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Une trêve bidon a peut-être fait sortir l’homme du Hamas à découvert

vendredi 16 novembre 2012 - 14h:24

Jeffrey Heller

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Les dirigeants israéliens regardaient - littéralement - dans la direction opposée : ils voulaient être sûrs que chacun le sache, juste avant d’éliminer le commandant en chef du Hamas à Gaza, par un tir aérien mortel.

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Ce montage montre la voiture d’Ahmed Ja’bari explosant à Gaza le 14 novembre 2012

Jérusalem (Reuters) - Exécutant ce qui apparaît maintenant comme une tactique de diversion, le Premier Ministre Benjamin Netanyahou et le Ministre de la Défense Ehoud Barak ont visité la frontière syrienne dans le nord, quelques heures à peine avant le début de l’offensive aérienne dans le sud.

Pendant la journée, les médias israéliens ont largement fait étalage de préoccupations au sujet d’obus de mortier égarés qui étaient tombés depuis la Syrie sur le plateau du Golan occupé par Israël.

En fait, les experts israéliens le disent maintenant, la visite peut avoir fait partie d’un stratagème pour duper le Hamas en lui faisant accroire qu’une trêve était installée à Gaza, et ce afin que l’armée puisse toucher sa cible, le cerveau militaire du Hamas, Ahmad al-Jaabari.

« Le sentiment de confiance excessive créé par Barak et Netanyahou ... a amené Jaabari et ses amis à sortir de leur trous et a permis l’attaque surprise » écrit l’analyste militaire Alex Fishman dans le journal israélien Yedioth Ahronoth.

Israël a une longue liste de cibles potentielle dans la bande de Gaza, enclave régulièrement sillonnée par des drones israéliens et où c’est la routine de noter les mouvements des militants. Le service de sécurité Shin Bet, qui supervisait l’assassinat d’al-Jaabari, tient à jour ses dossiers des dirigeants du Hamas via un réseau d’informateurs.

Il n’est donc pas étonnant que le commandant habituellement si prudent, qui venait de rentrer d’un pèlerinage à La Mecque, ait choisi de parcourir une rue de Gaza en plein jour. Sa voiture a été frappée par un missile lors d’une attaque filmée depuis les airs et mise sur YouTube.

Signaux

La méfiance d’al-Jaabari a pu être endormie et le faire sortir par les signaux publics indiquant qu’Israël avait entamé un cycle lié aux violences frontalières de la semaine passée.

Le lundi, Netanyahou avait réuni son cabinet restreint de neuf membres pour discuter un regain d’attaques de missiles du Hamas qui ont perturbé la vie d’un million d’Israéliens dans le sud le week-end dernier, mais qui semblait diminuer.

Selon certaines sources politiques, c’est à cette réunion qu’un plan du Shin Bet pour assassiner al-Jaabari a été approuvé que s’est joué le premier acte de la supercherie : Benny Begin, un membre du forum, a annoncé à la radio israélienne que le cycle de violence semblait être terminé.

Le Hamas semble avoir gobé le message. Sami Abu Zuhri, un porte-parole du groupe, a dit qu’Israël, en lançant l’offensive, avait violé une trêve informelle conclue par des médiateurs. « Les factions ont respecté le calme qui se faisait entendre, et l’occupation (Israël) porte la responsabilité des conséquences qui suivront ce crime odieux » dit-il.

Ces dernières années, Israël avait largement suspendu les assassinats de dirigeants du Hamas, des actes qui avaient sans doutent provoqué un surcroît de violence le long de la frontière de Gaza.

Par contre il s’est mis à viser des équipes lanceuses de missiles, en une guerre larvée marquée par des échanges transfrontaliers, habituellement calmés par des cessez-le-feu sous médiation égyptienne.

Mais les élections nationales de janvier prochain ont fait monter la pression sur l’aile droite de Netanyahou, dans le sens d’un renforcement de l’action militaire contre Gaza pour freiner le Hamas. Une campagne réussie pourrait aussi être une aubaine pour Barak, dont le petit parti, selon des sondages, n’aurait même pas assez de votes pour retourner au parlement.

Pour les deux dirigeants, cela semblait bon pour eux sur le plan intérieur : l’assassinat de Jaabari et le début de l’offensive ont suscité un soutien politique de tous les bords parmi les rivaux de Netanyahou, qui ont suspendu leur campagne pour faire montre d’unité nationale.

Israël s’est servi de ruses similaires pour dissimuler ses plans avant de lancer sa guerre de trois semaines à Gaza en décembre 2008.

Quelques jours avant le début de cette offensive, Barak - alors Ministre de la Défense, comme aujourd’hui - avait fait une apparition inhabituelle et impromptue dans un show télévisé à succès, donnant l’impression que lancer une guerre était à des années-lumière de son esprit.

Autre coup de théâtre mis en scène à l’époque : les officiers autour de Gaza furent appelés à un week-end en famille pour se détendre en cure thermale à la campagne. Le samedi matin, tous - sauf les plus hauts gradés - furent surpris d’être tirés du lit et renvoyés à leur base pour combattre dans les heures suivantes.

Jeffrey Heller est journaliste et actuellement responsable à l’agence Reuters du bureau Moyen-Orient à Jérusalem.

15 novembre 2012 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert


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