Je vous donne ci-après une information, peut-être nouvelle pour certains d’entre vous, sur la famille régnante.
Le fondateur du royaume est son père, Abdul Aziz Al-Saoud (1876-1953) dont la famille se fera de l’argent avec des agressions, spécialement dans la région du clan Rashid qui a régné sur une grande partie de la péninsule arabique alors sous l’Empire ottoman. Abdul Aziz a consolidé son pouvoir grâce aux armes britanniques dans des guerres contre les autres familles régnantes et pas seulement Al-Rashid mais aussi Al-Hachémites (également installés par les Britanniques pour régner sur une partie de l’Arabie). Il a créé un « royaume » pro-occidental et lui a donné le nom de sa famille, « Arabie saoudite ». Il a pris plus de 20 épouses et a eu 37 enfants. La succession à aujourd’hui d’hommes âgés régnant sur l’Arabie saoudite étaient/sont ses enfants : Saoud, Faisal (assassiné), Khalid, Fahd, et maintenant Abdullah, de 87 ans.
Il y a 7000 membres dans la « famille royale » et ils ne s’entendent pas les uns avec les autres, et beaucoup sont des personnes comme il faut. Pourtant, une grande part de la richesse du peuple se trouve entre les mains d’une petite élite, richesse déposée dans les banques occidentales et profitant aux sionistes. Le pétrole leur rapporte plus d’un milliard de dollars de revenu, CHAQUE JOUR. Autre source de revenu pour le royaume, les millions de pèlerins qui affluent à la Mecque et à Médine pour le Hajj. Ces milliards accumulés auraient pu faire de tous les citoyens du royaume des gens confortablement à l’aise, alors que plus de 20 % sont sans emploi et que la disparité entre les riches et les pauvres y est l’une des plus fortes au monde. Cette richesse arabe aurait pu aider à développer une économie durable dans un monde arabe intégré. Le monde arabe, riche en ressources naturelles et en personnes qualifiées et talentueuses aurait pu être beaucoup plus en avance que l’Europe et les États-Unis. Au lieu de cela, nous restons embourbés dans le féodalisme, le tribalisme, le paternalisme, le factionnalisme, le sexisme, le consumérisme, l’autocratie, et une religiosité démesurée (promue par les dirigeants pour tirer le peuple vers le bas).
Le sultan ottoman Abdul Hamid a été contraint d’abandonner le pouvoir parce qu’il refusait d’acquiescer au projet sioniste en Palestine. Par contre, le fondateur du royaume d’Arabie saoudite a écrit, de sa propre main, en 1915 :
« Moi, sultan Abdel Aziz Bin Abdel Alrahman Al-Faysal Al-Saud, décide et reconnait des milliers de fois auprès de Sir Percy Cox, représentant de la Grande-Bretagne, que je n’ai aucune objection à ce que la Palestine soit donnée aux pauvres juifs ou à d’autres, comme vu (estimé) par la Grande-Bretagne, de l’opinion de laquelle je me m’écarterai pas (désobéirai) jusqu’à l’heure de l’appel (la fin du monde). » (voir Qumsiyeh, Résistance populaire en Palestine, Pluto Press 2011).
Ainsi, pendant que la population du royaume grandissait, ses richesses continuaient à passer entre les mains de gens comme ceux-là, des individus qui violaient régulièrement les droits humains, soutenus par les Britanniques et aujourd’hui les U.S.A.
Il y a deux jours, j’étais à Susya, dans le sud de la Cisjordanie. Ici, le sioniste européen Ashkenazi a créé une colonie et découvert un vieux temple cananéen que les sionistes ont prétendu mensongèrement qu’il avait un lien avec eux. Ici, ils ont démoli les maisons des Palestiniens natifs (les vrais héritiers de ces civilisations antiques). Ici, les colons agressent régulièrement les Palestiniens (voir les vidéos ci-dessous). Ici, des gens biens ont aidé à monter des panneaux solaires pour donner de l’électricité à la communauté à laquelle Israël refuse l’autorisation de se relier au réseau existant. C’est ici aussi que la semaine dernière, les autorités israéliennes ont ordonné des démolitions qui feront plus de 300 sans-abri, hommes, femmes et enfants. Ici, c’est aussi le lieu où un habitant âgé m’a dit que certains Palestiniens profitent en capitulant devant leurs misères. Que ce soit les Palestiniens ou les membres de la famille Al-Saud, tous nous apprennent quelque chose sur la fragilité humaine et l’humanité.
