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Rien ne pourra nous rendre Vittorio...

mercredi 19 septembre 2012 - 15h:15

Michele Giorgio - Near East News Agency

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Après la condamnation des assassins, il nous reste beaucoup d’interrogations et la conscience que personne ne pourra jamais nous rendre Vittorio.

Rome, 18 septembre 2012, Nena news - Justice a été rendue, commenteront certains. Oui, mais elle a inévitablement un goût amer. Bien sûr, il y aurait plus d’une raison d’être satisfait. Les accusés ont été condamnés pour le crime qu’ils ont avoué, et pourtant la tristesse reste énorme. Aucune condamnation ne pourra nous rendre Vik. Pas même le verdict sévère que la cour militaire de Gaza City a infligé hier aux quatre jeunes Palestiniens accusés de l’enlèvement et de l’assassinat de ce jeune activiste et journaliste qui avait réussi à attirer autant l’attention sur la cause des Palestiniens de Gaza.

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Vittorio Arrigoni

Aucun personnage de la gauche n’y est parvenu comme lui au cours des dernières années. Nos pensées vont en ce moment à la mère et à la s ?ur de Vittorio. Et nous nous demandons comment elles ont pu recevoir la nouvelle du jugement. Deux femmes qui, avec fermeté et dignité, et dans le respect des idéaux de Vik, s’étaient aussitôt prononcées contre la condamnation à mort des assassins. « Nous voulons la justice », pas la vengeance, c’est ce qu’elles ont écrit dans une lettre envoyée aux familles des accusés qui imploraient la clémence.

Hier, Mahmud Salfiti et Tamer Hasasna, les deux auteurs matériels de l’enlèvement préparé avec le Jordanien Abdel Rahman Breizat et le Palestinien Bilal Omari, tous deux tués dans une fusillade avec la police du Hamas, ont été condamnés à l’emprisonnement à perpétuité et à une période de travaux forcés. Amr al Ghoula, qui a aidé les trois membres du groupe à se cacher après le meurtre, lui, a été condamné à un an de prison. Al Ghoula est en liberté depuis plusieurs mois déjà.

Khader Jram, pompier et ami de Vittorio Arrigoni, accusé d’avoir fourni aux assassins des informations décisives sur les déplacements de l’Italien à Gaza, devra quant à lui purger dix ans de prison. D’un côté, cette condamnation paraît adaptée au délit commis par Jram - il n’a pas participé directement à l’enlèvement et à l’assassinat - de l’autre, elle ne peut qu’engendrer la colère. En y regardant de plus près, Jram est en effet le plus coupable de tous, parce qu’il connaissait Vittorio, qui l’avait même cité dans son récit sur une attaque aérienne contre la caserne des pompiers sur les côtes de Gaza City. Jram aurait dû refuser la demande de Hasasna de « garder un ?il » sur l’Italien pour connaître tous ses déplacements et habitudes. Mais il a collaboré à l’organisation d’un crime contre un militant engagé dans la diffusion des raisons des Palestiniens vivant sous occupation et capable de se rendre chaque jour sur les terres cultivées de la buffer zone pour protéger, par sa seule présence, les paysans de Gaza face aux tirs israéliens. Un jeune homme courageux qui avait vécu pendant des mois aux côtés des pêcheurs de Gaza constamment menacés par la Marine militaire israélienne. Lors de son interrogatoire, Jram a expliqué aux enquêteurs qu’il avait accepté de suivre les déplacements de Vittorio « parce qu’il ne pouvait pas repousser les insistances de Hasasna ». Et ces insistances l’ont amené à trahir un ami et à le faire tuer. Bien sûr, Bilal Omar, qui connaissait également Vittorio, ne mérite lui aussi que du mépris, mais il a payé de sa vie le crime qu’il a commis.

Vittorio a été enlevé le soir du 13 avril 2011 par une cellule du groupe jihadiste Tawhid wal Jihad, rival du Hamas. À la tête de la cellule, Abdel Rahman Breizat espérait convaincre le gouvernement du Hamas de libérer un leader salafiste, Hisham al Saidni, théoricien du salafisme jihadiste, arrêté à Gaza quelques semaines plus tôt. Le jour suivant, l’image de Vik, les yeux bandés et gravement blessé à la tête, a été diffusée par les ravisseurs dans une vidéo sur internet. Dans les heures qui ont suivi, la police a pu localiser la maison où l’Italien était retenu en otage, mais avant l’irruption des forces spéciales du Hamas dans l’appartement situé au nord de Gaza, Vittorio a été tué par ses ravisseurs, bien avant la fin de l’ultimatum fixé pour la libération de Saidni. Hasasna et Jmar ont été immédiatement arrêtés. Breizat, Omar et Salfiti ont essayé de fuir, mais la police les a localisés dans un appartement de Nusseirat. Après avoir été longuement assiégés, Breizat et Omari sont morts dans des circonstances peu claires au cours d’une fusillade avec les forces de sécurité. Salfiti, blessé à une jambe, a été arrêté et incarcéré. Le Hamas a annoncé récemment la libération de Saidni sans chef d’accusation, parce qu’il s’est engagé à ne pas troubler l’ordre public. Le groupe Tawhid wal Jihad ne s’est pas encore exprimé sur le jugement.

La sévérité de la peine prononcée contre deux des quatre accusés a en partie conféré une certaine légitimité aux autorités judiciaires de Gaza, surtout après un procès aussi discutable, alternant audiences extrêmement brèves et renvois inattendus, et dépourvu de véritables débats. Le Hamas a peut-être voulu donner un signal à l’Italie et aux nombreux amis et camarades de Vik qui demandaient justice. Mais ce jugement met un terme à une partie de l’histoire seulement. Trop de questions demeurent sans réponse. Les ravisseurs ont-ils été mandatés par un acteur externe ? Avaient-ils choisi de toute façon d’éliminer Vittorio ? Sont-ils les seuls coupables ? Il ne nous reste qu’une seule certitude : la disparition d’un jeune homme qui aimait Gaza - et non le Hamas comme l’a affirmé hier un journaliste italien -, qui croyait en la justice, la légalité, défendait les droits de tous les peuples. Dans le respect de la dignité humaine. « Restons Humains », nous répétait-il sans cesse. Oui, Vik, nous resterons humains, grâce à toi aussi.

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18 septembre 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://nena-news.globalist.it/Detai... - Traduit de l’italien par Yasmina Khamal


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