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Chantage israélien à Rafah

vendredi 13 juillet 2007 - 16h:50

Serene Assir - Al Ahram Weekly

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« En 1967, c’était pareil. Retenez mes paroles, une nouvelle crise de réfugiés est en perspective. »

Le point de passage de Rafah entre l’Egypte et Gaza est fermé pour la quatrième semaine consécutive, laissant 1,3 million d’habitants de la bande de Gaza complètement coupés du reste du monde.

Selon le gouvernement égyptien, la fermeture bloque près de 5 000 Palestiniens du côté égyptien de la frontière, avec parmi eux les étudiants palestiniens inscrits dans les universités égyptiennes, ceux qui ont été blessés pendant des affrontements inter-palestiniens et lors des incursions israéliennes, aussi bien que des personnes ayant visité d’autres pays arabes et qui cherchent à retourner chez eux.

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Des habitants de Gaza attendent dans la ville d’Arish au nord du Sinai : près de 100 Palestiniens bloqués en Egypte pour la quatrième semaine consécutive ont entamé une grève de faim pour exercer une pression sur les autorités ayant la responsabilité de l’ouverture de Rafah - Photo : AFP

Au cours de la semaine passée, les négociations ont été permanentes pour tenter de résoudre la crise. Israël, avec l’appui du gouvernement du Fatah, insiste pour l’utilisation de Kerem Abu Salem contrôlé conjointement par les israéliens et les égyptiens (Kerem Shalom en l’hébreu) au lieu de Rafah qui est nominalement sous contrôle palestinien et égyptien.

Les responsables pro-américains du Fatah déclarent que leur projet est d’utiliser le passage contrôlé par les israéliens afin de mettre un terme à la situation difficile de ceux qui sont bloqués à la frontière, puis de revenir ensuite à l’utilisation de Rafah.

Le Premier Ministre limogé Ismail Haniyeh du Hamas s’oppose à une telle manoeuvre, craignant de créer un précédent et que ce contrôle sur la sortie et l’entrée de Gaza ne reste aux mains de Israël. « La frontière doit uniquement rester une affaire entre Egyptiens et Palestiniens, » a-t-il déclaré devant des journalistes.

Pour confirmer ses soupçons, les informations ne manquent pas sur le fait que des moniteurs (douaniers) de l’Union Européenne - qui avec les Etats-Unis ont sponsorisé l’accord de 2005 pour la surveillance des mouvements des individus entre Gaza et l’extérieur - ont déjà quitté le secteur.

Israël semble déterminé à imposer ses projets pour contrôler de façon exclusive tous les mouvements par le biais du passage des frontières de Kerem Abu Salem en dépit de l’opposition du Hamas et des explosions, apparemment provoquées par 11 obus de mortier tirés par les Palestinians et qui ont frappé le poste frontière le 10 juillet.

Le passage de Kerem Abu Salem, à la différence de celui de Rafah, a fonctionné, quoique sporadiquement, durant toute la période de bouclage, avec des marchandises passant d’Egypte vers Gaza bien qu’en quantités limitées et uniquement avec la permission israélienne.

En attendant, le Comité international de la croix rouge (CICR) s’est impliqué dans des négociations avec les israéliens pour le rapatriement de 32 patients venant de l’hôpital palestinien du Caire (Croissant Rouge) et qui attendent pour retourner chez eux. « Les israéliens disent qu’ils n’ont aucun problème avec leur rapatriement, » a dit Ziad Abu Laban, le coordonnateur régional du CICR pour les questions humanitaires. « Cependant, ils stipulent que l’entrée soit faite par l’intermédiaire de Kerem Abu Salem qu’ils contrôlent directement. »

Les Palestiniens bloqués dans Rafah et Arish se sentent de plus en plus frustrés par la nature apparemment sans fin de leur difficile situation. « D’une part, nous savons que si nous acceptons le chantage israélien et repassons par l’intermédiaire de Kerem Abu Salem, alors nous céderons réellement notre droit au peu de souveraineté que nous avons, » nous dit Bushra Abu Subeih, professeur dans une école de l’UNRWA dans Gaza et qui est immobilisé dans Rafah depuis 39 jours. « Mais si nous refusons, qui sait quand nous retournerons à la maison. C’est cela la politique israélienne. Le monde entier veut que nous nous mettions à genoux devant les juifs. Nous avons refusé jusqu’ici, mais vous pouvez voir par vous-même avec quelle dureté ils essayent de nous faire plier. »

L’Egypte, inévitablement, est impliquée dans la crise. Le soutien gouvernemental égyptien au Fatah ne pourrait pas être plus clair étant donné qu’il accueille jusqu’à 500 partisans du Fatah qui ont quitté Gaza pendant les affrontements du mois dernier avec le Hamas. Ils ont un statut d’invités dans un camp de la sécurité centrale égyptienne dans Rafah.

« Naturellement il est dans l’intérêt de l’Egypte que la crise finisse aussi rapidement que possible, » déclare à Al-Ahram Weekly Mohamed Shaker, vice-président du Conseil égyptien des affaires étrangères. En effet, la ligne officielle au Caire est qu’un accord devrait être trouvé aussitôt que possible afin de permettre aux Palestiniens de rentrer chez eux.

Ces dernières semaines l’Egypte a été placée sous une pression croissante afin d’améliorer la sécurité le long de sa frontière avec Gaza, une question qui a été mentionnée en priorité au moment où la chambre des représentants des Etats-Unis a voté 200 millions de dollars d’aide militaire au profit de l’Egypte, mais en plaçant cette amélioration comme condition.

Mais renforcer la sécurité en augmentant la présence égyptienne à la frontière viole le protocole aussi bien que les articles principaux du traité de paix de 1979 entre l’Egypte et Israël, qui définit strictement le nombre et le type de présence égyptienne sécuritaire à la frontière. N’importe quelle augmentation exigerait de nouvelles négociations.

« Si l’une ou l’autre partie juge qu’il y a un besoin de changer une partie du traité alors l’option de tout passer en revue ne peut pas être éliminée, » a déclaré Shaker. « Naturellement, les besoins de toutes les parties concernées doivent être pris en considération, et n’importe quel procédure de révision prendra du temps. »

Aussi longtemps que la prise de contrôle de Gaza par le Hamas provoquera la colère israélienne, il est peu probable qu’il y ait une affaiblissement de la crise actuelle. Et avec la probabilité de plus en plus forte d’incursions israéliennes dans Gaza, les autorités égyptiennes s’attendent à une augmentation du nombre de réfugiés. Le gouvernement a déjà affecté des terrains dans Arish comme emplacement pour un éventuel camp en cas d’un nouvel afflux de Palestiniens, a indiqué à Al-Ahram Weekly sous le couvert de l’anonymat une source haut-placée.

Ceux qui sont immobilisés dans Gaza se rendent profondément compte de l’indignité de la situation dans laquelle ils ont été placés. « En 1948, nous avons été forcés de vivre sous des tentes, » dit Mohamed Dahman, un journaliste palestinien vétéran et habitant dans Gaza. « En 1967, c’était pareil. Retenez mes paroles, une nouvelle crise de réfugiés est en perspective. »


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13 juillet 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/853...
[Traduction : AIO - Info-palestine.net]


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