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Le glas de l’aventure coloniale des États-Unis au Moyen-Orient

samedi 27 octobre 2012 - 06h:24

Gordon Duff

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Le fait que la partition du Soudan, les opérations actuelles du Kenya en Somalie et les histoires de cellules terroristes qui poussent comme des champignons en Afrique, font la une des informations "pop culture" étasuniennes et israéliennes, indique au monde que le glas a sonné pour l’aventure coloniale étasunienne au Moyen Orient.

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Août 2010 en Irak - Face à la résistance, les pertes des troupes américaines d’occupation étaient en moyenne de plusieurs dizaines de soldats chaque mois.

Le débat présidentiel de cette semaine sur la politique étrangère a été, au mieux, une humiliation pour les États-Unis. Je ne parle pas de détails comme le fait que Romney ne sait pas où se trouvent la Syrie et l’Iran ni que l’Iran a presque 2 000 km de côtes.

Il est facile de confondre l’Iran avec le Kazakhstan ou même l’Islande. Les Étasuniens n’ont pas la réputation d’être bons en géographie, ni en maths, ni en ingénierie, ni en langues.

J’étais anxieux de découvrir qui des deux candidats serait le premier à utiliser en la déformant la déclaration du président Ahmadinejad :

"L’histoire effacera toute trace de Sionisme des sables du temps".

Selon Romney, dire cela équivaut à un "génocide" et il a déclaré qu’il allait porter plainte devant la Cour Criminelle Internationale de La Haye.

On a dû oublier de dire à Romney que les États-Unis se sont retirés de la Cour Criminelle Internationale il y a des années de peur que leurs propres leaders n’y soient poursuivis.

Si l’on se souvient de ce que Romney a dit de la géographie de la région on sait qu’il croit que l’Iran et la Syrie ont une frontière commune.

Ce serait bien que l’Irak soit au courant.

Et, aujourd’hui même, un ami des services secrets de l’armée m’a appelé. Les Israéliens ont remis aux Étasuniens des rapports de leurs services secrets affirmant que d’importantes cargaisons "d’armes lourdes" sont acheminées de l’Iran vers la Syrie par autoroute.

Deux itinéraires étaient mentionnés, un qui passe à travers "la Zone Verte" étasunienne de Baghdad, et, vu la quantité de tanks et de missiles supposés traverser les checkpoints jour et nuit, les gens ne doivent pas pouvoir fermer l’ ?il.

L’autre itinéraire traverse Mossoul où les Israéliens ont installé une base. Ils ne doivent pas pouvoir dormir non plus.

Jusqu’ici, et bien qu’en empruntant ces itinéraires on parcoure des centaines de kilomètres de routes où le trafic est intense à travers des villes importantes, personne n’a vu, ni photographié le moindre matériel militaire. Cela n’a pas empêché les services secrets étasuniens de transmettre ces "renseignements" au Congrès étasunien.

Cette information, qui n’est qu’un mensonge grossier comme les contes de fée que Wolfowitz, Chalabi et compagnie ont fourni à Bush en 2002, a pour but de justifier une "réoccupation" étasunienne, par la force si nécessaire, de l’Irak au cas où Romney serait élu.

Comme Romney détient la firme qui possède la plupart des machines à voter électroniques des États-Unis, la possibilité qu’il soit élu, même si personne ne vote pour lui, augmente chaque jour.

Le Pakistan était une question de première importance pour Romney pendant le débat. Israël, pour une raison inconnue, semble être terrifié par le Pakistan.

Ce qui lui a échappé pendant la discussion sur le Pakistan et ses "100 armes nucléaires", c’est que ce pays détient en fait plutôt "400 armes nucléaires" et qu’il est en train de construire des jets fantômes JA-17, un appareil chinois très performant mis au point grâce à un plan volé aux États-Unis par des espions israéliens...

Il faut savoir une chose à propos de la guerre : vivre ou mourir, gagner ou perdre, cela n’a aucune d’importance, l’important c’est de faire des profits.

Le Pakistan semble être en passe de se doter d’un vrai gouvernement civil pour la première fois. Le candidat de tête pour le poste de premier ministre est Imran Khan qui se trouve être un de mes bons amis.

Khan est soutenu par 70% de la population et il a informé poliment les États-Unis que s’il était élu, il n’accepterait plus aucune aide étasunienne ni aucune présence étasunienne au Pakistan en dehors des relations diplomatiques normales.

Le manque d’unité dans la direction du Pakistan a rendu inopérante la seule puissance nucléaire de l’Islam qui a l’armée la plus puissante de l’Islam et qui a perdu 35 000 personnes dans la guerre étasunienne contre le terrorisme tout en subissant les attaques incessantes des médias étasuniens qui l’accusaient "d’aider l’ennemi".

Ce qui change tout c’est que Khan est respecté en occident, qu’il parle sans détours, qu’il n’a peur de rien et qu’il n’a pas d’antécédents. La dernière fois que nous nous somme rencontrés, je lui ai dit que je pourrais le faire élire président des États-Unis.

Même les Juifs voteraient pour lui.

Je ne plaisantais pas. Les étasuniens vont l’adorer. C’est une pure "rock star" et une personnalité islamique qui fera éclater les stéréotypes. Ça va être amusant.

J’ai mentionné plus haut la Syrie et les convois imaginaires qui traversent le Kurdistan ou l’Irak à moins qu’ils ne soient sous-marins, tous ces convois que les Israéliens voient mais ne peuvent pas photographier à cause de la densité de la jungle dans ces régions arides du nord de l’Irak.