J’ai écrit par courriel la semaine dernière sur l’optimisme et ce que le regretté Khalil Gibran avait déclaré : « L’optimiste voit la rose et pas les épines ; le pessimiste ne voit que les épines, oublieux de la rose. » Quand on y repensera dans une centaine d’années, de qui se rappellera-t-on le mieux : des rois morts et des princes héritiers, ou des gens comme Khalil Gibran ? De l’habitant de Susya qui a tenu bon et résisté ou de son frère qui aujourd’hui vit confortablement à Yatta pendant que le colon cultive sa terre ? Du Palestinien qui récupère l’argent de l’international pour le mettre dans sa poche, ou de celui qui fait la grève de la faim dans une prison israélienne ?
Nous pouvons dire un mot aimable pour les vrais amis et aux étrangers dans le besoin. Nous pouvons faire un geste ou un sourire pour aider quiconque est déprimé. Nous pouvons enseigner. Nous pouvons chanter. Nous pouvons nous rebeller. Nous pouvons simplement vivre dans la dignité même si nous sommes extrêmement pauvres. Donc, je profite de ce moment pour vous dire merci à tous : à vous les militants qui êtes attachés à la justice et aux droits humains, aux artistes, aux enseignants, aux paysans, aux travailleurs, et à tous ceux qui conservent leur humanité et ne vendent pas leur âme. Vous avez des principes et vous ne compromettez pas votre intégrité. C’est pourquoi notre regretté ami Vittorio terminait ses courriels avec cette recommandation « Restez humain ». Puissions-nous tous rester humains. Et puissent ceux qui ont vendu leur âme pour une poignée de pièces d’argent retrouver leur humanité.
Il n’est jamais trop tard. J’ai même fait le rêve que le prochain « roi » d’ « Arabie saoudite » sera quelqu’un qui se servira des pouvoirs existants pour renoncer au pouvoir et le remettra dans le calme au peuple, gagnant ainsi une place perpétuelle dans l’histoire. J’ai rêvé que Barack Obama, ou son successeur, montrerait enfin quelque courage et ferait la même chose en Amérique (en contestant le lobby israélien).
Note :
Sur le contexte de Susya : http://www.poica.org/editor/case_st...
Vidéos :
Sur les agressions de colons contre un couple de personnes âgées : http://www.youtube.com/watch?v=QSDC...
Sur les agressions de colons contre les agriculteurs cueillant les olives : http://www.youtube.com/watch?v=JPYm...
Sur les colons apprenant à leurs enfants comment être des voyous : http://www.youtube.com/watch?v=dG6u...
Bande annonce d’un film sur Susya : http://www.youtube.com/watch?v=nJdW...
Sur un projet d’énergie renouvelable : http://www.youtube.com/watch?v=WIf_...
* Chercheur en génétique et professeur aux Universités de Bethléem et de Birzeit, après avoir enseigné aux États-Unis, le docteur Mazin QUMSIYEH est président du Centre palestinien pour le rapprochement entre les peuples. Figure importante de la résistance populaire dans laquelle il prend une part active et qu’il organise, il collabore également avec de nombreux mouvements pacifistes de la société civile, et a publié plus de 1 000 articles dans des journaux, des livres et sur l’Internet. Il est l’auteur de Une Histoire populaire de la Résistance palestinienne parue aux éditions Demi-Lune (en 2013)
Du même auteur :
La Naksa - 5 juin 2012
« Qu’advient-il d’un rêve reporté ? » - 25 mai 2012
Le moment du changement ! - 5 mai 2012
La Journée de la Terre 2012 - 30 mars 2012
« Christ au Check-point » - 15 mars 2012
Les prisonniers politiques palestiniens - 3 mars 2012
La biologie de la paix - 22 février 2012
Vingt points sur Palestine/Israël - 14 janvier 2012
[...]
17 juin 2012 - Popular Resistance - et lettre de l’auteur du 18 juin 2012 - traduction : Info-Palestine.net/JPP