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3 janvier 2009 : les deux frères Motee’ et Isma’il as-Selawy

mardi 31 janvier 2012 - 17h:38

PCHR Gaza

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« Ce qui nous a terriblement affectés est le fait que nous étions tous en prière dans la mosquée quand nous avons été attaqués. La mosquée est un lieu où nous allons quand nous avons besoin de secours ou quand nous sommes tristes. Nous n’avons jamais pu imaginer que l’on puisse nous prendre comme cibles alors que nous sommes en prière dans la mosquée. »

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Les deux frères Motee’ et Isma’il as-Selawy, devant la mosquée al-Maqadma

Le 3 Janvier 2009, aux alentours de 17h20, pendant le temps de la prière, un drone israélien a tiré un missile sur l’entrée ouest de la mosquée al-Maqadma dans le camp de réfugiés de Jabaliya. Dans l’attaque, 15 fidèles ont été massacrés et de nombreux autres ont été blessés.

« A chaque prière, je me rappelle ce qui s’est passé dans la mosquée ce jour-là. Je me souviens du moment où j’ai vu des bras, des jambes et d’autres parties de corps gisant sur le sol. Je vois encore nos parents et amis répandus en morceaux autour de la salle de prière », dit Motee’ as-Selawy (49 ans), en mettant sa tête dans ses mains. Il était debout sur le podium du sheikh qui prononçait une omélie pour les fidèles quand le missile a frappé l’entrée. « J’avais eu une vue directe vers la porte de la mosquée et j’ai vu des éclats rouges voler vers nous par la porte », se souvient-il.

La grande famille as-Selawy, qui vit réunie dans une grande maison en face de la mosquée, a perdu cinq de ses membres qui étaient tous en prière dans la mosquée quand celle-ci a été attaquée : Ahmad Ismaïl (22 ans), Mohammed Mousa Isma’il (12 ans), Ibrahim Moussa Aïssa (44 ans), Hani Mohammed (8 ans), et ’Omar Abdel Hafez comme-Selawy (27 ans).

Le frère de Motee’, Ismai’l Mousa as-Selawy (53 ans), a perdu dans l’attaque son fils aîné, Ahmad Ismaïl. « Je pleure tous les jours pour mon fils. J’ai souffert beaucoup au cours des trois dernières années. Il était tout pour notre famille. Je visite la tombe de mon fils une ou deux fois par semaine au moins. Je me souviens de chaque instant, que je sois à la maison, dans la mosquée ou ailleurs », dit Ismaïl.

« Nos parents tués nous manquent à chaque instant. Notre famille vit dans le même immeuble et nous avions l’habitude d’avoir beaucoup de plaisir ensemble. Maintenant nous visitons leurs tombes », ajoute Motee’.

Six membres de la famille as-Selawy ont été blessés dans l’attaque et plusieurs d’entre eux continuent à souffrir physiquement des éclats d’obus qui restent insérés dans leur corps. « J’ai encore des éclats dans mon poignet droit et il me pose des problèmes encore aujourd’hui. Les médecins à Gaza ont dit qu’une opération pour enlever les éclats pourrait faire plus de mal que de bien. Je me sens des picotements constants et ma main droite est faible. Je ne peux rien faire avec elle », dit Motee’.

Un autre parent, Mohammed Khalil es-Selawy (14 ans), a des éclats incrustés dans sa tête qui lui ont fait perdre son audition et qui l’obligent à porter des appareils auditifs. Ses frères Mohammad Abdel Karim as-Selawy (12 ans) et Maher Mohammed as-Selawy (13 ans) ont aussi dû apprendre à vivre avec des éclats d’obus restés dans leur corps : Abdel Karim a des fragments dans l’épaule, tandis que Maher a des éclats dans son foie.

Tamer Khalil (22 ans) et Moussa Ismaël (23 ans) as-Selawy ont également été blessés par des éclats d’obus dans le dos, mais les médecins ont pu retirer les pièces métalliques de leur corps.

« Ce qui nous a terriblement affectés est le fait que nous étions tous en prière dans la mosquée quand nous avons été attaqués. La mosquée est un lieu où nous allons quand nous avons besoin de secours ou quand nous sommes tristes. Nous n’avons jamais pu imaginer que l’on puisse nous prendre comme cibles alors que nous sommes en prière dans la mosquée. C’est un grand crime », affirme Motee’.

Le grand-père de la famille, Moussa Issa Mohammad as-Selawy (93 ans), ajoute : « la mosquée est la maison de Dieu. Il n’y a pas de soldats ou d’armes dans sa maison. Chacun vient y prier et aime être là. Comment pouvaient-ils attaquer comme ça ? ».

Motee’ se souvient : « Goldstone est venu nous rendre visite dans notre maison et il est allé à la mosquée avec nous pour enquêter. Je lui ai demandé ; « où allez-vous quand vous vous sentez triste et fatigué ? ». Il a répondu : « je vais dans un lieu pour prier ». Je lui ai alors demandé : « et si vous bombardait là ? ». Goldstone a dit : « Je ne peux imaginer cela. Un tel crime doit être puni ». « Maintenant, Goldstone a présenté ses excuses pour son rapport et nous n’avons pas vu de résultats sur le terrain. »

Depuis l’attaque la famille as-Selawy ne fait pas seulement face au deuil de ses proches. Les membres de la famille ont aussi des difficultés financières car trois de leurs proches décédés fournissaient une partie essentielle du revenu familial. Ibrahim a laissé neuf filles, qui vivent encore à la maison. « Qui va prendre soin d’elles maintenant ? » demande Motee’. Omar Abdel Hafez avait quatre filles et un fils. Jusqu’au jour de sa mort il a assuré le revenu familial en travaillant comme cameraman pour une chaîne de télévision locale. Le fils d’Ismai’il, Ahmad, était le père de deux enfants, Mohammed (5 ans) et Nisreen (3 ans et demi), et il travaillait comme tailleur.

« Mes préoccupations sont maintenant principalement axées sur mes petits-enfants, Mohammed et Nisreen, et comment je peux les élever. Je veux leur donner un avenir, mais je suis trop malade. Ma santé a été gravement affectée par l’attaque et la perte de mon fils », dit Ismaïl, qui souffre de migraines sévères et de problèmes d’estomac. « J’essaie de prendre soin d’eux autant que possible, mais je ne serai pas là éternellement. »

La famille as-Selawy essaye de régler les difficultés financières par elle-même autant que possible. « Nous avons notre dignité, mais nous sommes obligés parfois de recevoir des aides d’autres gens parce que nous en avons besoin pour vivre », dit Motee’. « Outre la poursuite des criminels responsables, nous avons besoin d’une compensation financière pour faire face à notre situation actuelle. »

La famille a peu d’espoir quant à l’issue d’une procédure judiciaire dans le système juridique israélien. « Les Israéliens prolongent la procédure judiciaire et nous ne voyons pas de résultats positifs. Nous pouvons avoir un espoir que notre affaire soit portée devant un tribunal international », affirme Motee’.

Le PCHR a soumis une plainte pénale auprès des autorités israéliennes au nom de la famille as-Selawy le 2 juillet 2009. À ce jour, il n’y a eu aucune réponse.

Consultez également :

- 2 janvier 2009 : 2 janvier 2009 : la douleur d’Eyad al-Astal
- 1er janvier 2009 : la famille Nasla
- 31 décembre 2008 : la famille Abu Areeda
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3 janvier 2012 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.net - Naguib


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