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De Balfour à Abbas

mardi 6 novembre 2012 - 07h:33

Fadi Abu Saada - al-Akhbar

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Une pléthore de réactions venue des Palestiniens a succédé à la déclaration faite par l’ex-président Mahmoud Abbas à la télévision israélienne.

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Les flics d’Abbas (supplétifs formés et payés par l’UE et les États-Unis, avec la bénédiction de l’occupant israélien) empêchent les manifestants d’atteindre le bâtiment où s’abritent Abbas et la clique de profiteurs qui l’entoure, le 1er juillet 2012 - Photo : APA images

Arthur Balfour a fait sa célèbre déclaration en 1917, où il promettait, au nom du mandat britannique, de donner aux Juifs une patrie en Palestine. Balfour a depuis été maudit par les Palestiniens .

Sa promesse a mené à des vagues d’immigration, même si la Grande-Bretagne les a parfois considérées comme illégales. Le résultat à terme fut que les nouveaux immigrés ont expulsé les Palestiniens de leur terre et ont pris leur place.

Presque un siècle après la tragédie accélérée par la déclaration Balfour, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne de Ramallah, s’est vu demander dans une interview à la télévision israélienne s’il voudrait vivre dans la ville de Safed, située en Galilée occupée. C’est le lieu où il a grandi quand la Palestine était encore sous mandat britannique.

« J’ai connu Safed par le passé, et je veux voir Safed. C’est mon droit de voir cette ville, mais pas pour y vivre, » a-t-il dit. « La Palestine maintenant pour moi, c’est les frontières de 1967, avec Jérusalem Est en tant que capitale. C’est comme cela maintenant et pour toujours. C’est la Palestine pour moi. Je suis un réfugié, mais j’habite dans Ramallah. Je crois que la Cisjordanie et Gaza sont la Palestine, et les autres pièces sont Israël. »

Les commentaires de l’ex-président ont entraîné des réactions de colère de beaucoup de Palestiniens, d’hommes politiques comme de simples citoyens, particulièrement sur Facebook.

Al-Akhbar a relevé certains des avis de Palestiniens ordinaires vivant dans Ramallah.

« Nous ne devons pas exagérer la question, au moins du côté palestinien, qui est le côté faible. Naturellement la déclaration est fâcheuse, mais je doute qu’elle reflète le choix des Palestiniens, » a dit Issa Rishmawi.

« Ces promesses sont la cause principale des problèmes des Palestiniens dans les négociations. Abbas n’a pas la capacité de faire les déclarations qui reflètent la vraie nature de l’OLP, » poursuit-il. « Nous sommes habitués aux déclarations défaitistes de beaucoup d’officiels palestiniens. Mais l’inquiétude vient cette fois du fait que cela arrive à tête du Comité de direction de l’OLP. »

Sami Awad déclare quant à lui : « Les Palestiniens se rappellent aujourd’hui la première trahison à leur égard au niveau international, suivie d’autres trahisons et conspirations qui n’ont jamais cessé. »

Haitham Abul-Atieh, un réfugié, estime : « La déclaration de Balfour s’est produite en 1917, mais elle ne peut pas donner la propriété de la terre palestinienne à ceux qui ne la méritent pas. »

« La promesse a été maintenue depuis cette date, avec le soutien des régimes arabes, précisément ceux qui prétendent être dans le camp de la résistance, » maintient-il.

« Ainsi, les Palestiniens qui ont été expulsés de leurs terres ne peuvent pas retourner pour y vivre. Dans le meilleur des cas, ils peuvent visiter un endroit qui était par le passé à eux et est maintenant réservé aux Israéliens, » dit Atieh. « Les deux déclarations ne sont pas très différentes dans leur contenu. »

Fadi Aruri, un citoyen palestinien, a écrit à Abbas une lettre. Il a dit qu’il « n’était pas un réfugié, et qu’il n’a pas goûté à l’amertume de l’expulsion. »

« Mais j’ai eu le bonheur de voir Jérusalem seulement deux fois. Je n’ai jamais porté les yeux sur une autre ville palestinienne, mais je n’abandonnerai pas mon plein droit de reprendre le sol de ma patrie, » dit-il. « Nous négocions depuis 1948 et à ce jour personne ne nous reconnait. Ni sur les frontières de 1948, ni sur celles de 1967. Nous vivons sur les miettes de notre dernière Intifada. »

Le journaliste Walid Batrawi écrit : « Je n’ai pas entendu ou n’ai pas vu l’entrevue en question. La presse israélienne n’en a publiée seulement qu’une partie. Voyez comment ils ont seulement diffusé les questions compliquées. »

« Les gens ont réagi avant de voir l’entrevue dans sa totalité. Israël a rempli son objectif. Voyons l’entrevue en totalité et remettons-la dans son contexte avant que nous protestions et maudissions, » dit-il.

Dans la Bande de Gaza, le gouvernement de Hamas a dénoncé les déclarations faites par Abbas, disant « qu’il ne parlait qu’en son nom. »

« Les Palestiniens n’accepteront pas de renoncer à leur droit de revenir dans les maisons, villages, et villes dont ils ont été chassés, » a indiqué le porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abul-Zahri. Il a ajouté que si Abbas ne voulait pas Safed, alors Safed serait honoré de ne pas le recevoir.

Rami Shbeir, un vendeur de Gaza, âgé de 30 ans, a indiqué : « Les déclarations d’Abbas ne représentent pas le sentiment des Palestiniens. Elles sont l’expression d’une seule personne qui s’est elle-même portée en gage pour l’occupation. Nous rejetons de telles déclarations. Elles ne représentent pas nos pensées ni nos sentiments. »

Mohamed Saikaly, un résident de Gaza, âge de 27 ans, a dit : « Abbas a fait du tort à la cause palestinienne par beaucoup de déclarations et de prises de positions. Être en pourparlers avec Israël était la plus grande erreur. Nous ne voulons pas qu’Abbas fasse des excuses, mais qu’il quitte la politique palestinienne. »

Ismail al-Ashqar, un membre de la direction du Hamas, a indiqué : « Abbas a abandonné les Palestiniens et leurs droits. Ceci ne devrait pas être toléré. »

« Abbas s’est lié aux accords d’Oslo et à l’occupation israélienne. Il croit qu’il réalisera quelque chose pour les Palestiniens. Mais nous disons à Abbas, ’arrêtons cette farce. Cessez de jouer avec la cause Palestinienne’, » dit Ashqar.

Khodor Habib du Jihad Islamique, a indiqué que son organisation « a été choquée par les déclarations d’Abbas. De telles déclarations ne sont pas appropriées étant donnée sa position. »

« C’est une prise de position personnelle qui ne représentent l’opinion que d’une seule personne. Nous lui disons que la Palestine est à nous, dans son ensemble et qu’elle nous reviendra un jour, » conclut-il.

3 novembre 2012 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.net - Claude Zurbach


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