Selon moi, ce sont les États-Unis qui font venir des drones ou, peut-être, qui envoient des satellites.

Si les convois traversent la Zone verte, quelqu’un pourrait aller les voir passer !

Le débat présidentiel de politique étrangère a fait l’impasse sur une paire de questions importantes, une d’entre elles est l’instabilité politique en Turquie.

Israël a poussé ses alliés, un groupe de petits pays sous son contrôle qui se sont formés en coalition après la seconde guerre mondiale, à s’impliquer en Syrie par procuration.

La force mercenaire au service d’Israël est parfois appelée OTAN et les Français ont réussi à entrer dans le jeu bien qu’ils soient sortis de l’OTAN en 1959.

La clé de la Syrie semble être de pousser la Turquie à envahir la Syrie sous couvert d’une opération humanitaire quelconque.

Mais des rapports en provenance de Turquie semblent indiquer que si cela se produisait une guerre civile éclaterait aussitôt en Turquie et Erdogan et le gouvernement militaire seraient renversés.

Cela aurait pour conséquence le retrait de la Turquie de l’OTAN et la formation d’une zone islamique d’échanges commerciaux qui irait d’Istanbul à Islamabad et provoquerait sûrement la dislocation de la coalition entre Israël, l’Arabie Saoudite et les états du Golfe Persique.

Pour la Russie et la Chine ce serait la fin de l’hégémonie étasunienne sur le monde.

L’autre manière d’en finir avec la Syrie, est de déstabiliser le Liban par des attaques terroristes et de sinistres complots : cela a déjà commencé il y a une grosse semaine, quand des troupes étasuniennes sont arrivées en Jordanie "à des fins humanitaires".

L’opération étasunienne coïncide, par hasard bien sûr, avec la livraison de missiles Stinger de pointe étasuniens aux rebelles syriens.

Une autre question cruciale qui n’a pas été mentionnée pendant les débats c’est l’invasion étasunienne de l’Afrique. Les États-Unis ont fait profil bas dans les opérations africaines tout au long des décennies de soutien militaire et d’entraînement en coopération étroite avec les Français.

Il est prévu que la guerre pour l’Afrique commence par l’envoi d’une force de l’Union Africaine dans le nord du Mali soutenue par l’aviation française et les drones étasuniens.

Pour la justifier on a rebaptisé "al-Qaeda" les Touaregs du nord du Mali, des anciens alliés du Libyen Kadhafi.

Avec la commode "requalification" des membres de Boko Harum du nord du Nigeria et du Niger en "sous-traitants" d’al-Qaeda et l’éruption d’attentats à la bombe dont le Nigeria et le Kenya sont les principales cibles, vendre une nouvelle décennie de "guerre contre le terrorisme" en Afrique ne semble pas poser de problème.

Il est toutefois nécessaire de disposer d’un pays dont la situation stratégique est favorable à l’établissement d’une base opérationnelle et qui soit susceptible d’endurer une guerre civile à qui perd gagne sans rendre une occupation impraticable.

L’Ouganda semble être ce "point noir" du fait de sa position géographique. Des groupes y arrivent et sont en passe de construire des franchises de Kentucky Fried Chicken et de Taco Bells.

Le fait que la partition du Soudan, les opérations actuelles du Kenya en Somalie et les histoires de cellules terroristes qui poussent comme des champignons en Afrique, font la une des informations "pop culture" étasuniennes et israéliennes, indique au monde que le glas a sonné pour l’aventure coloniale étasunienne au Moyen Orient.

Les États-Unis en partiront les mains vides car leur dernière chance, le renversement de la Syrie et la déstabilisation du Liban, pourrait se révéler la plus dangereuse de toutes leurs entreprises et entraîner une "troisième guerre mondiale".

Les rêves de conquête de tout le territoire du bassin Caspien jusqu’à la mer, les projets d’établir des garnisons coloniales ou des dictateurs fantoches de la Méditerranée à l’Inde, de la mer jusqu’à la frontière russe, tout cela est en train de glisser des mains des "Maîtres de l’Univers".

Il leur restera, pour solde de tout compte, 16 000 milliards de dollars de dette, des morts et des estropiés en nombre infini et la récolte de l’année d’héroïne afghane.

Ils se tourneront alors vers l’Afrique où ils déclencheront, une guerre sans fin, à coup d’armées de mercenaires, de guerres de drones à une échelle jamais vue auparavant, sous couvert d’un terrorisme imaginaire, en fabriquant de nouveaux ennemis chaque fois que leur appétit néo-colonial les y poussera.

On assiste en ce moment au troisième round, la liquidation des Touaregs du nord du Mali.

Quelqu’un leur a-t-il dit qu’ils étaient supposés perdre ?

* Gordon Duff est un vétéran des Marines qui a combattu au Vietnam dans l’infanterie et un des principaux administrateurs du site Veterans Today. Il a une grande expérience du système bancaire international et il a été conseiller dans des domaines aussi différents que la contre insurrection et les technologies de défense ; il a aussi fait partie de la représentation diplomatique de l’ONU pour le développement humanitaire et économique. Il a voyagé dans plus de 80 pays. Ses articles sont publiés dans le monde entier et traduits dans de nombreuses langues.

Du même auteur :

- Le renard dans le poulailler, pouvons-nous faire confiance aux sociétés de sécurité israéliennes ? - 19 juin 2010

25 octobre 2012 - Press TV - Pour consulter l’original :
http://www.presstv.com/detail/2012/...
Traduction : Info-Palestine.net - Dominique Muselet


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