Israël est en train de traiter avec des détenus politiques du Hamas la libération du caporal Ghilad Shalit, capturé il y a un an par trois groupes palestiniens à Karem Shalom et emmené à Gaza où il est gardé prisonnier. L’indiscrétion avait déjà circulé il y a quelques semaines, mais elle a trouvé une importante confirmation dans les révélations faites hier (6 juillet 2007, NdT) par l’avocat d’un des détenus impliqués dans les négociations, qui a demandé de garder l’anonymat.

L’avocat a révélé qu’Ofer Dekel, l’émissaire du premier ministre Olmert, a rencontré il y a 10 jours cinq membres d’Ezzedin al Qassam, la branche armée du Hamas, dans une prison près de Netanya, avec lesquels il a discuté des termes d’un accord pour l’échange entre Shalit et plusieurs centaines de prisonniers palestiniens.

Miri Eisen, porte-parole d’Olmert, n’a pas voulu démentir ces indiscrétions, confirmant que quelque chose était en cours. En outre, hier encore, un quotidien arabe des Emirats, Al Khaleej, citant les déclarations du député palestinien Ayman Tharagma, a écrit que le Hamas a délégué à ses membres détenus en Israël la conduite des négociations pour la libération de Shalit. « La question des négociations autour de l’échange d’otages avec la partie israélienne, a dit Tharahgma, est désormais dans les mains de la direction du Hamas détenue dans les prisons de l’occupation ». Selon al Khaleej, le Hamas a laissé aux détenus « les critères de choix » de ceux qui devront être libérés en échange de Shalit.

Israël a toujours exclus de pouvoir établir des contacts directs avec le Hamas, et les négociations pour l’échange des prisonniers ont eu lieu jusqu’il y a quelques semaines par l’intermédiaire du président palestinien Abu Mazen et de médiateurs égyptiens. Olmert a aussi clairement dit, plusieurs fois, qu’il voulait libérer un certain nombre de prisonniers palestiniens comme « geste de bonne volonté » après la libération de Shalit et non pas dans le cadre d’un échange de prisonniers officiels entre Israël et le Hamas.

Cependant, les événements politiques survenus ces derniers jours, à commencer par la défaite du Fatah dans la Bande de Gaza, qui est maintenant sous le contrôle total du Hamas, ont poussé Israël à revoir son jeu. Abu Mazen de fait n’est plus en mesure de jouer un rôle dans l’affaire Shalit, tandis qu’on ne voit pas clairement si et quand Le Caire sera de nouveau prêt à servir d’intermédiaire entre Israël et le Hamas. Il faut ajouter à cela la vague d’émotion qu’a suscité dans tout le pays (Israël, NDT) l’enregistrement audio diffusé par le Hamas le 25 juin dernier, dans lequel le militaire détenu s’est plaint du désintérêt du gouvernement à son égard, et a déclaré être en mauvaises conditions de santé. Paroles qui ont augmenté la pression sur Olmert.

Selon l’avocat anonyme, Ofer Dejkel a dit aux cinq détenus du Hamas - tous condamnés à perpétuité - qu’aucun d’eux (après la libération de Shalit) ne pourra rentrer à Gaza, et que d’autres seront envoyés en exil. Une solution apparemment similaire à celle qui, en 2002, avait été trouvée pour les combattants palestiniens retranchés dans l’Eglise de la Nativité à Bethléem, entourée par les troupes israéliennes : une partie d’entre eux fut obligée d’aller à Gaza, 13 autres au contraire furent accueillis par d’autres pays (parmi lesquels l’Italie).

Des sources ont confirmé depuis le Caire que Dekel a eu une rencontre la semaine dernière avec des responsables égyptiens. On ne peut pas exclure que le Hamas accepte de modérer ses requêtes afin d’arriver à une entente avec Israël sur Shalit, et d’obtenir la libération de centaines de prisonniers ; pour le mouvement islamique, ce serait un autre succès politique après celui, cette semaine, de la libération du journaliste britannique Alan Johnston, retenu en otage pendant quatre mois à Gaza par des djihadistes de l’Armée de l’Islam.

Hier, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Gaza, à la fin des prières du vendredi, pour les funérailles des 11 Palestiniens (parmi lesquels 9 militants du Hamas) tués lors du raid israélien d’il y a deux jours (ce que les médias occidentaux appellent pudiquement une « incursion », NDT). Etat de santé grave toujours pour Imad Ghanem, le caméraman de la télévision al-Aqsa (Hamas) blessé aux membres inférieurs par un tireur d’élite israélien (voir pour une autre version de cet événement la note ci-dessous, NDT). Les médecins ont dû l’amputer.

Michele Giorgio, Jérusalem - il manifesto, le 7 juillet 2007
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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 « Nous lutterons pour un état qui soit pour tous ses citoyens »

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