Les bagarres sont survenues alors que la frustration qui règne parmi les quelques 5000 Palestiniens bloqués en-dehors de Gaza depuis le 9 juin atteint de nouveaux sommets. « Maintenant plus que jamais je ressens qu’il n’y a pas de solution à notre problème, et qu’aucune puissance n’est disposée à en rechercher une, » nous dit Ahmed Al-Ghalban, un habitant de Gaza bloqué à Rafah. « Au début, nous avions quelque espoir que le gouvernement égyptien déciderait de façon unilatérale d’ouvrir la frontière. Puis nous pensions que peut-être Abu Mazen [le président palestinien Mahmoud Abbas] aborderait au moins la question lors de sa rencontre avec Olmert. Mais une nouvelle fois nous avons été abandonnés. »

Cette crise humanitaire, que les Forces Centrales de Sécurité [égyptiennes] veulent dissimuler aux yeux du public, est en train d’empirer. « Nous savons que l’Hôpital Général Arish prodigue gratuitement des soins. Mais nous ne pouvons y aller quand nous en avons besoin. Et si nous partons d’ici nous nous inquiétons de savoir si nous pourrons rentrer chez nous, » explique Al-Ghalban.
« Nous ne voulons pas de l’aide. Nous voulons rentrer à la maison, en passant par la frontière de Rafah, » ajoute Al-Ghalban, soulignant le fait que seul un petit nombre des personnes déplacées accepteraient la proposition commune des israéliens et du Fatah d’ouvrir le poste-frontière de Kerem Abu Salem.

Ils craignent qu’en ayant une fois accepté d’utiliser la frontière israélo-égyptienne à Kerem Abu Salem, le passage par Rafah ne soit abandonné et que toute entrée dans Gaza se fasse alors sous surveillance directe des israéliens. « Si cela se produit, alors les israéliens utiliseront la frontière poiur procéder à des arrestations. Nous ne pouvons accepter cette solution, » argumente Al-Ghalban, faisant écho à la position du Hamas sur cette question.

Cette crise a de lourdes implications politiques. A la différence de la Cisjordanie, Gaza — qui partage 15 kilomètres de frontière avec l’Egypte — reste rétive et s’est montrée particulièrement difficile à contenir. Alors que la bande de Gaza est sous blocus depuis cinq semaines, l’Egypte reste défiante dans la façon de gérer la crise des frontières.

Parmi les premiers soucis des officiels égyptiens est la question de savoir si oui ou non un nouveau flux de Palestiniens va entrer en Egypte. Bien qu’en prévision les autorités aient déjà réquisitionné une zone de terrains dans Arish pour servir de camp temporaire, il est difficile de prévoir ce qui va se passer.

« Les autorités ont cherché de l’assistance auprès de toutes les agences concernées, » nous apprend un employé du secteur humanitaire sous le couvert de l’anonymat. « Mais dans la mesure où ils ne savent pas réellement s’ils vont devoir faire face à un afflux de milliers de personnes qui nécessiteraient l’installation d’un camp, ils ne sont pas disposés à en supporter les coûts. Mais d’un point de vue humanitaire, on ne peut pas s’attendre à ce que nous mettions en place un camp s’il n’y a pas de besoin immédiat. »

Deux scénarios peuvent cependant produire une telle nécessité. Le premier serait que les israéliens lancent des attaques sur certains secteurs de Gaza, ce qui est attendu par les habitants comme par les analystes depuis maintenant plusieurs semaines. Le second, comme le suggère les résultats de la rencontre cette semaine entre Abbas et Olmert, serait un moyen moins violent mais non moins efficace de produire des réfugiés par une détérioration continue des conditions économiques et sécuritaires dans Gaza.

Ce qui complique la position du Caire, c’est son apparent parti-pris en faveur du Fatah. Les Palestiniens bloqués au nord du Sinaï ont fait connaître leur désapprobation face à la décision égyptienne d’héberger 500 membres des services de sécurité du Fatah dans un camp des Forces Centrales de Sécurité égyptiennes , alors que les civils déplacés ne reçoivent pour ainsi dire aucune assistance.

Pendant ce temps, les tentatives faites par le Congrès américain pour renforcer la sécurité le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte ont entraîné le déploiement de 150 policiers égyptiens des frontières en plus des 750 habituels. Il est peu probable que la sécurité à la frontière puisse aller plus loin sans impliquer un changement dans le traité de paix entre l’Egypte et Israël et datant de 1979. Et que ce soit temporaire ou non, si un camp est mis en place au nord du Sinaï, le gouvernement égyptien se retrouvera à devoir gérer une population appauvrie et en colère.

Alors que le crise politique s’aggrave, l’Egypte doit se rendre compte qu’aucune aide n’arrivera à calmer les personnes déplacées. « Je ne veux pas d’aide, je veux rentrer chez moi, » nous dit Abu Hassan, un habitant de Gaza qui a dormi dans une petite pièce avec cinq autres Palestiniens.

Dans la maison de Sheikh Abdel-Sattar Al-Ghalban, un Palestinien habitant Rafah [côté égyptien], ce sont cinquante personnes qui ont trouvé refuge dans de dures conditions de surpeulement. « C’est terrible que la charge de prendre soin de nous soit tombée sur un autre Palestinien. Apparemment personne d’autre ne s’en inquiète. Même des animaux ne vivraient pas dans de telles conditions. Il n’y a presque aucune ventilation. Regardez la taille des fenêtres. C’est une vraie prison. Et un prisonnier sait quand sa peine doit se terminer - et nous non ! »

De la même auteure :

- Chantage israélien à Rafah
- Réfugiés irakiens et palestiniens : la quête de la dignité
- Liban : « Les cartes, il nous les faut ! »

20 juillet 2007 - Al Ahrma Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/854...
[Traduction : APR - Info-palestine.net]


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