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Élections aux États-Unis : bonnes ou mauvaises nouvelles en perspective pour la Palestine ?

jeudi 18 février 2016 - 06h:35

Robert Fantina

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A première vue, l’accession au Bureau Ovale de l’un ou l’autre des actuels concurrents clownesques pourrait sembler avoir des conséquences désastreuses pour la Palestine.

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Destructions de zones résidentielles par les bombardements israéliens sur la ville de Gaza, été 2014 - Photo : AFP/Getty Images

Dans cette campagne électorale laborieuse, préliminaire à l’exhibition périodique qu’affectionnent les Etats-Unis de leur version personnelle et curieuse de la démocratie, il y a peu de choses sur lesquelles s’accordent les candidats des deux partis principaux (Républicain, alias Bonnet-blanc et Démocrate, alias Blanc-bonnet). Mais là où ils se retrouvent tous c’est dans la vénération admirative qu’ils manifestent pour cette nation d’apartheid, s’il en fut, Israël.

Si par exemple, il était possible d’avoir une aventure amoureuse avec un pays, Israël serait sûrement l’amant de la démocrate Hillary Clinton. Ses déclarations quasi romantiques sur cette nation donnent la nausée à tout observateur non sioniste. En face, Ted Cruz a dit que si les gens ne sont pas solidaires d’Israël, il n’est pas solidaire d’eux. Ayant fait cette observation devant un public qui ne se montra pas réceptif, il quitta la scène d’un pas raide. Il est inutile de dresser une liste des platitudes creuses de tous les candidats ; ces exemples suffiront.

A première vue, l’accession au Bureau Ovale de l’un ou l’autre des actuels concurrents clownesques pourrait sembler avoir des conséquences désastreuses pour la Palestine. Après tout, quand les candidats essaient tous de se surpasser les uns les autres dans leur soutien à Israël, condamnant la résistance palestinienne et jurant de fournir à Israël encore plus d’armes avec lesquelles tuer des Palestiniens innocents, comment leur élection peut-elle être autre chose qu’une catastrophe pour les droits de l’homme et le droit international ?

On peut s’imaginer le Premier Meurtrier israélien Benjamin Netanyahou jubiler à la perspective de voir l’un d’entre eux, quel qu’il soit, remplacer le président actuel Barak Obama, avec lequel il entretient depuis longtemps une relation antagoniste, bien que M. Obama ait sauté dans tous les cerceaux que le Premier Meurtrier lui ait tendus, à l’exception peut-être de celui étiqueté Iran.

Mais cette élection pourrait représenter une avancée majeure pour les Palestiniens. La communauté internationale, chose incroyable, s’en est remise aux négociations stériles, dont les Etats-Unis se faisaient encore et encore les entremetteurs pour donner l’illusion que les choses progressaient dans le long conflit entre la Palestine et Israël. Mais étant donné l’attitude inflexible de M. Netanyahou, même des porte-paroles états-uniens ont déclaré qu’Israël ne pouvait pas forcément compter sur les Etats-Unis pour le défendre aux Nations Unies.

Tant que la farce des négociations était en cours, la communauté internationale pouvait ignorer la réalité sur le terrain. Mais cette farce est parvenue à son terme ; Israël a démontré son manque total d’intérêt pour un règlement négocié, qui, de toute façon est inutile, puisque tout ce qui est requis d’Israël, c’est qu’il respecte le droit international. Toutefois, il y a eu quelques développements intéressants, dont certains peuvent résulter de l’inflexibilité du Premier Meurtrier.

- L’Union Européenne a adopté une loi obligeant Israël à étiqueter clairement les produits fabriqués en Cisjordanie occupée comme produits israéliens. Dire qu’Israël a opposé une résistance à cette démarche serait un euphémisme ; grâce à la progression constante du mouvement de boycott, davantage de gens sauront ce qui est réellement d’origine israélienne, et seront ainsi plus à même de le boycotter.

- La France a annoncé que si Israël mettait en échec la nouvelle initiative de négociation qu’elle propose, elle reconnaitrait un état palestinien sans attendre.

- Le secrétaire général des Nations Unies Ban KI-Moon a déclaré que l’actuelle résistance en Cisjordanie est le résultat logique de décennies d’occupation répressive. Lorsque M. Netanyahou a fulminé contre cette déclaration, le secrétaire général l’a réaffirmé de plus belle.

