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Une nation démocratique avec mêmes droits pour tous

jeudi 8 mars 2012 - 07h:32

Diana Buttu

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Aujourd’hui, plus d’un quart des Palestiniens soutiennent un état singulier démocratique, malgré l’absence de tout parti politique défendant cette position.

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Diana Buttu

En tant qu’ancienne conseillère juridique de l’équipe de négociation palestinienne, j’ai passé plus de six années à travailler dans le sens d’une solution « à deux Etats » au conflit israélo-palestinien.

Pendant cette période, nous avons mené un nombre incalculable de séances de négociations, examiné des quantités de propositions, rencontré des centaines de diplomates et nous avons même mené des campagnes porte-à-porte en faveur de la solution des deux Etats.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas plus près d’une solution à deux Etats que nous ne l’étions il y a vingt ans, au début des négociations. Depuis, le nombre de colons israéliens vivant en Cisjordanie a presque triplé, passant à 600.000, avec des colonies dispersées dans toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est, avec la bande de Gaza de plus en plus isolée du reste de la Palestine.

Certains experts dénoncent la médiocrité des dirigeants, la montée de gouvernements de droite, des présidents étatsuniens faibles ou peu intéressés, ainsi qu’un lobby israélien puissant, alors que d’autres soulignent le déséquilibre des forces négociatrices et l’absurdité de négocier en étant sous occupation. Ces vues divergentes évoquent une impasse frustrante tant que nous n’aurons pas trouvé la parfaite conjonction des astres : le premier ministre israélien parfait, le président américain parfait, et le leader palestinien parfait, pour que la paix finisse par régner.

Mais il se peut que les experts aient tort et aient échoué à expliquer pourquoi, six décennies après la création d’Israël sur le dos de la Palestine, il n’y a toujours pas de paix. En fait, nous avons peut-être testé le mauvais modèle : nous avons essayé de diviser un pays qui ne l’avait jamais été longtemps tout au long de son histoire, et nous nous sommes fixés comme des myopes sur la création d’un « Etat » plutôt que sur l’épanouissement des droits.

En lieu et place, nous pourrions examiner un modèle ciblant l’égalité des droits pour tous les individus dans le pays, indépendamment de la religion ; un modèle qui cherche la réconciliation plutôt que la séparation et qui protège les minorités plutôt que de les discriminer. La conférence organisée par des étudiants de l’Université Harvard ce week-end visait à explorer ce modèle à un seul Etat.

Je ne me fais pas d’illusions sur la facilité de parvenir à l’égalité entre Palestiniens et Israéliens. Ceux qui exercent le pouvoir ne le partagent jamais volontiers. En effet, l’idée d’un seul Etat a déjà provoqué l’hystérie parmi les nombreux partisans d’Israël, qui prétendent que ce serait « la destruction d’Israël ». C’est faux. Les partisans d’un seul Etat ne cherchent qu’à faire échec aux privilèges ethno-religieux qui définissent actuellement Israël et accordent aux juifs des droits plus importants qu’aux Palestiniens, que les Palestiniens soient citoyens d’Israël ou non-citoyens vivant sous le joug militaire israélien.

Israël et les Territoires palestiniens occupés fonctionnent déjà comme une seule unité. Il n’y a pas de traversées de frontière pour « la Palestine » ni de devise palestinienne séparée. Pourtant les Palestiniens des Territoires occupés se voient refuser les mêmes droits civils et politiques que les Israéliens. Pour les citoyens palestiniens d’Israël, le tableau est similaire. De tels citoyens votent aux élections israéliennes, mais on leur dénie les mêmes droits que les juifs israéliens. Plus de 35 lois privilégient explicitement les juifs.

Les perspectives sont déjà en train de changer. Aujourd’hui, plus d’un quart des Palestiniens soutiennent un état unique démocratique, malgré l’absence de tout parti politique défendant cette position. Les perspectives israéliennes sont également en train de changer, tant à gauche qu’à droite.

Le principal obstacle à un état unique est la croyance que ce système de privilèges ethno-religieux - semblables aux privilèges qui gouvernaient l’Afrique du sud de l’apartheid - doit se maintenir. En effet, les lois Jim Crow et l’apartheid sud-africain étaient pareillement incrustées dans bien des esprits. Mais l’histoire démontre que les privilèges ethniques finissent par échouer dans une société multiethnique. Palestiniens et Israéliens sont voués à vivre ensemble. La vraie question est : comment ? - dans un système de privilèges ethno-religieux ou dans un système égalitaire ?

6 mars 2012 - The Boston Globe - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeastmonitor.org.uk...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert


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