16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Vous êtes ici : Accueil > Dossiers > Palestine > Analyses

N’oublions jamais les crimes israéliens

samedi 7 février 2015 - 15h:10

Nabila Ramdani

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


La perte catastrophique de vies de civils, dont le meurtre de plus de 500 enfants, a été le principal résultat de l’offensive d’Israël par terre, air et mer à Gaza. Quand un cessez-le-feu a finalement été appelé la semaine dernière, les apologistes de la machine militaire de Tel Aviv ont présenté les habituelles excuses macabres pour le massacre de Palestiniens innocents.

JPEG - 91.9 ko
Hidaya Atash se dresse sur le toit de sa maison en ruines, surplombant la zone de dévastation dans Shujaieh à l’aube du 8 août 2014 - Photo : The National/Heidi Levine

C’est le résultat d’une tentative de déraciner des forces ennemies irrégulières dans un champ de bataille urbain restreint et densément peuplé, selon les porte-parole des médias. Grâce à leurs petites phrases maintes fois répétées, ils ont voulu faire croire que les épouses, filles, pères, fils, grands-parents ... même les patients d’hôpitaux et tous les autres membres particulièrement vulnérables de la société, étaient coupables de cacher des « terroristes » et leurs armes, en agissant comme « boucliers humains » .

Les décès et les mutilations, nous a-t-on dit, étaient le châtiment inévitable, comme l’était la destruction des maisons.

La guerre est l’enfer. C’est le premier message des hommes de relations publiques, et la forme la plus barbare de « dommages collatéraux » est quelque chose avec lequel tout le monde doit apprendre à vivre, y compris les démocraties occidentales qui fournissent Israël avec des milliards de dollars et des armes sophistiquées.

Une telle logique est erronée, et c’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles les politiciens israéliens et les commandants militaires doivent être déférés pour crimes de guerre devant les tribunaux. De façon cruciale, elle met en évidence la raison pour laquelle toutes les nations doivent maintenant se mobiliser contre l’extermination systématique de populations civiles par Israël, en prenant toutes les mesures possibles pour l’arrêter.

Il suffit de regarder la façon dont les alliés occidentaux ont refusé d’accepter les menaces envers les civils par n’importe quel autre pays en dehors d’Israël. C’était il y a seulement trois ans et demi, en mars 2011, qu’une coalition de forces, avec la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, a entamé une campagne militaire en Libye visant spécifiquement à protéger des vies innocentes. La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies a appelé à un « cessez le feu immédiat en Libye », et à « la fin des attaques contre des civils qui pourraient constituer des crimes contre l’humanité ».

Peu importe que le régime de Mouammar Kadhafi n’avait pas encore mis en oeuvre son intention de détruire les opposants à Benghazi. Alors que les avions de guerre occidentaux se préparaient pour l’action, le colonel mettait en garde ses ennemis dans la deuxième ville de la Libye en disant : « Nous arrivons ce soir. » Il déclarait aussi qu’il n’y aurait « pas de pitié ou de compassion », mais que ceux qui « déposeraient les armes » seraient épargnés.

La question n’était pas ce que Kadhafi avait en tête pour l’armée hétéroclite qui voulait le déposer. Il avait le droit de protéger ses intérêts, mais ce qu’il n’était pas autorisé à faire, c’était de tuer des personnes innocentes.

Puis les avions de guerre ont passé huit mois à bombarder la Libye dans une attaque féroce, qui a pris fin avec la mort de Kadhafi en octobre 2011. Il était considéré comme négligeable que l’objectif de changement de régime n’avait pas été sanctionné par la résolution 1973 et que le pays allait bientôt sombrer dans l’anarchie. Même aujourd’hui, alors que les milices rivales une fois de plus réduisent la Libye à en champ de bataille, les dirigeants occidentaux, avec le Premier ministre britannique David Cameron, peuvent au moins affirmer qu’ils ont contribué à éviter un bain de sang de civils.

Une telle logique doit être appliquée à Israël. Ses dirigeants affirment qu’une action militaire qui a abouti à plus de 2300 morts à Gaza, avec 11 000 blessés et plus de 17 000 maisons détruites ou gravement endommagées, fait d’Israël un endroit plus sûr. En fait, tous ces meurtres de civils n’ont en rien contribué à une défaite du Hamas et des groupes similaires de résistance. Au contraire, transformer l’ensemble de la population de Gaza en cibles militaires rend la résistance encore plus déterminée à s’opposer à l’occupation et aux régulières invasions militaires d’Israël.

La dissidence est inévitable lorsque les gens vivent sous domination, et cela ne donne pas à personne le droit de les tuer, encore moins une présumée démocratie soutenue par les pays occidentaux, dont la seule superpuissance du monde.

La grande majorité des victimes israéliennes au cours de la dernière campagne étaient des militaires : 64 soldats sont morts ainsi que six civils. Ces soldats auraient presque certainement survécu s’ils étaient restés avec le reste de la population d’Israël sous la protection du tant vanté « Iron Dome » - le système de défense antimissile qui élimine l’essentiel des tirs de fusées artisanales du Hamas.

Des initiatives sont déjà en cours pour enquêter sur les allégations de crimes de guerre israéliens, mais la communauté internationale doit aller beaucoup plus loin. Elle doit, comme une question d’urgence absolue, réprimer toutes les tentatives d’Israël de tuer des civils. L’ONU a précisé sa position sur la question de la Libye en 2011, et elle doit continuer à le faire.

Un tiers des deux millions de personnes vivant à Gaza ont été déplacées, un grand nombre d’elles vivant maintenant dans des abris de l’ONU. Les écoles, les hôpitaux, les entreprises et les mosquées se trouvent sous les décombres, ainsi que la centrale électrique et les stations pour l’eau. La reconstruction est susceptible de prendre jusqu’à deux décennies.

Il est impératif que ceux qui subissent des conditions aussi cruelles, rudes et injustes, aient droit à la vie.

* Nabila Ramdani est une journaliste franco-algérienne, chroniqueuse et animatrice renommée de chaînes d’information. Elle est spécialiste de la politique française, des affaires islamiques et du monde arabe. Elle rédige des chroniques pour les journaux The Guardian, The Observer, The Independent et London Evening Standard. Son site internet : www.nabilaramdani.com

De la même auteure :

- Quand la « liberté d’expression » sert à propager la haine raciste - 5 février 2015
- France : quand des écolières se mettent à rêver au Jihad, c’est que la société a un sérieux problème - 25 décembre 2014
- Les médias français ont créé de toutes pièces un enfer fictif pour détourner l’attention de Gaza - 22 novembre 2014
- France - Vouloir interdire les manifestations pour la Palestine porte atteinte aux libertés - 2 août 2014
- Silence, nos missiles tuent en Libye - 23 juin 2011

31 août 2014 - the National - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.thenational.ae/opinion/c...
Traduction : Info-Palestine.eu


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.