- Le Brésil a refusé la nomination du nouvel ambassadeur israélien en raison de son soutien aux colonies illégales.

Ainsi, comme les États-Unis ne semblent plus détenir la clé de la solution du problème israélo-palestinien, bien que cette notion ait toujours été erronée, il semble que le reste du monde soit disposé à intervenir. Oh bien sûr, Israël pourra compter sur la nouvelle administration états-unienne, pour apposer fidèlement son véto à toute proposition onusienne de condamner ses violations flagrantes et continues du droit international. Et la bourse bien garnie des États-Unis aura toujours les cordons desserrés pour Israël, alors même que le citoyen états-unien croule sous les dettes pour payer des études supérieures (veuillez noter que les études universitaires sont gratuites pour les étudiants en Israël ; le contribuable états-unien finance leurs études), et que les infrastructures du pays continuent de s’effondrer.

Mais comme Israël est de plus en plus isolé de la communauté internationale, il trouvera que, outre les États-Unis, et à sa honte éternelle, le Canada et quelques autres nations, ses amis se raréfient.

Mais à quoi peuvent s’attendre les Palestiniens en attendant ? Rien de bon, malheureusement. Israël, tel un animal blessé et acculé, va frapper sans pitié et sans relâche, il accentuera la répression en Cisjordanie, ce qui peut paraître impossible vue les mesures cruelles et meurtrières qu’il prend actuellement contre les Palestiniens innocents, et décidera, très probablement de tester une fois de plus son arsenal d’armes, celles qui sont légales et celles qui sont interdites par le droit international contre les Palestiniens pris au piège dans la Bande Gaza. De nouveau, c’est le contribuable états-unien qui paie la facture.

Personne ne peut mettre Israël en garde contre la folie de ces actions. Lorsque quelqu’un croit, chose pourtant incroyable, ou au moins se cache derrière l’idée, que ses actes meurtriers ont la bénédiction de dieu, à quoi peut bien servir un avis ’terrestre’ ? Les médias sociaux ont joué un rôle majeur dans le retournement de l’opinion public contre Israël durant l’été 2014, mais qu’importe tant que l’opinion du Congrès n’évolue pas. Bien que le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanction (BDS) coûte de plus en plus cher à l’économie israélienne, ce coût sera insignifiant tant que les États-Unis continueront à lui signer des chèques en blanc.

Cependant, même les États-Unis tout puissants ne pourront éternellement protéger Israël, de même qu’ils n’ont pu protéger le régime d’apartheid d’Afrique du Sud. N’oublions pas que les États-Unis ont été l’une des dernières nations de la planète à condamner les abominables pratiques racistes en Afrique du Sud, donc on peut s’attendre à ce qu’ils occupent le même rang dans la liste des nations en matière de condamnation de l’apartheid israélien. D’autres nations de la communauté internationale doivent assumer un véritable rôle moteur, contrairement à ce que les États-Unis n’ont jamais fait.

Des nations dont les responsables gouvernementaux ne sont ni achetés ni payés par le lobby israélien, et qui pourraient avoir intérêt à se conformer au droit international, et qui pourrait manifester un certain respect pour le droit élémentaire à l’autodétermination pour tout le monde, doivent et vont exercer une pression suffisante sur Israël pour qu’il mette fin à ses pratiques brutales, tant à l’intérieur des ses frontières (dont la légitimité est le sujet d’un autre débat), qu’en Palestine. Alors seulement les Palestiniens obtiendront-ils les droits humains élémentaires qu’ils méritent depuis longtemps.

Israël peut bien feindre de ne rien remarquer, et les États-Unis peuvent permettre cette attitude dysfonctionnelle, mais aucun des deux ne peut arrêter la marche du progrès.

* Robert Fantina est écrivain et journaliste, militant pour la paix et la justice sociale. is a writer and journalist, activist for peace and social justice. Il vit au Canada et a écrit : Empire, Racism and Genocide : A History of U.S.
Son site web : http://robertfantina.com

Du même auteur :

- États-Unis : alimenter la Machine de Guerre - 8 novembre 2015
- Le double langage des États-Unis sur la Palestine - 21 octobre 2015
- L’Iran, Israël et la soumission des Etats-Unis - 22 septembre 2015

12 février, 2016 - CounterPunch - Cet article peut être consulté à :
http://www.counterpunch.org/2016/02...
Traduction : Info-Palestine.eu - MJB


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