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Les nations du monde devraient lancer un avertissement aux voyageurs pour Israël

vendredi 20 avril 2012 - 07h:18

Zvi Bar’el - Ha’aretz

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Ce n’est pas celui qui menace mais celui qui doute de l’existence d’une menace qui est le véritable danger.

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Attention, ne pas s’approcher des pensionnaires de la réserve, réactions imprévisibles.




L’attaque adroite du lieutenant-colonel Shalom Eisner sur le militant pacifiste, jeune danois blond portant keffieh, a été spectaculaire. L’officier supérieur, ayant empoigné un fusil M-16 comme si l’arme faisait partie intégrante de lui-même, agitait les deux bras et, dans un mouvement instinctif qu’on aurait pu attendre de quelqu’un dont la vie était menacée, a vivement flanqué son fusil dans la figure de celui qui avait osé le regarder dans les yeux.

Une chance que le Viking belligérant se soit écroulé, marquant ainsi sa défaite. Un signe reconnu dans la jungle. L’officier apeuré l’a laissé. Quelle honte ! Aurait-il continué son attaque que cela aurait fait une excellente scène de meurtre pour une nouvelle série dans National Geographic. Peut-être sous le titre, « Anéantissement ».

A première vue, il s’agit d’une histoire politique, où un groupe de militants pacifistes pro-palestiniens tente de convaincre une puissance occupante de se comporter de manière décente envers le peuple qu’elle occupe. Mais il n’y a rien de politique ici. Quand un pays se comporte comme s’il était une réserve naturelle où les espèces qui y vivent se sentent en danger d’extinction, alors il s’agit d’une simple histoire anthropologique.

Quiconque veut visiter une réserve de gorilles en Ouganda, par exemple, sait qu’il y a des limites. Le visiteur doit fournir un certificat attestant qu’il n’est pas malade, et les touristes curieux ne sont autorisés à visiter qu’en petits groupes et doivent quitter la réserve en moins de vingt-quatre heures. Les touristes qui se rendent dans les réserves naturelles en Tanzanie savent qu’il est interdit de sortir de leurs véhicules, de jeter de la nourriture en direction des animaux ou de s’approcher d’eux. Quiconque tue un ours polaire dans les espaces enneigés sera traduit en justice. Il y a des règlements clairs, reconnus internationalement, qui définissent quelles sont les espèces menacées et comment les préserver.

Israël est une réserve dangereuse, et les nations responsables auraient dû avoir publié depuis longtemps un avertissement à l’attention des voyageurs en partance pour ce pays, ou, au moins, avoir publié un guide détaillé sur ce qui est permis et ce qui est interdit de faire ici. Quels sont les mots ou phrases qui induisent un grognement d’avertissement. Une sorte de dictionnaire pour touristes dans lequel des termes comme « fly-in », « flottille », « État palestinien », « avant-postes illégaux », « apartheid », « racisme », « Haute Cour de justice », et, bien sûr, « occupation » seraient surlignés en rouge et en gras.

Le guide expliquerait ce qui est susceptible de donner à Israël l’envie de mordre, et quels sont les sites que les touristes sont priés d’éviter ; il indiquerait quels sont les endroits où il est permis aux hommes et aux femmes d’être ensemble, et ceux où les groupes mixtes risquent de s’attirer des jets de pierres ; quelle réaction un keffieh rouge autour du cou est susceptible de provoquer ; et quels sont les dangers auxquels pourrait faire face quelqu’un qui porterait un vêtement rouge, noir et vert.

Ce n’est pas là une recommandation si extraordinaire. Quelqu’un qui veut visiter la Somalie, l’Afghanistan, l’Algérie, la Tchétchénie ou le Soudan, ou simplement faire un safari, sait quels vêtements il doit mettre et ce qu’il ne peut pas dire.

Une réserve menacée comme celle d’Israël n’est pas destinée à recevoir tout le monde, à tout moment. Quand elle n’était encore qu’un petit pays, délimité par la Ligne verte, elle invitait le monde entier à venir et à visiter. Mais quand elle s’est agrandie, qu’elle a élargi son espace vital, elle est devenue plus menacée et plus craintive, et elle a désigné sur des listes établies à l’avance qui était interdit d’entrer sur son territoire. Les listes incluent non seulement les hommes recherchés qui planifient des attaques terroristes, mais aussi les militants des organisations de défense des droits de l’homme, notamment un auteur allemand et des personnalités politiques qui ne sont pas préparées à chanter dans sa chorale. Les listes comprennent aussi des recommandations à propos de qui ne doit pas dépenser son argent dans l’achat d’un billet d’avion - par exemple, un touriste dont le nom implique une origine arabe ou musulmane. Il est possible que bientôt, de nouvelles listes, mais beaucoup plus courtes, soient publiées avec les noms de ceux qui seront autorisés à visiter la réserve.

Ceci montre comment Israël se transforme lui-même en enclave du fondamentalisme nationaliste au sein de laquelle l’alliance entre ses citoyens (ceux qui sont juifs, évidemment) se fonde non pas sur l’égalité ou des valeurs partagées, mais sur la délimitation incessante de ses frontières avec le monde extérieur. C’est une enclave qui ne nourrit pas un sentiment de victimisation - même si c’est bien là une valeur nationale - mais plutôt une menace, dont l’impact est compris seulement par les occupants de l’enclave.

Par conséquent, ce n’est pas celui qui menace mais celui qui doute de l’existence de la menace qui est le véritable danger. Ce ne sont pas les Palestiniens qui menacent d’établir un État, mais plutôt les gens qui pensent qu’un État palestinien n’est pas une menace violant les frontières de l’enclave.

C’est ce genre d’individu qui représente le danger existentiel et c’est donc lui qui se prend le coup de crosse dans la figure, peu importe qu’il soit citoyen danois ou israélien.

18 avril 2012 - Ha’aretz - traduction : Info-Palestine.net/JPP


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